Réquisitionner le capital pas le travail

le 17 octobre 2022

Lors de leurs grandes luttes en 1963, les mineurs bénéficiaient d’une certaine sympathie des médias d’alors, à tel point que le Premier ministre G. Pompidou s’était plaint à l’ORTF. Les temps ont bien changé.

Les médias dominants sont propriété des dominants et dans le service public les rédactions en chef sous pression ne veulent pas déplaire. C’est ainsi que le complexe médiatique, comme à chaque fois que les travailleurs réclament leur simple dû, s’acharne tous ces derniers jours à répandre des mensonges sur les rémunérations des travailleurs de la pétrochimie, puis sur les résultats des premières négociations et tente de les isoler du reste de la population, des artisans, des médecins et infirmières, des paysans qui évidemment subissent les inconvénients de l’assèchement des stations de carburants.

On assiste à la même pression médiatique lorsque les travailleurs de l’énergie, des transports, où les agents des collectivités territoriales luttent, cessent le travail parce qu’on ne les écoute pas. Ce n’est pas une catégorie de travailleurs qui empêche d’autres de travailler, c’est le capital qui refuse de rémunérer le travail et d’assurer la sécurité de l’emploi. Tous les salariés ont des intérêts communs : ce sont elles et eux qui font fonctionner le pays, elles et eux qui en font la richesse. Pas les actionnaires.

Quand les libéraux-conservateurs expliquent que ce serait grâce à ces derniers que les entreprises existent, ils travestissent la réalité pour continuer à dominer. L’actionnaire déplace ses capitaux au gré de la rentabilité du capital, obtenue en pressurant les salaires des ouvriers comme des cadres ainsi que l’emploi.

Ainsi, ils ne souhaitent pas d’augmentation des rémunérations chez Total, car cela leur permet de percevoir un bonus de dividendes de 2,6 milliards d’euros. Et, l’entreprise elle-même rachète ses propres actions pour la somme de 7 milliards afin de faire monter le prix de l’action, donc sa cotation en bourse, qui elle-même enrichit les actionnaires-propriétaires de l’entreprise contre les intérêts des travailleurs comme des consommateurs.

Même si Total décidait d’octroyer à ses 105 000 salariés dans le monde une prime de 4500 €, cela ne représenterait qu’une somme de 472 millions d’euros.

On voit ici la disproportion dans le partage de la valeur au sein de la multinationale du pétrole. Les salariés, là comme ailleurs, ne demandent que des augmentations compensant l’inflation. Ce faisant, ils montrent que leurs actions sont d’intérêt général et posent une question politique de premier ordre : celle de l’indexation des salaires sur l’évolution des prix et l’augmentation du SMIC.

Tous les travailleurs, les retraités comme les privés d’emploi qui sont contraints de faire la queue devant une station de carburant y ont intérêt. Cela fait des mois que cette question est posée dans toute la société. Tout le monde a compris que pendant que le pouvoir demande aux foyers populaires de s’astreindre à la « sobriété », les propriétaires du capital se gavent à la fois sur l’exploitation du travail et sur l’augmentation des prix à la consommation notamment avec la spéculation.

Les revendications salariales portent donc sur un enjeu fondamental : le partage de la valeur ajoutée créée par le travail. De même, l’augmentation du prix de l’électricité n’est pas le résultat d’un phénomène naturel. Elle est une conséquence de la décision politique qu’est l’unique marché unique européen de l’énergie, faisant découler le prix de l’électricité sur celui du marché du gaz engraissant ces mêmes mastodontes de la pétrochimie.

C’est donc la cohérence politique ultralibérale qui écrase salariés et retraités, paysans et artisans, médecins libéraux et petits transporteurs, qui est fortement contestée, auquel s’ajoute le refus du recul de l’âge ouvrant droit à la retraite à 65 ans rapidement puis… 67 ans par la suite. L’idée peut grandir que l’adversaire n’est ni le voisin ni celui qui exerce une autre profession, qui, elle aussi participe de l’intérêt général, mais les grands groupes qui confisquent les richesses créées par le travail.

Ce sont ces aspirations que le pouvoir veut par tous les moyens étouffer : diviser les classes travailleuses, réquisitionner les salariés au mépris des conventions de l’organisation internationale du travail, faire voter des textes automatiquement sans vote du parlement avec l’utilisation de l’article 49.3. Sans oublier les nombreux militants syndicaux inquiétés.

Cette orientation autoritaire sert le grand capital. À l’exact opposé des nécessités de l’heure. C’est en permettant aux salariés de délibérer et de participer aux décisions stratégiques des entreprises et de la nation qu’une nouvelle efficacité mêlant progrès économique, développement humain et progrès environnemental verra le jour.

Comment croire que l’on puisse laisser les impératifs de transition énergétique, industrielle, agricole, numérique, environnementale dans les mains des multinationales de l’énergie et de l’automobile ou encore aux banques qui marchandisent le travail et la nature ?

De nouvelles études parues la semaine dernière montrent le préoccupant niveau de détérioration de la calotte glaciaire, la destruction de la biodiversité animale et la montée des niveaux de la mer qui ronge les côtes. Les combats pour abolir les inégalités, impulser le développement humain, bloquer les bouleversements climatiques et défendre la biodiversité appellent à créer les conditions de « la souveraineté » des travailleurs sur leurs activités dans une grande alliance avec tous les mouvements sociaux, coopératifs et pour le climat.

Ces convergences portent en germe l’aspiration à une alternative post-capitaliste pour l’égalité et la justice sociale, la justice environnementale et un nouvel âge de la démocratie dans la cité comme à l’entreprise. C’est le capital qu’il faut réquisitionner !

Patrick Le Hyaric le 17 octobre 2022.

Source: https://fr.statista.com/infographie/27881


1 commentaire


alain harrison 20 octobre 2022 à 2 h 18 min

Les produits chimiques toxiques sont reconduits. Il n’y a pas d’alternative même raisonnable, seulement des improvisations coup de com.
Les gouvernements État de droit est une faillite. (quelque soit leur dénomination).

La Constituante Citoyenne et le parti citoyen: pour légitimer et reconnaître au niveau du droit internationale. Déjà expliqué.

Mouvement social populaire ? Deux mots en parti démonisé, et de toutes part.

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