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Lorsque l’on recherche sur Internet des renseignements sur les maisons de retraite, les premières informations qui s’affichent sont des publicités pour vous inciter à investir votre argent dans des groupes qui gèrent des Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD).
On ne vous parle pas des conditions d’accueil, de la qualité des soins, mais de placements « dans une résidence senior pour un rendement financier de 5,4 % net d’impôt ».
Le message est clair « investir sur la vieillesse » peut rapporter gros. Au point d’être aujourd’hui parmi les investissements en bourse les plus juteux. Ce qui, il y a quelques années, a été baptisé la « silver-économie » vise selon le jargon des investisseurs « à faire de la vieillesse un levier économique ».
Le vieillissement des personnes, après leur vie de travail, est donc devenu un marché financier évalué aux alentours de 150 milliards d’euros.
Voilà qui aiguise l’appétit des puissances d’argent qui ont créé des groupes pour s’enrichir sur le dos des familles, des résidents et des personnels.
Ainsi, les actionnaires du désormais tristement célèbre groupe ORPEA, sont logés dans le grand fonds canadien CPPIB qui, après avoir ramassé le butin, va le cacher dans des paradis fiscaux pour échapper à l’impôt et ne participe donc pas au financement des biens communs. Son fondateur est devenu ainsi un milliardaire classé en haut du tableau des plus grandes fortunes de France de nos confrères du magazine Challenges. De son côté, le groupe Korian, l’autre géant exploiteur de « l’or gris », a pour actionnaire le Crédit Agricole, la BNP ou la banque américaine JP Morgan.
Si après les révélations de nombreuses enquêtes journalistiques et la parution du livre de Victor Castanet, Les Fossoyeurs, on se satisfaisait du changement de direction à la tête du groupe ORPEA et de sa convocation par le gouvernement, on se condamnerait à la poursuite d’un système impulsé et adoubé par des pouvoirs successifs au nom sans doute de « la liberté d’entreprendre » qui n’est que l’autre nom de la liberté de tout exploiter. C’est du système capitaliste dont nous parlons ici, pas d’un problème d’organisation.
Rappelons que le taux de marge de ces groupes est de 15%. Pour obtenir un tel résultat, il faut sans cesse réduire le nombre de personnels, les dépenses de repas et de soins indispensables. Les pouvoirs successifs ont favorisé ces groupes de diverses manières, notamment en leur accordant des autorisations d’exercer délivrées par les agences de santé sans parler des interventions directes de ministres et d’anciens ministres devenus « conseillers économiques ».
En restreignant l’offre de lits, en délaissant les structures publiques, alors que la demande explose, l’État favorise l’augmentation permanente du prix d’entrée dans un EHPAD. Ces groupes privés se gavent à la source des aides publiques distribuées sans contrôle pour les missions de soins. Ainsi, ces établissements font payer à chaque pensionnaire une fortune et touchent en sus des aides de l’État, des départements et des régions. Alors que le secteur public doit se financer auprès des banques, le secteur privé vend par avance ses chambres à des prix avoisinant 200 000 € à des particuliers ou des financiers qui bénéficient d’une réduction d’impôt grâce à un dispositif inventé sous la présidence de M. Sarkozy. Ajoutons que ces structures privées bénéficient d’une réduction de cotisations sociales sur les salaires jusqu’à 1,4 smic ce qui constitue une distorsion de concurrence organisée contre le secteur public. Ajoutons les opérations immobilières où la même structure est revendue à des sociétés civiles immobilières propriétés du même groupe pour améliorer la rentabilité favorable à la rémunération des actionnaires-propriétaires qui ne sont en fait que des spéculateurs.
« L’économie de la vieillesse » n’a donc rien d’une activité humaniste pour permettre aux plus âgés de vivre bien leurs vieux jours grâce à des services et des soins. Elle s’insère dans ce système capitaliste, dans son stade de développement actuel, qui pousse au paroxysme la marchandisation de toutes les activités dont la santé et le grand âge, doublée de la financiarisation de l’économie.
Le changement de direction du groupe français montre que le rapport de force évolue à la suite de ces révélations. Mais c’est le système qu’il faut changer.
Les 2,5 millions de personnes qui vont dépasser les 75 ans prochainement ne doivent pas être considérées comme « des parts de marché » exploitables à merci par les fonds financiers et les banques. Ces personnes âgées et leur famille doivent pouvoir s’appuyer sur un service public national décentralisé de l’aide à l’autonomie. La grande vieillesse, comme la santé, doivent échapper à la violente loi de l’accumulation du capital privé.
Cela appelle un nouveau projet humaniste avec la construction de maisons de retraite publiques ou associatives disposant de moyens public suffisants ; la création des centaines de milliers d’emplois qualifiés dans les EHPAD pour tendre vers un soignant par résident, une centaine de milliers d’aides à domicile et un statut pour les « proches-aidants » ; la construction de nouvelles structures publiques en lien avec les collectivités territoriales et la mise sous tutelle des EHPAD privés.
Pour y parvenir, la Sécurité Sociale doit être élargie et renforcée, afin qu’elle puisse prendre en charge les personnes qui en ont besoin, d’une loi grand âge maintes fois promise. C’est une autre cohérence de société qu’il est nécessaire d’engager. Non plus soutenir les rapaces, comme ORPEA, mais favoriser en toute chose l’intérêt général humain.
11 commentaires
Entièrement d’accord avec l’idée de l’aide à domicile pour les personnes âgées ; ainsi que ce ne doit surtout pas être du business ; dès lors il y a le souci du quantitatif qui n’est pas omis dans la réflexion actuelle, mais il faut le souci du qualitatif tant il y aurait besoin de polyvalence à très bon niveau.
Il faut humaniser, et c’est évident qu’il faut la gauche pour humaniser.
Tout comme il faut la vraie république pour réaliser l’humanisation de la France et de l’Union Européenne. Il faut une loi grand âge mais qu’elle soit bien écrite pour l’Homme.
Très bien comme titre : LA VIEILLESSE N’EST PAS UN MARCHÉ.
vivre l’humain
tous uni
vivre l’humain
Vivre l’humain tous uni, ça ne demande guère que de rejeter les marottes des campagnes électorales qui tuent les vrais sujets politiques dont celui de la justice d’humanité respectueuse de l’altérité humaine.
Tous ensemble contre les marottes et pour les vrais sujets et vrais projets politiques car il y en a, ce sont ceux qui ne veulent rien faire sinon laisser faire qui disent qu’il n’y a pas d’analyses et de projets dans la gauche, il y en a des bons et ils peuvent vivre ensemble pour que le peuple ne connaissent pas le pire et ses jours noirs que réservent les marottes et les prédations de places de pouvoirs des droites extrêmes tant que tout ce qu’elles promettent ne répond pas du tout aux vrais besoins des Citoyennes et des Citoyens les plus nombreux. Les marottes des droites extrêmes tuent ni plus ni moins les vrais sujets politiques en même temps que l’altérité humaine, la justice d’humanité.
J’ai 92 ans, plusieurs de mes amies survivent dans des ehpads plus ou moins coûteuses et m’ont informée des nombreux problèmes, mauvaise nourriture, manque de personnel, atteintes aux libertés individuelles aggravées par le Covid. Leurs enfants ne savent comment les protèger… J’ai la chance de vivre chez moi, aidée par ma fille. Mais je vois avec angoisse se profiler la grande vieillesse, je veux rester maitre de ma vie, avoir le droit de choisir de partir quand je le voudrai, ce que ne permet pas la loi Léonetti…
Je souhaite vivement que le PCF prenne nettement position en faveur de l’euthanasie, du suicide assisté, complément indispensable à toute législation sur la fin de vie. Je me battrai toujours pour des retraites, des aides financières, mais ça ne suffit pas.
je partage complétement le contenu de cette lettre et ce d’autant plus quand je découvre que plus de 41% des places offertes en EHPAD aux franciliens ,selon des chiffres de 2015, sont des places en EHPAD statut privé but lucratif, à des prix d’hébergement à 2700 euros, minimum. Je pense qu’une grande partie de ces résidents sont des retraités avec des pensions inférieures à 2000 euros par mois, alors comment font-ils pour faire face au frais d’hébergement? Probablement ils doivent faire appel aux aides financières des conseils département pour l’obtention des aides sociales à l’hébergement financée par les impots ou/et l’aide au logement financées par les CAF, alimentant des groupes financiers d’EHPAD avec entrée en bourse. Je pense qu’il urgent de se réveiller pour sortir des griffes de la financiarisation.
Il est excellent je trouve que les personnes qui ont à dire l’évolution qu’elles demandent s’expriment et je suis de tout coeur solidaire. Il faut la République équitable et sa justice d’humanité, toute sa justice d’humanité, rien que sa justice d’humanité.
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