Edmonde Charles-­Roux

le 21 janvier 2016

edmonde charles roux patrick le hyaric2

Patrick Le Hyaric

Directeur de l’Humanité

Edmonde Charles-Roux, c’était à la fois une grande élégance, une sobriété dans les mots qu’elle vous glissait pour se renseigner, suggérer et aider à penser.

Résistante, féministe, éprise d’une liberté qu’elle souhaitait contagieuse pour toutes et tous, elle n’aura rien cédé aux injonctions à rentrer dans le rang des convenances.

Cette grande dame discrète, à l’esprit frondeur, passée du journalisme à la République des lettres, jusqu’à la présidence du prix Goncourt, était toujours attentive à vous, au sort des autres, à l’évolution des idées et des modes, aux livres et à la presse, toujours soucieuse de l’avenir des jeunes et de leurs goûts culturels.

Son engagement résolu à défendre les valeurs de la gauche lui valut bien des inimitiés, bien des difficultés professionnelles qu’elle surmonta avec la superbe et l’impertinence qui la caractérisait.

Elle nous a fait l’honneur de présider la Société des « Amis de l’Humanité » où, des conseils d’administration aux assemblées générales, sa présence enrichissait toujours. Ses mots choisis et ciselés, aux accents de Provence, étaient toujours rassurants, même au milieu de la pire des tempêtes.

La Présidente du prix Goncourt ne manquait jamais la Fête de l’Humanité où elle était aussi active qu’attentive, souvent émerveillée de la réussite et de la diversité de cet original événement populaire que Louis Aragon lui avait fait découvrir.

Fidèle au grand écrivain et à Elsa Triolet, elle présidait aussi l’association qui entretient et fait vivre leur maison et leur mémoire. C’est dire si son compagnonnage, son rapport avec notre famille était ténu, soutenu, respectueux et généreux.

Ses petits mots au courrier, ses appels téléphoniques au petit matin, pour me prodiguer un conseil, sa voix si fluide et tranquille expliquant son travail de l’été, la somme des livres lus ou encore à lire, en prévision de la préparation du Goncourt me manquent déjà depuis des mois.

Nous perdons, l’Humanité perd une amie sincère, une luciole du pluralisme de la presse et des idées.

La France de la culture et des belles lettres, notre France, perd une femme talentueuse, juste et dévouée. Ce matin notre cœur est lourd. Nous pleurons Edmonde Charles-Roux.


1 commentaire


Michel Berdagué 21 janvier 2016 à 19 h 03 min

“…une amie sincère, une luciole du pluralisme de la presse et des idées.”
Oui et je me souviens de ce jour où elle intervenait dans l’ enceinte du journal L’ Humanité pour nous présenter la reparution en avril 2011 des ” Lettres françaises ” le journal clandestin créé en 1942 par Jacques Decour et Jean Paulhan . Son intervention , sa parole pleine et de référence littéraire , historique , Jean Ristat était présent , nous combla de joie , une très grande attention de bonheur s’ ensuivit , un pot fraternel termina ce moment très rare .
Les Lettres en deuil de la langue -lalangue- et du langage .

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