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Arc-bouté sur les intérêts particuliers qu’il sert, le pouvoir refuse tout débat sérieux sur les contours d’une réforme progressiste des retraites, adaptée aux conditions de notre temps. Ces dernières sont marquées par la reconnaissance de pénibilité de nombreux métiers, les inégalités croissantes au travail et dans les rémunérations, celles entre les revenus des hommes et des femmes, les besoins de financement nouveaux liés à une autre cohérence économique, les défis civilisationnels et humains posés pour assurer l’autonomie des personnes âgées. Autant d’enjeux qui mériteraient des débats contradictoires.
Au lieu de cela, le pouvoir insiste pour que la discussion soit limitée à un périmètre qui acte la destruction du système de retraites solidaires par répartition. Les travailleurs sont donc sommés de négocier des reculs sociaux et démocratiques. Pour parvenir à ses fins, il croit subtil de diviser salariés et retraités en agitant ce qu’il appelle « les régimes spéciaux ». Jamais ne lui viendrait à l’idée de hisser les systèmes de retraite vers le « mieux disant social ». Non, c’est toujours vers le bas que les droits sociaux sont alignés alors que les droits et pouvoirs des puissances d’argent sont alignés vers le haut avec des cadeaux fiscaux et sociaux, une liberté totale de circulation du capital, la spéculation et les paradis fiscaux. Mieux, le Président de la République s’est offusqué que celles et ceux qu’il est censé représenter ne se sentent pas heureux, leur demandant de comparer leur pays à d’autres moins bien lotis. Ceci dit tout de sa philosophie. Pourquoi pas le retour à l’esclavage, pour gaver encore plus les actionnaires. Car il y a un régime très spécial dont le pouvoir et ses porte-voix ne parlent jamais. C’est celui des revenus financiers du capital évalués à 290 milliards € et qui ne contribuent en rien au bien commun. Le gouvernement doit cesser de brouiller les cartes, de demander aux citoyens d’accepter une répartition équitable des sacrifices tout en cachant son projet fondamental : offrir l’immense manne des retraites socialisées aux rapaces de la finance en substituant la capitalisation à la répartition, en misant sur la baisse des pensions pour obliger les intéressés eux-mêmes à y recourir.
C’est parce que, très majoritairement, nos concitoyens dans leur diversité, du chef-lieu d’arrondissement jusqu’à la capitale, ont fait l’expérience des mensonges des gouvernements qu’ils défilent, soutenus par celles et ceux qui ne peuvent pas faire grève ou se rendre à une manifestation. Ils ne supportent plus que la « transformation » du pays par M. Macron soit synonyme de destruction de l’Etat social et des solidarités. Ils sentent bien que les lois successives qui usurpent le mot « réforme » ne sont que mises en cause des droits sociaux, qu’il s’agisse des lois travail, de la casse de des assurances maladie et chômage.
Pendant ce temps, ce sont la baisse de la fiscalité du capital, la suppression de l’impôt sur la fortune, le fameux prélèvement forfaitaire unique, la pérennisation du CICE, les diminutions des cotisations employeurs qui frappent à la caisse » les ressources des organismes mis en place à la Libération. La cohérence des choix macroniens saute aux yeux. Le calcul des retraites par point est un outil de pilotage pour baisser le niveau des pensions. En prenant en compte l’ensemble de la carrière pour le calcul des futures pensions, il devient un moyen de pression obligeant les salariés à accepter n’importe quel emploi, venant compléter les dispositions de la loi travail et de la contre-réforme de l’assurance chômage. C’est, de ce fait, le moyen aussi de faire pression à la baisse sur les rémunérations du travail. La contre-réforme des retraites est le dispositif supplémentaire pour marchandiser plus encore le travail, mettre les individus en compétition, et faire accepter un raisonnement non plus en fonction des besoins mais des « coûts ». Les mouvements en cours portent l’intérêt général.