Union contre les ordres de Bruxelles

le 6 juin 2013

barroso

Lorsque nous avons publié « Le pacte des rapaces » qui décryptait le  pacte dit « Europlus », entre Mme Merkel et M. Sarkozy, certains ont pu penser que nous exagérions. Malheureusement, tel n’était pas le cas. La Commission de Bruxelles vient d’en administrer la preuve. En application des procédures de surveillance des Etats, elle ordonne à la France d’aller encore plus loin dans la destruction des droits économiques et sociaux.

Les six commandements de la Commission s’appuient sur des décisions économiques négatives déjà à l’œuvre, pour enjoindre au gouvernement d’aller plus avant dans la même direction. Elle demande à notre pays de mettre en œuvre, avec brutalité, des choix qui ont mis partout ailleurs les pays à sac, jeté les populations, notamment les jeunes, dans le chômage et la pauvreté. Ainsi, le gouvernement est sommé d’amplifier « la réalisation de l’effort d’ajustement structurel ». Sans attendre plus longtemps, le gouvernement obtempère en prenant plus d’un milliard d’euros dans la poche des familles, avec la modification du quotient familial       .

La Commission parle désormais aux Etats, comme le fait le Fonds monétaire international à propos de pays dit « du tiers monde ». Et elle spécifie ce qu’elle veut dire. Ainsi, le « réexamen des postes de dépense dans tous les secteurs d’administration publique à prendre, dans le cadre de la loi de décentralisation », programme  l’étranglement des communes. Puis, elle demande expressément au gouvernement de bien « s’assurer que le crédit d’impôt compétitivité » et « l’accord interprofessionnel de janvier 2013 » « réduit bien du montant envisagé le coût du travail et qu’aucune mesure n’annulera ses effets » de « la réduction du coût du travail ». Bref, le travail est le grand ennemi de la Commission au service des puissances financières. Ces gens ont réussi à faire passer le travail pour un « coût », alors qu’il est le facteur de création de richesses, d’intelligence, de culture, d’amélioration de la vie en société. Ainsi, c’est le travail qui permet de dégager des moyens pour les activités et contributions collectives, comme les services publics ou la protection sociale.

Or, les petits soldats au service des intérêts du grand capital financier veulent à la fois abaisser les salaires, les retraites, vendre les services publics au privé et démanteler peu à peu la sécurité sociale au profit des assurances privées. Il n’est donc pas surprenant que la part des richesses produites, consacrée à la protection sociale, ne cesse de diminuer au profit de la rémunération toujours plus grande des intérêts versés aux banques et des dividendes que s’accaparent les actionnaires. Le bulletin de la Banque centrale européenne révèle que dans les dix-sept pays de la zone euro, les cotisations sociales versées par les entreprises représentent 1704 milliards d’euros quand les sommes constituant les prélèvements des banques sur les entreprises, avec les taux d’intérêt et les dividendes versés aux actionnaires, représentent 2823 milliards d’euros. Des sommes astronomiques qui montrent qu’il n’y a aucune fatalité à la destruction de nos systèmes de retraite et de protection sociale.

Le jour où ces injonctions de la Commission ont été proclamées par le droitier M. Barroso, le Président de la République a déclaré que « La commission n’a pas à nous dicter ce que nous avons à faire ». Bravo, et nous ajoutons chiche ! En effet, cela ne va pas de soi car il a refusé de remettre en cause la contre réforme des retraites de M. Sarkozy et le dernier traité européen, écrit par ce dernier avec Mme Merkel, en le faisant voter sans débat au Parlement à l’automne dernier. Le chef de l’Etat pourra compter sur les forces progressistes et les syndicats pour démontrer qu’il n’a pas fait ce qui était exigé de lui, à savoir engager une nouvelle contre-réforme des retraites. La Commission est plus que claire, précise et violente. Elle demande de « prendre des mesures d’ici à la fin de l’année 2013 ». Elle le précise, par exemple, « en adaptant les règles d’indexation, en augmentant encore l’âge de la retraite et la durée des cotisations pour bénéficier d’une retraite à taux plein et en réexaminant les régimes spéciaux ». En une phrase, elle porte le droit à la retraite aux environs de 67-70 ans, diminue le niveau des pensions, décide la fin des régimes spéciaux et la baisse du pouvoir d’achat des retraités, puisque la fin de l’indexation signifie que le niveau des pensions n’évoluerait plus avec les prix. Plus clair encore, les généraux bruxellois, précisent que tout ceci doit se faire « tout en évitant une augmentation des cotisations sociales patronales ». Au moins on voit de quel côté ils se placent !

Face à une attaque d’une telle ampleur, il est indispensable de se mobiliser pour résister, tout en portant le débat dans la société sur d’autres choix, mettant à contribution les revenus financiers du capital. Au-delà, il n’y aura pas d’équilibre des caisses de sécurité sociale et des retraites sans inverser sérieusement la courbe du chômage. Or, l’austérité, la pression sur le pouvoir d’achat, le démantèlement de nos atouts industriels et agricoles, l’affaiblissement des services et des collectivités locales, le principe de concurrence de tous contre tous, aggravent le chômage et bouchent l’avenir des jeunes.

Nous proposons de changer de priorité et d’impulser, par un puissant mouvement démocratique et citoyen,  des choix nouveaux pour mobiliser les moyens financiers aujourd’hui gâchés dans la spéculation, par une réforme du crédit, qui implique une transformation de la Banque centrale européenne et une appropriation par la collectivité des banques nationales. Ceci doit se combiner avec une profonde réforme de la fiscalité, une relance sociale par l’augmentation des salaires et des prestations sociales et une grande politique volontariste de renaissance industrielle, agricole et des services, s’inscrivant dans un programme de long terme de transition écologique des activités.

Avec le changement de République et la réorientation de la Construction européenne,  ces questions seront au cœur du débat le 16 juin prochain à Montreuil, initié par près de trente organisations sociales, associatives et forces de gauche. L’exact opposé des ordres de la Commission de Bruxelles qu’il faut mettre en échec.


1 commentaire


deschampt 16 juin 2013 à 1 h 06 min

J’ai honte comme citoyen français,de voir des responsables français accepter de se faire traiter comme des de mauvais élèves,se faire tancer,dicter leur conduite qui doit-être libérale,c’est humiliant,je rêve d’un gouvernement et d’un chef d’état qui “renverseraient la table” des Barroso and Co°,les renverraient dans les cordes ,ceux-là même qui plongent espagnols,portugais,grecs et bientôt nous, dans la pauvreté et la misère.On ne peut faire l’Europe sans la France. A quand une révolte contre cette dictature “douce” des libéraux de Bruxelles?

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