Sortir des crises et des guerres

le 26 décembre 2014

austérité

L’année s’étire lentement vers ses derniers jours, laissant derrière elle une multitude de questionnements et de doutes, une inquiétante glissade vers un brouillage de repères, poussant toujours plus à droite, qui va de pair avec le maintien de beaucoup trop d’entre nous dans les souffrances sociales, la précarité, l’incertitude du lendemain et la pauvreté. Pourtant, on annonçait la semaine dernière, que dans notre seul pays, les actionnaires des grandes entreprises recevraient 40 milliards d’euros  de dividendes. Joyeux Noël pour eux ! Cette période de fêtes, souvent conjuguée avec des retrouvailles en famille, crée une atmosphère particulière qui pousse bien naturellement à oublier les soucis du quotidien. Ce que des philosophes médiatiques tentent d’exploiter en appelant à « être positifs », comme ils disent, d’autant plus que la cote de popularité du Président de la République serait en hausse ! Ces illusionnistes sont à la manœuvre pour nous fabriquer une bulle qui enfouirait les questionnements, les doutes, la dureté de la vie pour l’immense majorité et surtout l’idée de chercher comment s’en sortir.

 

L’année aura été celle de l’accentuation des inégalités partout. Moins de cent personnes sur la planète disposent à elles seules d’autant de patrimoine que trois milliards cinq cent millions autres. S’entrechoquent dans notre pays les commémorations du centenaire de l’assassinat de Jean Jaurès quand ceux qui font mine de s’en réclamer font l’exact opposé de ses pensées et de ses actions, en participant à des choix européens et nationaux de destruction des droits sociaux et humains.

 

Le projet de loi dit « Macron », est une nouvelle étape du virage ultralibéral d’un pouvoir socialiste à qui les marchés financiers et les grands possédants font de plus en plus confiance pour les servir. Cette orientation fait et fera de plus en plus mal à la France, aux travailleurs, aux citoyens et à l’environnement. On ne peut d’un côté proclamer sa volonté de réussir la conférence sur le climat que Paris accueillera dans douze mois et présenter les déplacements en car comme le top de la modernité. On ne peut se réclamer de Jean Jaurès, du Front populaire et du Conseil national de la Résistance et détricoter une à une les lois sociales issues des luttes et de la gauche. Pas plus qu’en rejetant systématiquement toute proposition, d’où qu’elle vienne, se donne pour objectif de prolonger, dans les conditions de notre époque, la marche en avant de l’émancipation humaine. Ceux qui rêvent de faire tourner la roue de l’histoire à l’envers ont l’audace de se parer des vertus de la modernité et d’en déposséder ceux qui ambitionnent de la faire coïncider avec une avancée de civilisation. Il en résulte une régression absolue contre laquelle tout républicain, attaché à une République sociale et solidaire, doit se lever.

 

Certes, le combat est rude. Mais les travailleurs des villes et des campagnes, les privés d’emplois, les retraités et les assurés sociaux, les défenseurs du bien commun et du service public, les femmes et les hommes de culture  ne doivent pas se laisser emporter par cette chimère selon laquelle la lutte des classes n’existerait plus alors qu’elle affleure par tous les pores de la société et de la planète.  Ce qui est nouveau aujourd’hui, ce n’est pas la fin de la lutte des classes mais bien que les forces du capital y aient pris l’ascendant sur celles du travail et de la culture et qu’elles se croient tout permis. N’a-t-on pas vu la Commission européenne s’ingérer ouvertement dans les  élections présidentielles en Grèce ?  Ou encore la vente à une société américaine du cœur d’Alstom, un de nos fleurons industriels comme au nom de « leur modernité », ils avaient livré les autoroutes à des groupes privés qui se sont outrageusement engraissés sur le dos des contribuables et des automobilistes ? Leurs larmes de crocodiles versées devant les caméras ne nous impressionnent pas. Décidemment, il est temps de revenir à la notion de biens communs et d’aider nos concitoyens à pouvoir se dégager de la gangue propagandiste des serviteurs de l’argent contre l’intérêt général. Ce devrait être l’une des missions des forces du Front de gauche, en vue de travailler patiemment et passionnément à rassembler l’immense majorité de celles et ceux qui n’ont qu’un ennemi en face d’eux : la finance et ses serviteurs.

 

Il faudrait le faire non pas à partir de postures préétablies, mais en partant des aspirations populaires les plus simples, en éclairant le chemin pour y apporter les réponses les plus adaptées à la période, avec le souci de rassembler le plus grand nombre autour d’elles, c’est-à-dire bien au-delà de ce que le Front de gauche ou aucune autre force a pu  rassembler jusque-là. Le travail est immense mais nous n’avons pas le choix. Evidemment, nos journaux sont partie prenante active d’un tel mouvement alors que  l’année qui se termine révèle un mal profond avec des idées régressives, parfois nauséabondes, des peurs que l’on pensait disparues sur une multitude de questions, ont pris une ampleur inquiétante,  jusqu’à permettre des transferts entre élus et responsables de l’UMP vers le Front national.

 

Il est de la responsabilité de tout partisan du progressisme de se lever avec d’autres pour ne pas laisser notre peuple s’échouer dans la désespérance. Cette action doit s’inscrire dans un cadre général de la transformation du monde, faisant refluer la guerre économique ; agissant pour repousser les guerres qui se développent et celles qui fermentent dangereusement dans un capitalisme globalisant qui exacerbent une multitude de contradictions. La reprise du dialogue entre les Etats-Unis et Cuba, après des décennies de blocus est une excellente nouvelle. Elle indique le chemin à suivre pour débloquer la situation périlleuse qui, depuis l’Est de l’Europe, fait courir les plus grand risques à tout le continent et au-delà. Les pressions redoublées des Parlements nationaux et du Parlement européen pour que les Etats reconnaissent celui qui, de droit, revient  aux palestiniens, est un pas en avant, mais le refus d’un front commun mondial contre la colonisation israélienne contredit la volonté populaire exprimée par les parlementaires de nombreux pays européens. Le projet d’une conférence nationale sur les enjeux auxquels sont confrontés le Proche et le Moyen-Orient  devrait être placé avec plus de force à l’ordre du jour. Ceci nécessite certainement un nouveau type de dialogue, une Organisation des Nations-Unies refondée, démocratisée, tenant compte du monde d’aujourd’hui tout en étant fidèle à sa charte.

 

Evidemment, ce sont là encore les citoyens, les peuples qui doivent disposer des moyens d’agir pour la paix et le désarmement, l’éradication du terrorisme et pour obtenir un processus réorientant les modèles de développement actuels pour placer en leur cœur l’homme et la nature. La récente conférence sur le climat à Lima n’y prépare pas pour l’instant. Il reste une année d’ici la conférence de Paris pour tenter d’obtenir des résultats. Ne ménageons pas nos efforts en ce sens.

 

L’année qui se termine laisse derrière elle beaucoup de nos concitoyens au bord des routes, ici et ailleurs. D’autres meurent dans la Méditerranée en cherchant à fuir les misères et  les guerres. Ceux qui arrivent ici ou leur enfants sont désormais fustigés par une droite extrémisée, sous pression d’une extrême droite montante dans toute l’Europe. Et il ne suffira pas d’une inauguration de musée ou  une énième loi sur  l’immigration pour que revivent la fraternité et la solidarité, même si cela peut y participer. La crise fait mal. Elle est celle d’un système qui s’y adapte et en profite. A nous, patiemment, d’aider, d’aider toujours à rassembler celles et ceux dont les intérêts ne peuvent pas être confondus avec ceux qui profitent d’eux et de la crise. C’est le grand chantier de l’heure.

 

Bonnes fêtes de fin d’année.


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