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Intervention au Forum Progressiste Européen
Athènes le 23 octobre 2022.
Dans l’actuel contexte de perte d’influence de l’Occident capitaliste, de guerre économique intra-capitaliste, de guerre, les États-nations au service d’un capitalisme le plus débridé sont désormais plus préoccupés de géopolitique, de logique de blocs et de sécurité nationale.
Ceci conduit à amplifier la militarisation en cours partout. Donc à aggraver les facteurs d’insécurité pour tous les citoyens du monde. Notre concept de sécurité humaine est bien à l’opposé des thèses Otanesques.
La guerre économique, au sein du capitalisme mondialisé, sur les enjeux de l’énergie, ne profite qu’à quelques grandes sociétés multinationales du gaz, du pétrole, des transports. Elle est à l’opposé des conventions pour le climat puisqu’elle conduit à relancer les énergies carbonées ? L’insécurité climatique ne peut que s’aggraver.
Ces bouleversements climatiques, les déforestations et l’agriculture de plus en plus industrialisées pour être conçues comme des productions d’exportation sont vecteurs de nouveaux virus, de nouvelles pandémies donc d’insécurité sanitaire, d’insécurité hydrique, d’insécurité alimentaire. Ce sont donc bien les sécurités humaines qui sont ainsi affaiblies.
Le creusement des inégalités est facteur d’insécurité. Il n’y aura pas de paix durable dans le monde tant que se développeront les inégalités qui font qu’à un pôle de la société mondiale 2.668 milliardaires disposent d’une richesse totale équivalente à 13,9% du produit brut mondial et tant que les dix personnes les plus fortunées du monde détiennent davantage de patrimoine que le total de ce que possèdent les 40% les plus modestes de l’humanité.
De même, tant que le travail sera considéré comme un « coût » à diminuer, perdureront la concurrence entre travailleurs et leur exploitation par le grand capital, l’insécurité et l’inégalité d’accès au travail et aux formations, les inégalités salariales, les inégalités de rémunération entre les hommes et les femmes.
L’indispensable et urgent combat pour la paix implique une mobilisation des peuples pour un cessez-le-feu immédiat et la préparation d’une architecture commune de sécurité, de paix, de désarmement en Europe et doit donc se doubler du combat contre toutes les insécurités de vie.
Les dangers auxquels nous devons faire face affectent en même temps l’ensemble de l’humanité, chaque être humain, les animaux, la biodiversité.
Un virus, un accident chimique ou nucléaire, un déficit alimentaire ou hydrique, une crise financière, les bouleversements climatiques pèsent en même temps sur l’ensemble de l’humanité, la dérègle, accentue les insécurités individuelles et collectives.
Voilà qui ne fait que renforcer la nécessité d’une nouvelle solidarité internationaliste et un soutien aux mouvements nouveaux qui se développent : celui des jeunes pour le climat, celui des salariés du textile et de consommateurs sur le thème « pas de sang sur nos vêtements », celui de ces jeunes qui créent des syndicats dans l’industrie du numérique, les mouvements de paysans sans terre au Brésil et en Inde et ceux pour le droit aux semences, l’accès à l’eau, le mouvement actuel qui se développe partout dans le monde pour augmentation de la rémunération du travail et de nouveaux services publics.
Nous pourrions lancer une grande action internationale qui porte le projet transformateur d’un pacte mondial de la sécurité humaine globale.
Celui-ci combinerait une multitude d’actions à la fois pour un processus de désarmement, un processus de progrès social et humain, culturel, une bifurcation de nos modèles économiques pour préserver le climat et la biodiversité, la sécurité d’un travail émancipateur pour chacune et chacun, le droit effectif à l’éducation, à la formation, à la culture, la recherche de la sécurité alimentaire et sanitaire. Il conviendrait d’y ajouter la dé-dollarisation des économies au profit d’une monnaie commune mondiale d’échanges pour faire de l’argent et de la création monétaire des leviers pour le développement humain. Il nécessite de transformer profondément les institutions internationales, de rénover et démocratiser l’ONU, de changer radicalement la construction européenne dans un processus de coopération entre États et peuples associés, libres et solidaires.
Ceci est évidemment antinomique avec les logiciels capitalistes actuels qui privatisent, pour les marchandiser, les biens communs.
La question d’un processus d’après capitalisme est bien posée, avec des appropriations sociales et démocratiques pour la construction de grands services publics – comme moyens de progresser vers l’égalité – et d’outils publics et démocratiques pour la transition environnementale.
C’est la condition pour protéger et valoriser les biens communs, le travail et les formations, développer les recherches, maîtriser les moyens financiers dans le respect des écosystèmes et la biodiversité. Conditions vitales pour un plus haut degré de civilisation.
Nous devons pour cela aider les travailleurs, les jeunesses, les peuples à prendre leur destin en main de l’entreprise, de la banque à la cité jusqu’à toutes les institutions internationales pour leur transformation. La démocratie est un combat, un but et un moyen des transformations progressistes.
Des outils de base existent pour aller de l’avant avec des conventions de l’Organisation internationale du travail, de l’Organisation mondiale de la santé, dans les conférences pour le climat, les océans, la biodiversité.
Autant de conventions qui devraient être contraignantes pour les États, tout en reprenant un processus de désarmement et le combat pour l’interdiction des armes nucléaires.
Nous avons raison au cours de ce forum de nous fixer l’objectif de la solidarité humaine avec le respect, l’amélioration de son environnement.
Défi climatique, défi de l’égalité, défi de la paix, défi démocratique constituent un même combat. Le défi de civilisation.