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Le texte intégral :
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, cher(e)s Ami(e)s, cher(e)s Camarades,
En ouvrant la 75ème édition de la Fête de l’Humanité, nous célébrons le 80ème anniversaire de sa création.
Quatre-vingt ans et pourtant la Fête de l’Humanité est la Fête de la jeunesse et de nos nouveaux futurs!
Avant d’y revenir, je veux la placer sous l’égide de la réalisation des droits humains contre la liberté absolue et rapace du capital. Droits pour toutes et tous d’accéder à l’alimentation, à la santé, à l’énergie, à l’éducation, à la culture, à la sécurité d’un travail épanouissant, au droit à la retraite à 60 ans.
Je veux aussi d’emblée placer notre Fête sous l’égide de la liberté pour nos deux confrères de France Télévisions, Hervé Guéquières et Stéphane Taponier et leurs accompagnateurs, retenus dans la noire nuit de la montagne afghane, aux mains de barbares.
Je veux placer notre Fête sous l’égide de la liberté pour les femmes iraniennes, notamment Sakineh et Shiva. Pour la liberté d’un jeune homme de 25 ans qui vient de dépasser les 2000 jours d’enfermement dans les geôles du pouvoir israélien, Salah Hamouri.
Notre Fête a 80 ans.
Pour la première fois depuis longtemps notre Fête se trouve aux confluences de mouvements sociaux et citoyens puissants, pour défendre les valeurs républicaines, le droit à l’éducation, le droit à la retraite, le droit au progrès social. Elle s’en enrichit et enrichit nos réflexions communes.
80 ans ! En effet, le 7 septembre 1930, naissait la Fête de l’Humanité.
C’est, parce que le pouvoir de l’époque, en 1929, étouffait financièrement l’Humanité, pourchassait, arrêtait et emprisonnait des militants communistes, accusés d’être une menace contre la sureté de l’Etat que Marcel Cachin, directeur de l’Humanité et ses collaborateurs, décidaient de créer la première Fête pour donner à son journal des ressources financières supplémentaires.
En même temps, il lançait un mode original de diffusion du journal en fin de semaine avec la création des « comités de défense de l’Humanité », devenus depuis sous l’égide de Roland Leroy « comités de diffusion de l’Humanité ».
Ainsi, depuis 1930, chaque année, sauf durant les années noires de l’occupation nazie, s’est tenue cette belle Fête, porteuse tout à la fois de révolte contre l’ordre établi, de fraternité, de culture, avec des concerts, des expositions, du théâtre, du sport.
Ici c’est la belle tradition des fêtes populaires qui prime.
Entrer ici, c’est naturellement entrer dans un lieu où soudain naît l’envie de faire société ensemble, de faire monde commun. Ici, c’est un lieu d’humanité. Un lieu d’espérance. La belle espérance proclamée par Jean Jaurès, celle de la réalisation de l’humanité.
Dans un monde miné par une crise totale pouvant menacer la civilisation elle-même, ici prend sa source et se fortifie une culture commune du respect de l’autre, de la solidarité, du vivre ensemble. Ici vit une culture d’émancipation humaine. Ici, le débat, l’écoute de l’autre, le besoin d’apprendre et de comprendre sont érigés en valeurs et en leviers pour l’action. Ici, ce qui prime c’est « le goût de vivre enfin sans mesures et sans frontières » pour reprendre un beau chant de Jean Ferrat.
La longévité de la Fête étonne dans de nombreux milieux. Sa force aussi. Son succès plonge ses racines dans le mouvement populaire, dans ce puissant besoin d’émancipation, dans la lutte obstinée contre tout ce qui oppresse, domine, spolie, exploite et freine la marche des êtres humains vers l’humanité.
C’est ce qui ressort de l’exposition que nous vernissons ce soir baptisée : « Images de la Fête, 1930-2090 ».
Cette exposition a nécessité un grand travail de recherche et de collecte de documents, afin de vous présenter une collection quasi complète des affiches et des vignettes de la Fête de l’Humanité depuis sa création.
Je tiens à remercier l’ensemble du collectif chargé d’organiser l’exposition pour ce travail remarquable, ainsi que les archives départementales de la Seine-Saint-Denis et l’association Mémoire d’Humanité pour leur concours. Et naturellement les lectrices, lecteurs, amis du journal qui ont fouillé dans leur grenier pour nous proposer des documents rares et précieux, parfois oubliés.
Les affiches ici rassemblées délivrent chacune un message à nos concitoyens, en lien avec l’actualité et son époque.
Mais qu’elles soient signées de Picasso, Lurçat, Di Rosa, Wolinski, Miss Tic, Grapus, Jouffroy, Quarez, ou d’artistes moins connus, toutes portent la marque du vivre ensemble, des valeurs d’égalité, de liberté, de solidarité, le désir d’humanité.
En parcourant le mur de l’exposition qui valorise les affiches historiques de la Fête, on ne peut s’empêcher de penser aux milliers de militants qui, génération après génération, se sont approprié chacun de ces visuels, les ont popularisés, ont vendu les vignettes-bon de soutien, ont collé ces affiches, ont contribué, chacun à sa manière, à faire ce qu’est la Fête aujourd’hui.
Ce qui fait la force de la Fête c’est qu’elle est une aventure humaine, une œuvre collective, une association d’actes militants dans la rencontre de l’autre. Nous pouvons tous en être fiers.
Seule cette mobilisation autour de la Fête et du journal peut nous permettre de projeter cet événement dans le futur. Le futur de la Fête, l’avenir d’un lieu commun de solidarité et de fraternité. Un lieu où l’ensemble des forces progressistes de France, d’Europe et du monde peuvent se rencontrer, se confronter et construire ensemble.
Nous avons demandé à 21 artistes d’imaginer le visuel de la Fête de l’Humanité 2090, dans 80 ans. Comme un pied de nez à tous ceux que la Fête dérange, pour leur dire qu’il faudra compter encore longtemps avec ce rendez-vous exceptionnel.
Merci à Blaise Arnold, Michal Batory, Pierre bernard, Olivier Cauquil, Daniel-Yvon Coat, Michel Coudeyre, Evelyne Deltombe, François Féret, Michaël Gaumnitz, Jérôme Gosselin, Alex Jordan, Jean-Pierre Jouffroy, Michel Joulé, Léo Kouper, Sasha Léopold, Rudy Meyer, Michel Quarez, Andrea Rauch, Thibaut Robin, Michel Robledo et Pierre Vauconsant, pour leur regard sur le futur de la Fête. Regards originaux et personnels comme le sont les nôtres. C’est la richesse de cette exposition.
Les 80 ans de la Fête sont également célébrés à travers la parution d’un très beau livre, écrit par Valère Staraselski, avec l’aide du directeur de la Fête, Silvère Magnon et les éditions du Cherche-Midi. Il vous permet de voyager dans le temps, de retrouver les souvenirs, le patrimoine culturel, politique et social français.
Notre Fête sera aussi l’occasion de fêter le 80ème anniversaire des « Comités de diffusion de l’Humanité » et de se remémorer, qu’à travers le temps, notamment depuis les années 1930, la force de l’Humanité repose sur une force militante sans équivalent.
Rendons hommage et remercions tous les militants et militantes qui chaque fin de semaine vont vendre l’Humanité Dimanche dans leurs quartiers, leurs entreprises, à toutes celles et ceux, près de 5000 l’an passé, qui ont réalisé un « abonnement de parrainage » à l’Humanité ou à l’Humanité Dimanche.
La rénovation de nos journaux et de notre site internet depuis la dernière Fête, permettent à l’Humanité de conserver une audience et une diffusion stable dans un contexte difficile pour la presse.
Nous allons proposer, à partir de cette Fête, de travailler à de nouvelles initiatives pour élargir la diffusion de nos journaux et l’audience de l’Humanité.
En ce sens, nous proposons que sur la Fête, toutes celles et ceux qui le veulent, puissent participer à la campagne « d’abonnements découverte » à l’Humanité Dimanche qui permettra aux nouveaux lecteurs de recevoir l’Humanité Dimanche chez eux pendant 3 mois.
D’autre part, nous renouvelons cette année notre initiative « Humanité-Jeunes-Libres Echanges », afin de permettre à des milliers de jeunes de 18 à 25 ans de découvrir gratuitement l’Humanité 6 mois durant et d’écrire dans le journal une fois par semaine. Et en permanence sur notre site internet en devenant des jeunes correspondants de l’Humanité.
Chers ami(e)s,
Il y’a quelques mois le peuple des travailleurs et de la jeunesse, le monde de la culture et de la création a été saisi d’une immense émotion, d’un immense chagrin, quand, un samedi de veille de printemps, il apprenait le décès de notre ami Jean Ferrat.
Jean, à deux reprises, a fait résonner sa forte voix à la Fête, réchauffant les cœurs, nourrissant les esprits et en 2004, l’année du 100ème anniversaire de l’Humanité, il a partagé avec nous ses beaux idéaux de justice, de liberté, de paix, de « cet idéal qui nous pousse à nous battre encore aujourd’hui ».
Jean Ferrat sera parmi nous à la Fête. De différentes manières. Une avenue de la Fête est rebaptisée en son honneur. Nous représentons l’exposition présente cette année là et qui a fait le tour de la France depuis : « Jean des encres, Jean des sources ».
Dans le prolongement de cette inauguration, je vous invite à participer, tout à l’heure, à l’Agora de l’Humanité aux témoignages de ses proches : Roland Leroy, Colette Ferrat, Francesca Solleville, Allain Leprest, Jean Ristat et Pierre Gosnat.
Demain soir, les Amis de l’Humanité organiseront une soirée en son honneur. Samedi, le Village du Livre traitera du thème «Aragon-Ferrat : De la poésie à la chanson ».
Et samedi après-midi, nous vibrerons tous ensemble, pour un moment exceptionnel, animé par l’un de ses amis, Michel Drucker, nous chanterons ses chansons avec Allain Leprest, Francesca Solleville, Enzo Enzo, Sanseverino, Gehan, Clarika, André Mainvielle, D’de Kabal.
Cher(e)s ami(e)s,
Comparaison n’est jamais raison. Il y’a 80 ans, au moment de la création de la Fête de l’Humanité, le monde était presque terrassé par la crise de 1929 et les risques qu’elle induisait. Le Parti communiste sortait d’une période de sectarisation et posait avec audace les premières marches qui allaient faire grandir une initiative politique unitaire marquante de l’histoire de France, le Front Populaire. Une alliance originale entre la gauche politique, syndicale, associative, intellectuelle.
Je le répète, les conditions sont tout à fait différentes, mais la profondeur de la crise économique et sociale, écologique et de la dangereuse crise politique me font personnellement souhaiter que cette Fête plus que celle des années passées, soit évidemment ce lieu de détente, de joie, du plaisir d’être ensemble, dans ce monde de violence et de haine répandue, mais aussi un lieu de création politique à gauche.
Elle va être le lieu de confluence sur un enjeu majeur, un enjeu de civilisation : celui du droit à la retraite à 60 ans, qui convoque, tout à la fois, les questions de partage des richesses, du travail, de sa qualité, de sa sécurité et de l’avenir des jeunes.
Elle va aussi être un tremplin pour aider à réussi les mobilisations prévues les 15 et 23 septembre et aider à leur faire trouver un débouché politique progressiste.
L’enjeu et le moment sont importants.
A l’opposé de la politique spectacle, celle des petites phrases et de l’image, il est urgent de redonner ses lettres de noblesses à l’activité politique, conçue comme le moyen pour les êtres humains de progresser vers un présent et un avenir meilleurs.
Face aux défis actuels du monde, la résolution d’une crise totale, économique et écologique, sociale et politique, culturelle et morale, suppose que la gauche travaille dur, réfléchisse, confronte des analyses et des expertises, les mette à la disposition des citoyens, décide avec eux d’un processus inédit de construction et de mise en œuvre d’un projet innovant qui fasse des êtres humains et de la nature les priorités.
Rien à voir avec les mots creux répétés en boucle, les images du spectacle politicien télévisuel qui cache l’assourdissant silence sur le fond des idées et des projets. Un travail profond est à faire.
Notre Fête est un lieu pour y contribuer.
Comme à toute période de l’histoire, le génie humain peut découvrir dans le débat, dans la confrontation fraternelle, une organisation sociale supérieure au vieux capitalisme en crise.
Les forces, partie intégrante du Front de gauche et beaucoup d’autres qui pourraient le rejoindre, doivent ambitionner de porter cette responsabilité. Elles proposent non pas un aménagement du système actuel mais sa subversion, son dépassement dans un processus « d’évolution révolutionnaire ». Elles doivent le faire la main tendue, en aidant à construire un rassemblement populaire large, unitaire, à vocation majoritaire, conscient du niveau des changements à opérer.
C’est le sens du projet de pacte unitaire des citoyens pour le changement progressiste qui sera en débat ici. “Pacte des citoyens” eux-mêmes, n’est-ce pas là l’innovation majeure à apporter pour réussir ce qui ne l’a jamais encore été. Pour ma part, j’en ai la conviction.
Ici, nous pouvons montrer en actes, un changement des pratiques et de la politique elle-même.
C’est, il faut en avoir conscience, ce qu’attend notre peuple avec impatience.
Cette Fête et ce qui en sortira, nous devons le faire pour la multitude de celles et ceux qui souffrent et qui recherchent les moyens de reprendre leur vie en mains. Une Fête pour notre peuple. La Fête est à vous.