Un coup de force ?

le 10 mai 2011

Au prétexte de réduire les déficits publics se prépare un véritable coup de force.

Personne ne souhaite que le budget national, celui de la sécurité sociale, de sa région ou de sa commune soit en déficit. Personne ne se satisfait d’un endettement insupportable.

Encore faudrait-il s’expliquer exactement sur les causes de ces déficits et dettes. Sont-elles dues à des dépenses sociales et publiques excessives ? Certainement pas ! Année après année, celles-ci reculent. La cause des déficits n’est pas un excès de dépenses pour le bien commun et la solidarité, mais un manque de recettes. Et ce manque de recettes est le résultat des cadeaux fiscaux et sociaux offerts aux plus fortunés, aux détenteurs de capitaux et aux grandes entreprises.

Quelques exemples édifiants : de la taxe professionnelle (8,9 milliards en 2010, 7,5 milliards prévus en 2011), aux multiples dérogations de l’impôt sur les sociétés (le régime des sociétés (sociétés mères, filiales),  34,9 milliards en 2009 ; le régime de l’intégration fiscale pour les groupes, 19,5 milliards  en 2008 ; la taxation au taux réduit des plus-values à long terme provenant de cessions de titres de participation, évalué à 6 milliards  en 2009 ;  jusqu’au bouclier fiscal (458 millions  en 2008, 679 millions en 2009, près de 700 millions en 2010) et la réduction de l’ISF. La liste est longue des cadeaux faits au capital (le Conseil des prélèvements obligatoires estime un manque à gagner de 172 milliards d’euros en 2010 pour les finances publiques au titre des exonérations de charge fiscales et sociales). A cela il faut ajouter les réductions des cotisations sociales des grandes entreprises comme les exemptions en matière d’épargne salariale (participation et intéressement principalement), dont le coût pour l’ensemble des finances sociales est chiffré à 9 milliards d’euros. Ou encore l’exemption de la contribution des employeurs à la prévoyance (4,5 milliards), qui se cumule avec d’autres avantages fiscaux et sociaux pour un coût total de 7,5 milliards.

A ceci il faut ajouter ce que l’on appelle le « service de la dette ». C’est-à-dire les intérêts que paie l’État aux banques, qui s’élèvent à 50 milliards d’euros. Autrement dit, les banques s’enrichissent de la dette publique que paient les contribuables.

Une véritable expertise contradictoire et un débat public devraient se tenir sur les causes des déficits et de la dette. Or, le pouvoir de droite et les institutions européennes ont décidé de se servir de cette situation, qu’ils ont créée, pour imposer dans toute l’Union européenne des purges sociales inconnues depuis la seconde guerre mondiale.

Pire, la Commission de Bruxelles veut décider a priori de la nature des budgets nationaux avant et à la place des Parlements nationaux. Et voilà que le gouvernement obtempère, le doigt sur la couture du pantalon, en tentant d’inscrire dans la Constitution un dispositif visant à interdire le déficit public, au-delà de ce qu’autorisent les traités de Maastricht et de Lisbonne.

Cela se fait dans un incroyable silence ! Aucun sujet à la radio et à la télévision sur ce véritable coup de force contre les droits sociaux des peuples et contre leur droit à décider. Ceci s’inscrit dans une opération plus vaste encore : celle du projet dit du « Pacte pour l’euro plus » qui a pour objectif d’imposer pour longtemps l’austérité aux peuples, alors que les banques et les institutions financières se gaveraient sur le dos des travailleurs et des retraités.

Ce pacte diabolique pour l’argent prévoit en effet, noir sur blanc, d’abaisser les salaires, de retarder encore l’âge donnant droit à la retraite et surtout de la privatiser en détruisant le système de retraite par répartition pour des systèmes tenus par les fonds de pension et compagnies d’assurance.

Et ce pacte impose aux États de réduire plus vite les dépenses sociales et publiques. Ceci veut dire qu’il y aura encore moins de facteurs, d’infirmiers, d’instituteurs et de professeurs, moins de conducteurs de train. Ce pacte ouvre la voie à une Europe supranationale où les décisions se prennent encore plus en dehors et contre les populations.

Ensemble, il faut briser le mur du silence sur le coup de force en cours. Des peuples se libèrent en ce moment de dictatures. Ce n’est pas ici qu’il faut laisser imposer les dictatures des rapaces des marchés financiers.

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0 commentaires


Anonymous 10 mai 2011 à 10 h 12 min

Ces gens-là sont de pures crapules dirigées par le petit caÏd de Neuilly-sur-Seine, lui même aux ordres du Grand Capital… rien de nouveau. Seulement voilà, à trop prendre le peuple pour un con, ça va finir par se voir. Ils agissent de manière ignominieuse parce qu’ils sentent de que le vent, potentiellement, peut tourner en leur défaveur. Ils tentent maintenant le tout pour le tout, n’hésitant devant aucun bassesse pour arriver à leurs fins. Quand le pouvoir use et abuse de sa force, la révolte n’est pas loin qui mènera à pas feutrer vers la Révolution qui hante les cerveaux d’un nombre croissant de personnes, écoeurées par des telles manoeuvres quand la misère, chaque jour se fait plus noire. M. Wauquiez et tous les parasites du même genre. Vos propos et les actions qui les sous-tendent, un jour ou l’autre, ils vous faudra les assumer pleinement. Devant le tribunal du peuple. Tôt ou tard, vos méfaits vous les paierez!! Soyez-en sûr! Nous y veillerons, car nous sommes légions et bien mieux organisé que vous ne vous l’imaginez. Encore un peu de temps, un tout petit peu de temps… et vous saurez ce qu’avoir peur veut dire. A très bientôt.

Dominique 10 mai 2011 à 10 h 22 min

Comment comprendre ce silence des médias, sinon que leurs servants placés aux postes clés, non de l’information mais de la communication (directeurs, présentateurs vedettes, rédacteurs en chef, …) sont aujourd’hui des militants convaincus du libéralisme ! Jusqu’à l’aliénation puisque dur comme fer, il n’y a pas d’autre voie. Et à ce titre il est NORMAL de faire obstacle à tout ce qui conteste et bien plus s’oppose à l’ordre naturel des choses ! On l’a bien vu lors de la campagne du référendum sur le traité de constitution européenne. Il fallait être d’une ignorance crasse pour le refuser, pour ne pas voir que c’était pour le bien des peuples disaient-ils. Il faut se rappeler de leur effarement au soir des résultats ! Quelques instants, ils ont senti le monde s’écrouler autour d’eux. Et non pas par les barricades d’une révolution mais par la volonté populaire démocratiquement exprimée par les urnes à la suite d’une campagne électorale exemplaire.
Une grande leçon citoyenne était, est et reste à tirer par les citoyens. En 2005 comme aujourd’hui — comme toujours dirons-nous — les forces conservatrices ne veulent pas la démocratie car elles savent qu’elle est leur pire ennemie.
Mais nos adversaires de classe l’ont tirée aussi. La “Démocratie” est à tenir en laisse et il faut profiter du sommeil des peuples pour marquer des points décisifs contre eux.
Ainsi du traité de la constitution européenne rebaptisé traité de Lisbonne passé comme une lettre à la poste. Sur la même lancée et sous les mêmes apparences ” démocratiques” — cette loi ne va-t–elle pas être présentée au Parlement ? — la volonté de faire entrer dans la Constitution l’interdiction des déficits publics. Diabolique dis-tu à juste raison. Car si par malheur cette manœuvre criminelle réussissait c’en serait fini de la Démocratie. Les élections deviendraient inutiles.
Certes nous avons vu déjà les “démocraties ” s’accommoder de taux d’abstention record ( la décision de passer du septennat au quinquennat ou les différents scrutins européens). Mais cette fois la boucle serait bouclée. Avant 1789 la monarchie était la manifestation de l’Ordre voulu par Dieu, aujourd’hui ce serait couler dans le marbre d’une Constitution de l’Ordre voulu par le Dieu Ploutos, celui du FMI et des marchés. Ce serait ancrer dans les consciences que les lois du marché sont immuables et aussi insurmontables que celles Newton.

Canelle 10 mai 2011 à 12 h 15 min

Faire payer le peuple qui se lève tôt, ou les malades, les personnes âgées, etc….. pour enrichir les banquiers et les nantis, ça ils savent faire !

Malheureusement en France, les gens pensent déjà vacances…….. !! Les français ne réagiront que lorsqu’ils seront face au mur… !

SAVE Ouattara Michèle 10 mai 2011 à 13 h 54 min

merci de toutes ces infos nous sommes des citoyens regroupés à travers divers réseaux, en Belgique et en Europe et la collaboration avec des députés européens conscients et favorables aux citoyens (ils ne sont pas si nombreux !) serait un plus, existe-t-il des points de contact possibles avec Patrick Le Hyaric ?

SAVE Ouattara Michèle 12 mai 2011 à 11 h 44 min

je lis avec un grand intérêt les articles de Le Hyaric et je les diffuse à tous nos amis progressistes, on continue de se lamenter mais que fait-on concrètement ? les grandes centrales syndicales organisent des manifestations folkloriques mais sans impact réel et le sentiement d’impuissance gagne les citoyens. En Angleterre, des citoyens commencent à réagir concrètement (sit in dans des entreprises et des banques, avec chants et distribution de gâteaux), en Belgique le Mouvement ouvrier chrétien a initié une réaction citoyenne avec d’autres syndicats et d’autres réseaux, des comités se mettent en place. Mais tout cela demande du temps et nous n’en avons plus … l’Europe met les bouchées doubles pour nous emprisonner durablement. Que peut-on faire ? Le parlement européen peut-il agir plus efficacement ? Que faut-il entreprendre pour que cette institution ait le pouvoir de décision et que la Commission européenne ne soit qu’un organe consultatif sans pouvoirs réels? Comme le dit justement un commentateur sur le site : les gens pensent déjà aux vacances, les citoyens sont abreuvés par les medias de jeux à la con ou d’interminables images sur le malheur des autres, qui leur parait bien éloigné d’eux. Sont-ils conscients de ce qui leur arrive ? Que faire pour qu’ils le soient ?

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