- Views 2369
- Likes 1
Cette fin d’été sonne comme un tocsin, révélateur d’un système capitaliste à bout de souffle. Un système qui, non seulement démontre désormais son incapacité à répondre aux besoins humains et aux défis de la nature, mais devient dangereux pour le devenir de l’humanité et de la civilisation. Les dérèglements climatiques menacent, tout comme les guerres économiques et militaires si proches de nous. Dans les obligatoires et inquiétants constats égrenés sous forme de plaintes douloureuses ces dernières semaines, il manque le lien ténu entre le sort fait aux familles populaires, aux travailleurs du monde entier, les bouleversements climatiques et un système dont, la nature même, est de promouvoir l’argent-roi pour une infime minorité contre le travail et la création, les biens communs et la nature : le capitalisme. Pourtant, déjà, en particulier dans la jeunesse, pointe une conscience certes encore hésitante mais bien réelle, qu’il ne sera pas possible d’affronter victorieusement les colossaux enjeux ; climatiques, sociaux et démocratiques de notre époque sans mettre en cause le système d’organisation de la société qui, sans cesse les perpétue. Cela ne signifie en rien qu’il faille sous-estimer le poids que les idées réactionnaires de droite et d’extrême-droite ont prises partout. Si bien que se déploie un puissant débat et combat idéologique. Une lutte des classes. Les forces de la conservation – et elles sont puissantes – font feu pour sauver le système. Les forces de transformation se cherchent et se déploient. Ce combat ne laisse que peu de place à l’eau tiède. Un combat entre l’ancien qui se meurt et le nouveau qui se cherche encore. Ce constat semble bien être la grande originalité du moment que nous vivons. De son issue dépend le passage ou non à un mode d’organisation supérieur de la société, dépassement du mode actuel comme le fut en son temps le capitalisme se libérant du féodalisme. Cette évolution révolutionnaire trouve son origine dans les contradictions générées par le capitalisme dans sa phase actuelle : mondialisé, financiarisé, militarisé. Des centaines de millions de citoyens du monde, commencent plus ou moins consciemment, à l’attribuer aux décennies de politiques favorisant la rapacité des marchés financiers et des oligopoles internationaux, à l’accumulation des richesses dans les mains d’une minorité de personnes. Tout cela a été rendu possible grâce à des responsables politiques, devenus fondés de pouvoir, des intérêts des puissants qui eux-mêmes se sont dotés de médias pour enseigner, populariser, vulgariser les dogmes néolibéraux faisant croire que leur politique est la seule possible. Une politique qui s’apparente à une véritable guerre sociale, contre les classes les plus modestes et les classes moyennes, dévalorise le travail en l’exploitant toujours plus, dépossède les salariés de leurs droits, lamine et privatise les services publics prétendument au nom de l’efficacité, fait croire à l’inéluctabilité de la « compétitivité » dans la « concurrence libre » comme moyen de développement, met en cause la vie sur terre, dans les mers et pollue l’espace. Tout l’édifice commence à s’écrouler sous nos yeux. Les forces du capital sont sur la défensive. On a vu ces derniers jours comment le Président de la République cherche à contourner les obstacles en utilisant des sparadraps pour réparer une béante fracture. On voit comment les médias au service de sa politique, culpabilisent les citoyens pour mieux faire accepter une nouvelle phase d’austérité. Ils savent que les tréfonds de la société sont en ébullition. Pour tenir et détourner l’attention, l’extrême-droite sert d’épouvantail et de béquille au Système, au risque de la faire triompher comme cela semble malheureusement possible en Italie. Mais une autre voie est possible : progressiste, démocratique, écologique, fraternelle. Des reculs conséquents peuvent leur être imposés. Pas dans un avenir idéalisé mais dans le présent, ici et maintenant. Après la contagieuse maladie destructrice qui ronge notre système de santé jusqu’à ne pouvoir soigner tout le monde, nous sommes à ce point où il n’y a plus assez d’enseignants pour éduquer nos enfants. Voilà le résultat de l’odieux « dégraissage du mammouth » voulu par un ministre de l’Éducation d’un gouvernement de gauche. Le même d’ailleurs qui contestait les travaux de chercheurs alertant sur les bouleversements climatiques. Mais sur le dos du fameux « mammouth », il ne reste que la peau et les os à tel point qu’on prétend former, à la veille de la rentrée scolaire, en quatre jours, des « enseignants contractuels » livrés à des classes de trente élèves. On ne saurait faire pire pour dégouter dès les premières semaines des centaines de volontaires et ainsi accentuer le déclassement d’une fonction enseignante dont on dit qu’elle est l’une des plus belles, mais beaucoup moins, l’une des plus difficiles aussi. N’y a-t-il pas meilleur moyen de dégouter les enseignants, en négligeant l’investissement que la Nation doit consacrer à la formation de sa jeunesse pour préserver les intérêts des actionnaires chez Total et dans les entreprises profiteuses de guerre et de catastrophe ? À elles, l’abondance de rentabilité, à l’école et l’Hôpital publics les pénuries. L’avenir du pays, ses développements scientifiques, technologiques, culturels, démocratiques, ses capacités d’innovation sont en cause. Le Président de la République l’assume ouvertement puisque devant les recteurs d’académie, il s’est exclamé : « Plus de moyens, nous l’avons déjà fait tant de fois dans l’histoire ». A quoi joue- t-il ? A cyniquement afficher sa détermination à ne rien céder et à poursuivre l’affaiblissement de l’Éducation nationale alors qu’il va appeler à augmenter les crédits militaires. Or, les difficultés de recrutement dans certains secteurs de production mettent à nu les immenses besoins de formation et d’augmentation des rémunérations. Ce sont les mêmes arguments méprisants qui sont employés à l’encontre des personnels de santé, leurs qualifications et leurs rémunérations, pour préparer la déstructuration de ce service public avec les redoutables conséquences que produit la restriction de l’accès aux soins. D’autres exemples méritent d’être étudiés. Ainsi, on ne parle même plus seulement de « profits » mais de « superprofits » pour quelques groupes industriels et financiers. Ceux-ci sont issus à la fois de la surexploitation du travail, des subventions publiques, de la prédation de la nature et de la spéculation. Il nous a été servis maints discours sur « la souveraineté européenne » voici que les Etats-Unis s’y réinstallent en force et que la valeur de l’Euro passe en deçà de celle du dollar.
Si les méga-feux ont certes différentes origines, c’est au nom de l’austérité qu’a été réduit le nombre de pompiers, pressuré les autres, diminué les moyens de l’Office national des forêts et éliminé des petits élevages permettant d’entretenir les forêts et les friches. On a préféré importer du mouton des anciens pays du Commonwealth. Ajoutons, qu’avec le prix d’un seul avion rafale, on pourrait acheter sept Canadairs. Que dire également du mépris avec lequel ont été traités, il y a une vingtaine d’années les propositions des travailleurs d’Eurocopter de la Courneuve et de Marignane en lutte contre la fermeture de leurs sites industriels. Ils avaient proposé de transformer leurs usines en centres de construction d’hélicoptères anti-feux. Le gouvernement et les dirigeants de l’époque avaient préféré troquer l’emploi contre la valorisation des cours en bourse. Il ne suffit pas de pleurnicher sur la flambée des prix de l’électricité et du gaz en faisant semblant de protéger les familles populaires alors que les pouvoirs successifs, avec la Commission européenne, ont organisé la privatisation du secteur au nom de… la baisse des prix. Il y a bien urgence à sortir des directives organisant le marché unique européen de l’électricité et de faire d’EDF, la grande entreprise nationale, innovante pour les énergies de demain, propriété de ses travailleurs et de la Nation. Ce serait une désobéissance heureuse ! De même, il est totalement mensonger de prétendre améliorer le climat quand on favorise les transports de marchandises par camion et quand on impulse les cars « Macron » au détriment d’une grande SNCF disposant de moyens nouveaux pour développer le transport fret, ouvrir de nouvelles lignes interrégionales et diminuer le prix des billets, voire d’initier des prix très bas pour les transports régionaux, comme en Allemagne ou en Autriche. Le même effort herculéen devra être fait pour la rénovation des habitations et les nouvelles constructions plus économes en énergie. Comment, sérieusement avoir le culot de se plaindre du manque de pièces pour terminer le montage des automobiles ou d’autres produis industriels quand, au nom de l’efficacité et de la baisse des coûts, le capitalisme a organisé une division internationale du travail, afin d’exploiter en Asie une main-d’œuvre sous-payée mise en concurrence avec la nôtre. Les travailleurs et les citoyens paient doublement aujourd’hui l’interdépendance des économies et des systèmes productifs, la rupture des chaines logistiques alors que nos capacités de production industrielle et agricole ont sans cesse été affaiblies et des masses énormes d’emplois détruits. On pourrait ainsi multiplier les exemples montrant l’inefficacité et la perversité de choix politiques et économiques fait ces dernières décennies sous l’impulsion des institutions internationales et de l’Union européenne au service du capitalisme financier, de plus en plus militarisé. Il n’y a de solutions ni au dérèglement climatique en cours, ni à la croissance des inégalités, ni aux tensions guerrières mondiales sans transformer profondément les systèmes productifs et de distribution, sans contester concrètement l’accaparement des richesses par une infime minorité, sans protéger et valoriser les biens communs avec de grands services et de grandes entreprises publics, propriété réelle de la Nation, sans une protection sociale élargie jusqu’au cœur du système productif, sans une démocratie nouvelle irriguant les entreprises et les banques. Bref, les urgences invitent les peuples à s’engager dans la construction de processus communistes. Peu importe, d’ailleurs le nom qu’ils portent s’ils surpassent un capitalisme dont on voit mieux aujourd’hui qu’il conduit la civilisation, l’humanité vers des impasses mortelles. Ses heures d’apogée sont derrière lui. Qu’une majorité d’hommes et de femmes décident, avec lucidité, détermination et créativité de s’y engager et tout sera possible, en vrai. Pas qu’en rêve. Comme à d’autres périodes de l’Histoire de l’humanité, le mouvement populaire doit inscrire ses aspirations, ses combats dans une nouvelle conception de la vie en commun, dans l’invention de l’après capitalisme. Nous en discuterons amplement lors des trois belles journées qui s’annoncent avec la Fête de l’Humanité.
Patrick Le Hyaric
Le 30 août 2022
2 commentaires
En lisant du mieux que je peux l’article : Les leçons de l’été ou les vrais devoirs de vacances, de 2022,, je me demande s’il ne faudrait pas dissoudre le CESE, le Sénat, et l’Assemblée Nationale, et tout redistribuer aux Universités, je souhaite lire des commentaires à propos de ce que je me demande.
kei04v