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La surenchère ultra-droitière du Président de la République et de ses sbires politiques toute la semaine dernière est à la fois une stratégie de diversion et une nouvelle inquiétante inflexion des choix vers la droite extrême. Ils ont besoin de placer un épais écran de fumée sur l’affaire dite « Woerth- Bettencourt ». Celle-ci révèle en effet aux yeux d’une immense majorité de nos concitoyens de toutes opinions confondues que la République sarkozyste est loin d’être irréprochable. Ensuite, ceux qui ont pu croire au fameux mot d’ordre « travailler plus pour gagner plus » découvrent deux choses insupportables. D’abord la connivence du parti au pouvoir et des ministres avec les milieux d’affaires et les grandes fortunes à un point qu’ils n’imaginaient pas. Ensuite le fait que ces milieux de la haute finance bénéficient grâce à ce pouvoir de réductions d’impôts, alors que celles et ceux qui n’ont que leur travail ou leur retraite pour vivre souffrent de plus en plus.
Refusant tout débat public et contradictoire sur des issues positives à la crise et voulant à tout prix imposer une attaque en règle contre le système des retraites, le chef de l’État cherche à reprendre l’initiative pour déplacer les termes du débat politique. Une nouvelle fois, il prend prétexte de l’insécurité. Comme il en est le responsable depuis l’année 2002, on peut aisément lui rétorquer qu’il critique en quelque sorte ses propres choix, notamment ceux du tout répressif. Mais il a choisi cette fois délibérément de reprendre des idées extrémistes du Front National. On peut se demander dans quelle mesure un Président de la République, garant de la Constitution et représentant des valeurs de notre République, peut s’autoriser de telles déclarations dans la France des Lumières ; de 1789 et du Conseil National de la Résistance. Sa réthorique est un mélange nauséabond de la France vichyste et Berluscono-Bushisme. Ses mots préférés semblent être désormais ceux de « guerre nationale ». Contre quel ennemi de l’intérieur ? L’étranger. La banlieue populaire est assimilée à la délinquance. Non content d’avoir depuis sept ans transformé chaque fait divers en proposition de loi, il se propose désormais de créer deux catégories de français. Ceux « de naissance » dit-il et ceux d’origine étrangère, bafouant ainsi un principe fondamental énoncé à l’article 1er de la Constitution déclarant l’égalité de chaque citoyen devant la loi, sans distinction d’origine. Il veut encore modifier l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs qui a déjà été réformée… à sept reprises. De changement en changement, la justice n’aura plus la liberté d’apprécier le niveau des peines à infliger. Des normes policières suffiront.
Cette stratégie délibérée, décidée il y a quelques jours comme contre feu lors d’une réunion du bureau politique élyséen, a permis aux chiens de garde ministériels de monter encore la gamme. M. Hortefeux assurant le service après-vente, en ajoutant son odieuse pincée d’amalgame xénophobe, raciste et haineuse. Et un certain M. Ciotti, député UMP, demande, lui, d’emprisonner les parents qualifiés « d’irresponsables » lorsqu’ils ont des mineurs difficiles. Et le sieur Besson en personne est chargé de traduire les nauséeux propos présidentiels et UMPéistes extrêmes droitiers dans une loi qui serait d’abord discutée par le Sénat. Mais devinez quand ? Le 7 septembre ! Pardi ! Le jour même du débat sur les retraites à l’Assemblée Nationale. Quelle belle logique à tout cela. Certains évoquent seulement l’idée d’une diversion. C’en est une certes ! Mais il ne faudrait pas croire qu’il ne s’agit là que de mots, de discours sans importance ou sans suite. Depuis le début du quinquennat, de glissades en glissades vers la droite, les lois ont changé dans un sens toujours plus liberticide. Et, de loin en loin, un climat de division, de méfiance, parfois de haine, est accrédité et validé au sommet même de l’État. C’est exactement le contraire de l’unité d’une République commune. Certes, les propositions émises sont, à ce jour, anticonstitutionnelles. Mais on n’a jamais tant modifié la Constitution pour modifier peu à peu notre régime politique.
De même, on aurait grand tort de ne pas s’alarmer de la valse des préfets et leur remplacement par des super-policiers ; commandants de gendarmerie, de la DST ou du Raid. Les préfets, inventés par Napoléon au lendemain du coup d’État du 18 brumaire, étaient chargés de veiller à la mise en œuvre de sa politique. Le prétexte est l’insécurité, mais au moment où l’insécurité sociale va faire grandir la protestation sociale, ces préfets d’un nouveau genre auront pour mission de la combattre. Cette dérive ultra droitière est inquiétante à tous points de vue. Elle doit être combattue avec vigueur dans l’unité la plus large, par tous les républicains sans distinction d’opinion. De nombreuses organisations démocratiques et progressistes ont décidé ensemble, sur proposition de la Ligue des Droits de l’Homme, de répliquer le 4 septembre dans une grande manifestation partant de la République. Toutes celles et tous ceux qui ont la République au cœur feront tout pour en assurer le succès.
En même temps, si une guerre nationale devait être déclarée par l’État, ce devrait être un combat sans merci contre la pauvreté, le chômage et la mal-vie qui s’étendent. La défense des services publics, la réhabilitation des quartiers populaires, l’accès à l’éducation, à la santé, au logement pour tous doivent faire l’objet de grandes batailles politiques. Et le combat engagé pour défendre la retraite à 60 ans ne doit pas faiblir.
Nous le disons avec gravité. Attention ! Il y a danger ! Organisons les répliques indispensables pour la République.
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Merci Patrick, tu as dit exactement ce que je pense mais beaucoup mieux que je n’aurais su le faire. Je suis très pessimiste sur notre avenir proche bien que je sois de toutes les manifs mais Sarko va trop loin et beaucoup de gens ont l’air de vouloir le suivre au moins sur ses discours sécuritaires. A chaque fois qu’un policier ou un gendarme est abattu sous un prétexte futile, la colère gronde et j’ai peur. Car peu de personnes font le lien avec le chômage, les gros revendeurs de drogue, la vie épouvantable des gens dans les cités, l’Education Nationale qui laisse sortir beaucoup trop de jeunes sans connaissances générales et sans compétences professionnelles. J’ai peur de toutes les idées malsaines qui traînent sur le net. J’ai 72 ans et je crois que je n’ai pas vécu auparavant de période aussi dangereuse. Salutations fraternelles et solidaires
C’est exactement ce que je pense . Je vais m’employer à faire partager cette analyse .
Bravo….
oui il ne s’agit pas que de mots et ce n’est pas qu’un écran de fumée. La logique est implacable pour qui sait faire les liens dans tout ce qui s’est dit. depuis 2007 et même avant par un certain ministre de l’intérieur.
Le fascisme vient au secours du capitalisme en crise.
La République nous appelle.
et Karl MARX n’a jamais été aussi présent. Nous sommes au bout des contradictions du capitalisme
L’autre jour, je parlais du manque de gouvernance du Sarkosysme.Votre dernier écrit me fait réfléchir et revenir sur cette idée.
Apparemment ,le président réagit de façon pulsionnelle, sans réflexion.L’agitation l’habite.Mais lorsqu’il s’agit de préserver les intérêts de sa caste voire de les faire fructifier ,il ne perd pas la tête .L’a-t-on déjà pris en flagrant délit de déroger à ce principe pour venir au secours de celles et ceux qui peinent chaque jour, davantage?
Toutes ses mesures tendent à rétablir une Droite plus dangereuse que l’Extrême Droite car elle ne se nomme pas.
Les Français et les Françaises ne sont pas dupes ;le coup de la sécurité ,il nous le répète chaque fois qu’il est en danger.Les Affaires ,toutes reliées au financement de la dernière campagne présidentielle meritent d’être jugées par une commission indépendante ,il est heureux que le juge d’instruction n’est pas été supprimé malgré le souhait du gouvernement c’est le ,dernier rempart qui assure l’indépendance de la Justice face à l’exécutif.Quand la riposte est forte le gouvernement cède il en sera de même pour les retraites.Que signifie: un policier devient préfet?Je rêve ,nous y sommes ,plus besoin de biaiser;notre état se déclare en voie de dictature .
Pourrons-nous continuer à nous entretenir ainsi longtemps ;je voudrais plus de renseignements sur la loi future ofppis,(je ne me rappelle plus le sigle)?Merci ,monsieur le Hyaric de nous en parler bientôt .
Est-ce que les archives de l’Humanité seraient preneuses d’un journal l’Aurore qui date de 1898 et dont l’éditorial “J’accuse de Zola”est un document historique? Evidemment, j’aimerais vous le donner ,Patrick ,pour votre journal auquel vous donnez ses lettres de noblesse .N’y voyez pas de jeu de mot!
@poidevin michèle
Réponse à votre question il s’agit sans doute de la loi LOPSI associée à la Loi Hadopi toutes les 2 liberticides : voir
http://fr.wikipedia.org/wiki/LOPSI et http://fr.wikipedia.org/wiki/Hadopi
pour Hadopi :voir article sur notre blog spartakoïd : http://zafx.tuxfamily.org/spip/ecrire/?exec=naviguer&id_rubrique=28
Aujourd’hui, à Rosny sous bois, dans le “93” tant décrié par Sarko et sa bande, Sylvester Stallone en personne est venu présenter son nouveau film à un public jeune, populaire, enthousiaste et visiblement heureux de cette marque de respect. Le directeur de cette salle mérite un coup de chapeau. Même si l’intention commerciale est évidente, c’est une énorme claque à Sarkozy qui n’ose plus se rendre dans les banlieues populaires. S’il devait y aller un jour ce serait avec 100 cars de CRS, 30 hélicoptères, 20 tanks prêts à tirer et, s’il y a un fleuve à côté, 10 sous-marins…! Il faut arrêter ce bouffon avant qu’il ne détruise la République.