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Faut-il sacrifier 400 hectares de terres fertiles pour gagner un quart d’heure ?
C’est la question posée par quelque 8000 manifestants qui s’opposaient, avec calme et détermination samedi dernier à la construction d’une autoroute de 58 km reliant Toulouse à Castres.
Ils sont d’autant plus fondés à poser cette question et d’y répondre par la négative qu’une alternative existe en aménageant l’actuelle route nationale.
400 hectares de terres donc, privatisé, par une société d’autoroute qui a obtenu une concession de 55 ans. 55 années durant lesquelles elle fera son beurre en ponctionnant les automobilistes d’un péage de 16€ aller-retour alors qu’elle va bénéficier d’aides publiques et d’équipements publics déjà existants.
400 hectares, de paysages détruits, de champs, de haies et de talus, de vignes, de prairies, de vergers passés à la trappe du profit.
Quelle inadmissible farce ! D’un côté le pouvoir et d’autres autorités font semblant de pleurnicher sur le réchauffement climatique ou sur l’extinction des espèces. De l’autre il l’organise allègrement en cachant leur méfait derrière le paravent de l’efficacité économique. D’un côté on fait des discours sur la souveraineté alimentaire, de l’autre on l’affaiblit.
Ce chantier détruirait des zones classées Natura 2000 et des zones classées d’intérêts écologiques. Mais les bulldozers des compagnies autoroutières et des travaux publics n’en ont que faire. Après eux le déluge ! D’abord les profits ! C’est l’autorité environnementale indépendante chargée d’évaluer l’impact des grands projets qui déclare que la construction de cette autoroute est devenue anachronique au regard des enjeux de réduction des gaz à effet de serre, de l’objectif de zéro artificialisation des sols, de la bataille contre l’érosion de la biodiversité auxquels il faut ajouter évidemment la préservation du pouvoir d’achat des automobilistes quand il leur faudra commencer par payer 7€ ou 8€ au départ de Castres pour aller à Toulouse.
D’autres choix existent. Plus moderne plus sécure, plus écologique avec le train : On peut doubler les cadences des trains régionaux, développer le fret ferroviaire en réduisant le nombre de camions polluants sur les routes. Voilà qui permettrait de mettre les actes en conformité avec les flots de paroles sur la nécessité de préserver l’environnement et de protéger le pouvoir d’achat populaire. Le ministre des Transports semble avoir entendu le bruit et la force de cette manifestation. Qu’il en tire toutes les conséquences. Gagner un quart d’heure ou mettre en péril la biodiversité et le climat pour les générations futures.