Peuples européens, unissons-nous

le 29 avril 2010

  

De réunions du Conseil européen en communications devant le Parlement européen, on nous explique depuis plus de deux mois que l’Union européenne soutient la Grèce.  

  Or, jour après jour, ce pays sombre dans les difficultés jusqu’à agoniser pendant que les vautours de la finance se repaissent de la dette qu’il a accumulée. En vérité, la Grèce n’a à ce jour reçu aucun euro et ceux qu’on lui promet vont coûter très chers à sa population, livrée aux griffes des rapaces de la finance sans que les institutions européennes ne lèvent le petit doigt.  

Les mêmes banques qui ont reçu hier d’énormes fonds publics pour se relancer, prêtent aujourd’hui de l’argent à la Grèce à des taux d’intérêt exorbitants, dépassant certains jours les 8%. 

Autrement dit, les compagnies bancaires, financières et d’assurances font des profits sur une dette, tout en demandant au peuple de payer non seulement les déficits mais le service de la dette au nom d’un prétendu assainissement budgétaire. Ainsi, est décidé le gel voire la baisse des salaires, la réduction des dépenses sociales et publiques utiles, le rationnement des crédits pour l’école et les hôpitaux, le recul de l’âge de départ à la retraite, l’augmentation des taxes sur les combustibles, le tabac, les téléphones portables, l’augmentation de 2% de la TVA. 

Et les autorités européennes, épaulées désormais par la pieuvre du Fond Monétaire International en veulent plus. La Banque centrale européenne qui a prêté hier à de très faibles taux d’intérêt aux banques privées, est interdite de prêter aux Etats à partir de l’article 123 du traité de Lisbonne. Et la Banque européenne d’investissements qui a contribué à augmenter la dette  grecque en finançant notamment les travaux préparatoires aux Jeux Olympiques est aux abonnés absents. Où sont l’idée et la solidarité  européennes dans tout cela ? Nulle part ! Où sont passés les grands promoteurs des traités de Maastricht, du feu projet de Constitution européenne et du traité de Lisbonne qui promettaient aux peuples d’ouvrir une nouvelle ère de prospérité et de bonheur ? Ils sont devenus muets ! Ils ont fait croire aux gens qu’on construisait une Europe protectrice, selon les termes de l’UMP, lors de la dernière campagne des élections européennes. 

En fait, ils construisent une zone de libre marché où les marchés viennent  dépecer les droits sociaux et humains, piller les finances publiques, démanteler et acheter les services publics, surexploiter les travailleurs, semer la misère et la pauvreté pour augmenter leurs taux de profits. Et que dire de ces dépenses militaires insensées qui représentent près de 3% des richesses produites en Grèce ? Mr Sarkozy et Mme Merkel peuvent continuer à se passer la main dans le dos devant les caméras. La France est le 2ème fournisseur d’armes à la Grèce. Les banques et compagnies d’assurance des deux pays détiennent 80% de la dette grecque. C’est révoltant et scandaleux ! C’est l’Europe de l’égoïsme, l’Europe du fric pour les puissances d’argent. L’Europe militaire mais pas l’Europe des peuples.  Cette Europe capitaliste se construit sur le dos des peuples et contre eux.  

Ce qui se passe en Grèce déchire un opaque voile. Celui que n’avons cessé de dénoncer au moment des débats sur l’acte unique, puis sur le traité de Maastricht, puis sur le projet de Constitution européenne et le traité de Lisbonne. La création d’une monnaie unique, à marche forcée et d’une Banque centrale européenne indépendante des Etats au service des marchés financiers, mène à la faillite et à la misère pour les populations.  Dans tous les pays européens se sont les mêmes recettes qui se mettent en œuvre. Toujours contre les peuples, toujours au service du capital !  

Pourquoi ne pas procéder à une réforme progressiste de la fiscalité, abolissant les cadeaux fiscaux et sociaux offerts aux grandes entreprises et aux banques ? Pourquoi ne pas imposer la spéculation, les grandes fortunes et la rente pour réduire les déficits budgétaires ? Pourquoi ne pas diminuer les dépenses d’armement ? Pourquoi ne pas nationaliser des banques en Europe, créer un système de banques publiques européennes coordonnées entre elles et modifier le statut de la Banque centrale européenne, de telle sorte que soit mis en place un crédit public sélectif pour le travail, les salaires, l’éducation, la santé, le logement, le transport écologique, le financement de la recherche pour un développement humain solidaire et durable ?  

La lutte qui s’engage en France contre le démantèlement du système de retraite à 60 ans, pour la défense des services publics, de l’école, du transport, de la santé, est la même que celle des peuples grecs, espagnols, italiens, islandais, portugais ou allemands. Ces actions doivent être unies et solidaires. Il faut rompre leur éparpillement et leur isolement. Et il faut maintenant porter haut le débat sur le lien indispensable entre ces luttes, entre l’enjeu de l’urgence sociale et des réponses politiques alternatives aux choix des droites au pouvoir.  

Dans tous les pays d’Europe, les mouvements sociaux, citoyens, culturels ont besoin de disposer d’un projet audacieux de réformes progressistes pour sortir de la crise du système qui s’inscrit  dans un projet d’après capitalisme. Il s’agit de propositions nationales et de transformation de l’Union européenne qui implique de nouveaux traités européens. Le débat sur la nature de l’Euro, non pas comme monnaie unique qui ne laisse aucune liberté aux Etats – Nations, qui ont pourtant des niveaux de développement différents, doit être remis sur la place publique. En effet, une monnaie commune européenne offrirait plus de souplesse et n’obligerait pas à imposer des critères de convergence qui sacrifient en permanence les salaires, l’emploi, les biens publics ou l’environnement.  

En ce sens, un front progressiste européen devrait pouvoir se construire pour un euro progressisme de combat solidaire et de projets pour une Europe sociale, pacifique, écologique et démocratique. Les premières expériences d’un front de gauche en France, à ancrer beaucoup plus encore dans les classes populaires, propriété de ces dernières, ainsi que des mouvements intellectuels et culturels, sont utiles et peuvent être efficaces au service exclusif de  populations qui cherchent un débouché politique à leurs souffrances, à leurs aspirations et leurs luttes.  

Peuples européens, unissons-nous pour nos droits fondamentaux et pour transformer radicalement la construction européenne.  

 


0 commentaires


Baron 29 avril 2010 à 16 h 14 min

Enfin, l’Europe qu’ils voulaient tous se dévoîlent sous sa véritable identité.

Construisons l’Europe pour éviter de nouvelles guerres qu’ils ont dit, peut être ,mais va-elle éviter les révolutions ?

Tu parles d’une solidarité, des rapaces qui vont se jeter sur un des leurs en souffrance histoire de l’achever.

Quand viendra l’Europe des peuples?

Colvert 29 avril 2010 à 17 h 43 min

“Décrétons le Salut commun” Debout tous ensemble contre cette Europe libérale des “proxénètes”
Bravo le PC et le Parti de la Gauche (Un vieux militant” Unité et Action”)

Gérard Métivier 2 mai 2010 à 1 h 30 min

J’ai participé au débat sur le sujet sur le site de Marianne à la suite d’un intéressant article de jacques Sapir :
http://www.marianne2.fr/Crise-de-la-zone-euro-apres-la-Grece,-a-qui-le-tour_a192271.html?com#com_948931
j’y fais un rapprochement avec les conditions du succès de la réforme monétaire française appuyée à l’époque sur un équilibre régional réalisé grâce à la planification issue du programme du CNR mis en application après la guerre, pour proposer une autre Europe tournant le dos au néolibéralisme à l’américaine si chère aux amateurs signataires du traité de Lisbonne. Trop défensifs nous ne sommes pas assez à l’initiative, à l’image de notre absence inacceptable sur la question du zonage en 85&17:
http://www.sudouest.fr/2010/04/30/maxime-bono-et-jean-louis-leonard-demandent-une-clarification-du-zonage-80187-3.php. La direction nationale du parti doit prendre l’initiative d’exiger partout où c’est utile la construction de zones sécurisées pour le développement et les besoins.

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