Une nouvelle politique agricole pour une politique alimentaire et environnementale

le 17 décembre 2009

Editorial de la Terre

Une nouvelle commission européenne va être installée en début d’année 2010. Un nouveau commissaire à l’agriculture, M. Dacian Ciolos vient d’être nommé. Et un nouveau débat va s’engager sur l’avenir de la politique agricole européenne.

Une part de l’avenir de l’agriculture se joue donc dans les semaines à venir. Le pire serait de laisser se développer cette réflexion à partir des « perspectives financières de l’Union euro-péenne ». C’est exactement le contraire qu’il faut faire : définir d’abord le projet agricole nécessaire à l’Union européenne et au monde. Ce n’est qu’à la suite de ces réflexions que doivent être envisagés les moyens financiers.

Mais, au-delà, il est nécessaire de repenser la question agricole, non pas comme une question concernant les seuls agriculteurs mais comme un enjeu civilisationnel, à la croisée de plusieurs grands défis pour nos sociétés et la planète toute entière.

 


En vérité, une nouvelle politique agricole européenne, c’est le moyen de faire face aux grands défis alimentaires et environnementaux.
La politique agricole c’est d’abord une politique alimentaire de qualité et l’un des moyens de faire face aux enjeux environnementaux et climatiques.
Et, la matière première agricole ne peut être la variable d’ajustement servant à faire pression à la baisse sur les salaires et les retraites, tout en assurant des profits confortables aux secteurs d’aval de la production dont les trois ou quatre grandes chaînes de supermarché.

Par contre, la production agricole de base peut ouvrir des voies nouvelles pour des industries d’avenir dans le secteur de la biotechnologie, créatrice de fait, de valeur ajoutée et d’emplois nouveaux.
Un tel projet devrait s’inscrire dans un nouveau projet mondial, visant à éradiquer la famine en respectant les agricultures vivrières partout dans le monde. Cela s’oppose donc au dogme de la concurrence entre agricultures et à la standarisation de l’alimentation. Elle appelle au contraire un projet coopératif mondial d’un nouveau type.

Elle est à l’opposé du projet européen et du gouvernement de mettre en place des « marchés à terme » ou la contractualisation « producteurs-centrales d’achat ». La seule voie possible est celle de la rémunération du travail agricole, par des prix de base, en considérant la paysan, non seulement comme producteur de matières premières, mais comme facteur de préservation des ressources naturelles, de la biodiversité, de l’équilibre des territoires, de la préservation des paysages, de la régulation climatique, de création d’emplois, de diversité et de qualité alimentaire et sanitaire. Conçu en ce sens, le travail agricole est une mission d’intérêt général et public.

Elle doit donc être considérée comme un bien public européen et mondial.
C’est cela qui motive la proposition de sortir des logiques marchandes de l’Organisation mondiale du commerce et le lancement d’un débat public pour une politique agricole européenne radicalement modifiée en ce sens.
De ce point de vue l’appel des 22 ministres de l’agriculture de l’Union européenne semble marquer une nouvelle prise de conscience. Elle peut être un bon point d’appui. Mais cet « appel de Paris » se heurte aux orientations fondamentales du traité de Lisbonne qui prône la concurrence et le libre échangisme mondial.

Nous prenons cependant acte des orientations intéressantes de ce texte. Notre journal La Terre s’attachera à prendre des initiatives de débats pour une nouvelle politique agricole alimentaire et environnementale européenne. C’est le nouvel avenir à construire ensemble.


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