Vite La paix !

le 2 mars 2022

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Halte au feu ! Arrêtez la guerre ! Ces cris angoissés montent depuis la foule des rassemblements pour la paix de par le monde. Le mouvement de la culture et du sport – avec un courage inouï dans plusieurs villes de Russie – renforce la détermination à faire cesser le fracas des missiles, le cliquetis des fusils et le martèlement sourd des chenilles des chars russes. Nous sommes de tout cœur avec les citoyens et travailleurs russes qui agissent pour la paix. Et nous réclamons leur liberté de s’exprimer et de manifester. Là-bas comme ici, à l’unisson nous crions : démocratie et désarmement. Ces mots pour la paix sortent de nos cœurs serrés à la vue des images qui nous parviennent de ces familles séparées quand les hommes partent assurer la défense civile, des mères protégeant de leur bras leurs enfants pour courir vers les souterrains glacés du métro.

Des centaines de milliers de familles fuient le fer et le feu par la route pour se réfugier en Roumanie, en Pologne, en Moldavie ou ailleurs. Nos pays d’Europe doivent les accueillir et les protéger.

La rage et les larmes nous envahissent devant l’insupportable brutalité du petit Tsar de Moscou, ordonnant avec un cynisme glacial, à l’armée russe de détruire rues, places et habitations, de tuer sans ménagement des civils.

La cour pénale internationale jugera ces crimes de guerre. Le cœur du maître du Kremlin doit être fait du même marbre que la longue table à laquelle il reçoit ses invités.

Oui, l’urgence est de tout faire pour que la raison l’emporte. Tout faire pour retrouver le chemin des discussions, reprendre les voies de la diplomatie. Non pas, à partir des fantasques projets de reconstruire le Grand Empire Russe de l’hôte du Kremlin, mais à partir de l’intérêt des peuples, du respect mutuel et de celui de tous les engagements pris.

Ceux du Parlement ukrainien en 1991 de rester un pays adhérent ni d’un camp ni d’un autre. Ceux des Russes qui ont signé un traité reconnaissant l’Ukraine comme un État souverain. Et enfin, la promesse de ne pas élargir l’OTAN aux frontières de la Russie. C’est le seul chemin pour éviter le pire. Le chemin de la paix humaine et de l’harmonie entre les peuples.

Et négocier ne signifie en aucun cas accepter les bombes. Un cessez-le-feu est absolument nécessaire. Rien ne sera possible sans retrait des troupes russe d’Ukraine.

Ne pas faire cet effort patient, porte le risque d’une autre menace qu’il ne faut en aucun cas négliger, banaliser ou relativiser : celle d’une guerre généralisée dès lors que l’autocrate russe a brandi à plusieurs reprises l’utilisation de l‘arme nucléaire.

Le capitalo-nationalisme poutinien peut conduire au pire. Les citoyennes et citoyens de tous les pays européens en sont à juste titre inquiets. Rejeter le néant, c’est aussi éviter d’allumer la petite mèche qui embraserait toute l’Europe. Cela nécessite donc de ne pas rompre les contacts avec Moscou, comme le fait à juste raison la France. De discuter avec les dirigeants chinois et indien qui, au conseil de sécurité de l’ONU, n’ont pas ouvertement soutenu M. Poutine puisqu’ils se sont abstenus. Les contradictions d’intérêts des pays peuvent être exploitéespour stopper cette tragédie.  Il peut y avoir là une base de l’élargissement de l’isolement du pouvoir russe. D’autre part, il conviendrait de mettre à l’ordre du jour des discussions à l’ONU et à l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), la proposition de l’organisation d’une conférence pan-européenne visant à garantir la sécurité de chaque nation de l’Europe de l’Atlantique à l’Oural. Une telle conférence devrait discuter notamment de la réduction des missiles de moyenne portée et de faire revenir dans les débats mondiaux, l’enjeu de la dénucléarisation du monde. Dans un tel contexte, toute provocation ne fait qu’ajouter de la tension aux tensions. 

Parler « de guerre économique totale » contre la Russie,c’est devenir belligérant et prendre le contrepied de l’indispensable désescalade. La position de la présidente de la Commission européenne disant vouloir accueillir l’Ukraine au sein de l’Union européenne libérale, est plus que stupéfiante.

D’abord, on ne rentre pas en quelques heures dans l’Union européenne. Pour y être intégré, Il faut répondre à un certain nombre de conditions – examinées sur plusieurs années – que l’Ukraine ne remplit pas aujourd’hui. Ensuite, il n’y a rien de tel pour donner un prétexte à M. Poutine de ne pas s’asseoir à la table des négociations.

En effet, derrière cette proposition, il y a évidemment autre chose : l’idée de certains est de créer les conditions de l’élargissement de la guerre puisque selon l’article 42 alinéa 7 du traité européen, une clause de défense mutuelle conduit les pays de l’Union européenne à venir en aide a un pays attaqué. Dans ce cas précis, les forces militaires, notamment françaises avec l’Otan, deviendraient directement partie prenante. Ce serait l’embrasement.

Enfin, une telle intégration dans l’Europe capitaliste ne serait pas à l’avantage des travailleurs et du peuple ukrainiens. Par contre, le grand capital international s’y implanterait plus fortement encore pour accentuer la concurrence entre les travailleurs européens.

Mieux vaut conforter l’accord d’association entre l’Union européennes et l’Ukraine en vigueur depuis le 1 septembre 2017, en le réorientant sur des bases de progrès social et de développement humain commun. Cela pose d’ailleurs la question de la nature de la construction européenne et milite pour une association de peuples et de nations souveraines, libres et associés pour un projet progressiste au service des hommes et de la nature. De même, l’envoi d’armes lourdes à l’Ukraine est porteur de risques. Il nefaut pas exclure que l’armée russe tente de frapper ces convois générant des tensions aux frontières avec l’OTAN.Il n’y a pas non plus à se réjouir du « réarmement » de l’Allemagne.

La voie de la paix n’est ni dans un militarisme chauvin ni dans les tentatives nationalistes qui déchirent le monde dans un combat intra-capitaliste de domination sans partage. L’avenir est à la créativité et à l’action résolue pour la coopération entre les pays et les peuples pour construire un monde commun, capable d’affronter les défis pour la santé, le recul de la pauvreté et les lourds défis climatiques dont le GIEC vient de nous rappeler cette semaine l’extrême urgence. La question de l’invention de nouvelles instances internationales est aussi posée. Celles qui existent se montrent incapables de résoudre pacifiquement les multiples conflits qui surgissent dans un monde bien différent de celui de la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’enjeu aujourd’hui est de porter un projet global de sécurité humaine et de paix. Le projet relancé depuis quelques jours de construire une armée européenne, comme pilier de l’Otan ne s’inscrit pas dans un tel objectif.  D’ailleurs, avec qui construire cette armée puisque les deux seuls pays détenteurs de l’arme nucléaire sont la France et le Royaume-Uni. Or, ce dernier vient de quitter l’Union européenne. C’est au contraire des initiatives de désarmement graduel, contrôlé et commun à toutes les nations, qui ouvriraient de nouvelles possibilités pour que l’humanité puisse affronter les défis auxquels elle est confrontée. Par exemple, cette guerre risque de relancer les énergies carbonées à rebours des décisions des conférences sur le climat et d’aggraver sensiblement le sort des travailleurs et des populations du monde entier avec la flambée des prix attisée par la spéculation des grands consortiums mondiaux. Il n’y a d’avenir pour la paix et l’harmonie du monde, ni dans les projets « euro-atlantique » ni ceux de « l’Eurasie » dans le cadre d’une bataille intra-capitaliste et nationaliste. Priorité absolue doit être donnée aux œuvres de vie, pas à la multiplication de forces de guerre. C’est ce qui résonne dans les mouvements pour la paix dans les capitales européennes et au-delà. Solidaritéentre les peuples ! Vite la paix !

photo @PompiersFR


4 commentaires


Moreau 3 mars 2022 à 10 h 18 min

Il est très difficile pour les Citoyennes et les Citoyens de s’y retrouver en se faisant la bonne idée d’une vraie construction de la Paix, moi je suis inquiet quand les idées de la classe politique se battent en duel par adversité, rivalité… Ce que j’observe le plus, c’est l’absence de proposition chronique d’un plan argumenté pour le désarmement qui devrait être possible puisque c’est lui qui correspondrait aux intérêts majeurs de toute l’Humanité. Plus d’Otan ou pas d’Otan, pas d’Otan et aucune contrepartie de la Russie en désarmement et démilitarisation ; et pourquoi pas un plan de désarmement et démilitarisation réciproques entre l’OTAN et la Russie ?
Moi, je serais plutôt en faveur d’un tel plan de désarmement parce que je trouve depuis toujours la course aux armements et les guerres entre les Hommes, condamnables.

Il y a selon mes observations de simple citoyen deux problématiques et non une seule parce que la classe politique française alors que la France est fondatrice de l’Union Européenne, n’a pas travaillé jusqu’à présent dans ce nouveau siècle pour un programme de désarmement. Je suis simple citoyen mais je pense que dans la défense de l’Union Européenne, il y a les pays membres de l’OTAN dont la France ; et donc quand j’entends dire : “Pas d’Otan en Europe”, je pense plutôt que ça ne correspond pas, nous devrions entendre ce que Jean Ferrat a chanté pour le vingt et unième siècle : “Halte aux armes nucléaires, halte à la course au néant…”

Moi je dirais plutôt sans défaire l’OTAN : “Plus aucune arme nucléaire dans l’Union Européenne qui n’est pas du tout ennemie du Peuple russe et donc le désarmement dans ce sens, avec la contrepartie évidente ; plus aucune arme nucléaire dans la Russie puisque l’Union Européenne n’est pas son ennemie”. Et de construire ainsi la véritable paix, paix gratuite, rien que d’immenses avantages pour tout le monde.

L’autocratie n’est pas dans l’histoire du monde, un modèle social et démocratique, c’est tellement vieux ; et c’est tellement vieux la guerre.

Le modèle social du vingt et unième siècle pour bien le penser, ne peut venir que de la démocratie universelle voire de l’ensemble au fur et à mesure qu’il peut se faire, des démocraties universalistes ; l’unité réelle de la paix gratuite est la démocratie universaliste à l’évidence même. (Et selon la même pensée, je souhaite qu’il n’y ait jamais la moindre guerre entre l’Amérique du Nord et la Chine, ainsi qu’entre la Chine et Taïwan.)

La gauche française et européenne authentique universaliste devrait je crois, proposer dans ce sens, ça devrait parler aux Électrices et aux Électeurs, tant la refondation de la république française et européenne en république française et européenne universaliste du vingt et unième siècle est une partie de la construction de l’Union Européenne et de sa paix gratuite.

Désescalade réciproque ne va pas sans désarmement effectif réciproque.

chb 5 mars 2022 à 20 h 01 min

Moreau, je vous suis reconnaissant de n’avoir pas même mentionné le nom de l’Ukraine dans votre commentaire. La propagande de guerre trop présente depuis dix jours a l’air tellement calibrée pour nous faire oublier l’exigence de négociations solides, de désarmement, de dissolution de l’OTAN ou au moins de sa limitation ! Vous faites bien d’élargir votre réflexion, plutôt que de rabâcher l’invasion brutale, les probables crimes de guerre etc.
En ce qui concerne les horreurs en cours, les belles âmes découvrent apparemment le conflit qui a pourtant commencé en 2014 (et avant !) : les citoyens séparatistes de Louhansk et Donetsk, bombardés depuis 7 ans (par des bandes plus ou moins pilotées par le gouvernement de Kiev, entraînées et équipées par nos services secrets anti-russes) n’étaient pas plus dignes d’intérêt, il faut croire, que les palestiniens, yéménites, irakiens etc.
Mais contre Poutine nouvel Hitler, oh voilà les sanctions (qui plomberont l’UE d’abord),
voilà les armes livrées officiellement à on ne sait qui, c’est-à-dire à tout groupe (militant / terroriste : mafieux) capable de maintenir le chaos aux marches de la Russie,
voilà que les promesses à Moscou des années 90 peuvent être renvoyées sous le tapis !

L’article classiquement pacifiste de P. Le Hyaric m’a énervé dès ses premiers paragraphes : resucée de la propagande de guerre, éléments de langage convenus sur le “maître du Kremlin “, “autocrate ” et “tsar” dans sa “folie ” inflige les “tant de souffrance et de destructions “, utilisant au passage la terreur nucléaire (comme un vulgaire Pentagone ou Zelensky), fermant les médias pluralistes (comme un vulgaire RT, fermé en Allemagne puis dans le reste de l’OTAN), etc.
On lit Patrick Le Hyaric, et on a les mêmes éléments de langage, la même mansuétude pour les atlantistes (naturellement) expansionnistes, le même aveuglement discriminatoire quant aux sept ans de souffrance de bien des russophones d’Ukraine. Dans le Donbass, ça faisait tout ce temps que les gens devaient faire avec
« ces familles qui perdent l’un ou l’une des leurs. Avec ces enfants innocents qui doivent vivre au rythme des sirènes et du bruit des bombes ». Plusieurs milliers de victimes, innommées en Europe puisque “fans du tsar” ? On a ainsi ignoré le massacre des “fans d’Assad”, des “fans du Hamas”, des citoyens normaux de Libye ou d’ailleurs dans les pays ciblés par la criminelle Responsabilité de Protéger.
Pourtant l’Huma s’était interrogée sur les circonstances du massacre d’Odessa. Pourtant la suite de l’article évoque la responsabilité de l’OTAN, cet organe militaire gendarme et oppresseur du monde non aligné.
La CIA a créé al Qaeda : complotisme ? Elle recrute, et arme, et forme, et équipe les ukro-nazis : fake-news ? Elle veut changer le régime au Kremlin par une guerre économique et psychologique ignoble : exagéré ? Non, toutes ces saletés sont officielles, et ne concernent pas le seul service secret emblématique US, loin de là : un de nos ministres a déclaré la guerre à la Russie, et n’a été que modérément tancé.
Aux présidentielles, on doit absolument choisir un candidat capable de discuter, de négocier et de commercer honnêtement avec nos voisins : y en a-t-il en lice ? Je ne voterai pas volontiers pour un qui brame à l’arrêt des hostilités comme si les tragiques événements en cours étaient 100% imputables au Kremlin. La paix ne s’installera que dans la justice, et c’est un long combat. Porter ces jours-ci les couleurs de Kiev en occultant ce qui est derrière, ce n’est ni correct ni viable.
Quant aux fait que les sanctions seraient moins graves que “la guerre en vrai” menée par Moscou, les pénuries et hausses de prix qu’elles promettent seront cruelles pendant des années ! Et de même la perte de crédibilité de la diplomatie, des contrats et des traités.

Capsule cynique pour le capitalisme guerrier du jour :
« Placez votre argent dans nos banques, nous pouvons le confisquer ;
placez vos actifs sur notre territoire, nous pouvons les voler ;
utilisez notre argent et nous pouvons l’annuler ;
placez votre yacht dans notre port, nous pouvons le pirater ;
placez votre or dans notre coffre-fort, nous pouvons nous en emparer. »

Voilà où en est la mafia qui veut garder son pouvoir sur le monde. Libre ?

chb 5 mars 2022 à 20 h 18 min

J’étais déjà trop long, mais j’en remets…
“Vite, la paix”, c’était déjà dans l’air en 2015 avec Minsk II, accord de cessez le feu visant à mettre fin à la guerre du Donbass.
Avec Moscou, Paris et Berlin étaient officiellement garants de l’application de ce protocole pour l’arrêt des hostilités en Ukraine, et pour le retour à la cohabitation pacifique dans le cadre d’une fédération. Mais Hollande et Merkel puis Macron ont laissé les ukro-nazis accompagner le dépècement du pays par nos agro-voleurs et autres affairistes prédateurs. Ils ont laissé les ukro-nazis violer impunément la zone grise, entretenant le chaos semé par l’OTAN lors de l’EuroMaïdan. Ils ont encouragé Zelensky, élu sur un programme de réconciliation puis gouvernant avec les xénophobes chouchous de l’Otan, à attiser le conflit qui menace maintenant le monde.
Pour revenir sur cet aspect étrangement suicidaire de la furie anti-russe en U.E., c’est que de notoriété publique les sanctions “contre le régime Poutine” puniront bientôt beaucoup plus les européens qu’ils ne convaincront les russes.
Si Total négocie un approvisionnement stable en gaz sibérien, en quoi cela menace-t-il plus la “souveraineté énergétique” de l’UE que des contrats précaires en gaz de schiste de Pennsylvanie ?
Quid de nos avions sans titane ?
De l’agriculture sans engrais ?
Du pain en Tunisie sans blé ?

Et enfin, l’escalade rapproche encore l’un de l’autre les deux grands ennemis traditionnels du Pentagone : Chine et Russie commercent de plus en plus, font ensemble des manoeuvres militaires, peaufinent une alternative au SWIFT qui pourrait provoquer une crise financière terrible !
Quoi qu’il en coûte, n’est-ce pas, on fait comme le chef a dit. Mais, messieurs les responsables alignés, ne sera-t-il pas trop tard pour s’adapter quand le chef flanchera (enfin !), que son dollar chutera définitivement ?

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