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Le grand chœur des medias patentés, ayant perdu tout sens critique, a été sèchement démenti par le sommet de l’OTAN. Leurs généraux de plateaux et leurs spécialistes en tout, nous ont expliqué durant des semaines que Trump voulait laisser tomber l’alliance militaire. Nouvelle farce tragique jouée en studio surchauffé ! Trois jours seulement après les bombardements américano -israéliens illégaux sur l’Iran et en plein génocide à Gaza, le président nord-américain a décidé de procéder au plus important renforcement militaire depuis la Seconde Guerre mondiale.
Dans un quasi-silence, un saut qualitatif décisif vient de se produire. Et les dirigeants européens qui nous abreuvent de leurs concepts de « souveraineté stratégique » et autres balivernes se sont ridiculement agenouillés. Qu’on mesure l’ampleur de la bascule en cours !
Le réarmement décidé à cette occasion porterait les dépenses militaires collectives des pays membres de l’Alliance atlantique de 1 500 milliards de dollars à 2 800 milliards de dollars, soit un quasi-doublement. Une telle somme représente la valeur des richesses produites de pays tels que le Canada ou l’Italie.
Les vassaux des États-Unis ont passé le sommet, de prosternations en baise-main ,courbés devant Trump, imaginant le retour dans leur pays pour accélérer la casse des droits sociaux et le largage aux oubliettes des quelques décisions positives de l’Union européenne pour préserver le climat. Des milliers de milliards vont être injectés dans le militarisme pendant que les services publics de santé ou de l’éducation dans les villes comme dans les campagnes seront toujours plus sacrifiés.
Un transfert colossal de richesses produites par les classes ouvrières et l’ensemble des travailleurs vers l’oligarchie capitaliste et le complexe militaro-numérique industriel se prépare.
Et le surarmement européen viendra renforcer encore l’industrie numérique et militaire des États-Unis, comme le prouvent les achats de matériels militaires des pays européens. Pendant ce temps, la Commission européenne et les gouvernements ne cessent de porter des coups de boutoirs aux systèmes de protection sociale et de santé, au droit du travail, aux retraites et ont sorti les tronçonneuses pour découper le statut de la fonction publique.
Ces dirigeants incarnent désormais l’antihumanisme et la négation du « bien vivre ». Ainsi, après avoir organisé la foire aux illusions autour de son conclave sur les retraites, le – précaire – locataire de Matignon veut faire avaler à nos concitoyens, dans la torpeur de l’été, un plan de sabrage des crédits utiles d’au moins 40 milliards d’euros.
Une somme qui sera transférée vers le militarisme et le soutien au grand capital, alors que l’actualité démontre qu’il faudrait investir des dizaines de milliards d’euros pour protéger les logements, les écoles, les bureaux, les infrastructures de transports face aux épisodes de fortes chaleurs qui se répètent.
Entre OTAN et soumission à Trump, le service au grand capital rapace et lucratif, le démocrate-chrétien Bayrou a choisi, pour mieux les servir, le renoncement au partage et à l’humain.
Le champ est ainsi dégagé à l’administration de Washington pour pousser un violent remodelage du monde et concentrer ses efforts dans l’Indo-Pacifique contre la Chine, tout en ne délaissant pas le projet de Grand-Moyen Orient avec sa pointe avancée, le gouvernement israélien fascisant. À cette heure, personne ne sait dire si les systèmes d’enrichissement d’uranium en Iran ont été démantelés sous l’effet des bombes américaines. Mais des innocents, en Iran comme en Israël, y ont laissé leurs vies, parfois leurs membres et leurs habitations.
Et, les nationalismes iraniens d’un côté et israéliens de l’autre en sortent renforcés, au détriment des forces de la démocratie et de la justice. Le feu continue de s’abattre sur les enfants de Gaza et l’annexion de la Cisjordanie n’a jamais pris une telle ampleur. Le plan est machiavélique : Il ne s’agit pas seulement pour le tandem américano-israélien de combattre le sinistre régime des Mollahs. Il ne s’agit pas seulement d’arrêter le programme nucléaire iranien, mais de liquider l’Iran en tant qu’acteur régional souverain. C’est l’Iran qu’ils veulent démanteler. Briser son État, démembrer le pays, le fragmenter en micro-États, devenus des avant-postes dociles pour le capital occidental, ouvert à la privatisation, au dépouillement des actifs et à la projection de puissance géostratégique alors que le peuple serait toujours autant privé de liberté et de justice. La guerre hybride qui se poursuit ne vise pas la libération des femmes iraniennes du joug de la théocratie, mais à gagner une permanente docilité à une autre théocratie : celle du capital. Pour cela, tous les moyens sont utilisés : pluies de bombes, pénétration des services secrets Israéliens au sein de l’appareil d’État iranien, décapitation de responsables de l’armée et de scientifiques, désinformation pour obtenir le consentement à la guerre, mise en scène du scénario d’un retour de la famille royaliste du Shah comme un gage de liberté et de progrès… La machination bat son plein. C’est la tactique qui a déjà été utilisée pour l’Irak, la Syrie, le Liban et la Palestine.
Et, voici que « Israel Hayom » (Israël aujourd’hui), journal gratuit israélien – propriété de la milliardaire israélo américaine Miriam Adelson, généreuse donatrice à sa campagne et soutien D. Trump – écrit que Gaza et La Palestine font l’objet de sérieuses tractations entre le Premier ministre israélien et le président américain. Leur projet est de continuer de raser et d’affamer Gaza, de décimer sa population afin qu’à terme la déportation des survivants puisse être interprété comme une mesure humanitaire, tout en confiant pour un temps la gestion du territoire à quatre pays arabes fidèles à Washington, dont l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, dans la perspective de la reprise des accords dits d’Abraham, dont l’objet est d’isoler les Palestiniens. Puis, une fois le diagnostic vital de Gaza prononcé, ils ressortiraient, le fictif narratif de la solution à « deux États ». Dans ce cadre, l’Autorité palestinienne devrait encore plus se soumettre, et les États-Unis reconnaîtraient les parties de la Cisjordanie colonisées comme partie intégrante d’Israël.
Si les informations sur ce plan Trump – Nétanyahou étaient confirmées, nous avancerions vers l’officialisation du viol des résolutions de l’ONU, pour une mainmise totale sur le Proche-Orient au service des prédateurs capitalistes et impérialistes.
Ce plan machiavélique prend déjà une place importante dans la stratégie de l’impérium qui se positionne comme le grand centre de commandement d’une partie du monde composée de micro-états dirigés directement par les milieux d’affaires, où les peuples ne seront que les nouveaux prolétaires d’un capital totalement libéré et débridé.
Les peuples ne laisseront pas faire. Le combat pour l’existence d’un État palestinien s’inscrit donc dans une vision large du droit des peuples à décider de leur avenir en toute souveraineté et liberté. Il s’accompagne des nécessaires démocratisations des pays arabes comme y aspiraient les Printemps arabes, il y a une quinzaine d’années. Les revendications scandées sur les places des grandes villes arabes à l’époque n’ont rien perdu de leur actualité. L’action internationale des citoyens, des travailleuses et travailleurs contre le militarisme que l’OTAN vient d’accélérer confirme que la mobilisation pour la justice sociale et pour la liberté est intimement liée au grand combat pour la paix et l’émancipation.
Patrick Le Hyaric
1er juillet 2025