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Le sort réservé aux populations de la Grèce devient proche de celui qu’inflige une dictature. Certes, le visage des véritables hommes de fer est caché. Éloigné du pays, un triumvirat composé de la Banque centrale européenne, du Fonds monétaire international et de la Commission de Bruxelles, agit et impose ses insupportables oukases. Le versement d’une cinquième tranche de douze milliards d’euros du plan dit « d’aide » est conditionné à un terrible chantage, à un racket sur les plus pauvres, à la vente à l’encan du patrimoine du pays, des ports aux aéroports, de la poste, des compagnies d’électricité, du pétrole, du gaz, que rachèteront sans doute les grands groupes européens.
Un salarié ou un retraité ne disposant que de 680 euros par mois sera désormais lourdement imposé et en plus sa TVA augmentera et il paiera une taxe sur le carburant et le chauffage. Les allocations chômage diminueront, des salariés des services publics auront leurs salaires abaissés et pourront être licenciés. Les classes moyennes paieront en plus une taxe dite de solidarité.
Cette purge va être inefficace et mortifère. C’est déjà la purge sociale imposée il y a un peu plus d’un an qui a enfoncée la Grèce dans le bourbier récessionniste actuel. Avec ce nouveau plan de super austérité, on va vers l’asphyxie générale. Vendre le patrimoine national grec revient à lui enlever les outils qui pourraient lui permettre de se redresser. C’est l’achat en catimini du pays et sa mise sous tutelle par des forces étrangères, contre la souveraineté du peuple grec. La Grèce est devenue le terrain d’expérimentations des voraces de la finance, avant qu’ils ne s’attaquent au Portugal, à l’Irlande, puis généralisent leurs méfaits à tous les pays européens avec cet insupportable texte baptisé « Pacte pour l’euro plus ».*
Les menaces que fait peser sur les travailleurs, les jeunes, les retraités, ce texte en cours d’approbation au Parlement européen, sont trop méconnues. Sous couvert de réduction des déficits, il enlève tout pouvoir aux citoyens de choisir la politique qu’ils veulent voir mise en œuvre en attribuant un droit de surveillance et de sanctions à la Commission de Bruxelles. Il définit par avance les choix fondamentaux à appliquer sans broncher, notamment la pression à la baisse sur les salaires, le recul de l’âge donnant droit à la retraite, la privatisation des caisses de retraites, la destruction du contrat à durée indéterminée pour la flexibilité du travail, la réduction des services publics. Annexée à ce pacte diabolique, est créée une structure nouvelle « le mécanisme européen de stabilité » (MES) qui n’est rien d’autre qu’un FMI européen. Les Etats sont sommés d’inscrire dans leur Constitution l’interdiction de réaliser des « déficits ». Entendons par là qu’ils seront contraints de réduire les investissements sociaux et publics.
Ainsi, face à la contestation de plus en plus grande de l’Europe de l’argent, les forces du capital et leurs commis politiques, créent les conditions pour réduire la démocratie réelle et détruire les droits sociaux et humains. Or, vivre en commun dans un espace si grand que l’Europe appelle la solidarité européenne et non pas l’écrasement de ses peuples et le bradage de leurs atouts nationaux au profit des banques et des marchés financiers.
Ce qu’il faudrait faire, c’est développer les services publics, dont des services publics européens à inventer, à créer pour construire une Europe de la justice sociale, inséparable d’une Europe de l’environnement. La solidarité européenne suppose de changer le rôle de la Banque centrale qui, sans attendre, doit racheter tout ou partie des dettes des Etats qui en ont besoin, leur permettre par la suite de se refinancer à des taux d’intérêt très bas et de long terme pour aider des initiatives de développement humain, social et écologique. Il resterait à la Banque centrale européenne la possibilité pour financer les Etats d’activer la création monétaire. Un audit public sur la nature des dettes doit être décidé sans attendre pour en déterminer les causes. Les cadeaux fiscaux et sociaux, l’affaiblissement de la croissance créent la dette et non pas les droits sociaux.
Ce sont le pouvoir d’achat et les investissements humains et écologiques qui sortiront l’Europe de l’ornière. Pas les remèdes de cheval de la Commission de Bruxelles, du FMI et de la BCE. La réduction des crédits alloués à l’aide alimentaire par l’Union européenne est révélatrice de la nature antihumaine des choix des dirigeants actuels de l’Union européenne. Ils trouvent des centaines de milliards pour sauver les banques, mais considèrent que cinq cent millions d’euros pour ceux qui ne mangent pas à leur faim, c’est trop ! Abject !
Les manifestations syndicales et celles des indignés place Syntagma le redisent avec force cette semaine. A leurs côtés, nous nous défendons nous-mêmes contre le pacte diabolique des rapaces de la finance. Peuples européens, unissons-nous !
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* voir « Le pacte des rapaces », 6 €, éditions de l’Humanité
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3 commentaires
Et l’Europe s’effondrera car elle est diabolique, comme nous le montre son pacte !!
Quittez la banque et dirigez-vous vers le Crédit Coopératif, ouvrez un livret NEF.
Ce qui se passe est un crime, Bruxelles cherche la guerre, elle finira par l’avoir, et nous prendrons le pouvoir.
Malheureusement, les frigos sont encore trop pleins en France, et guère de français bougeront.
Oui la dictature financière fasciste est en marche.
Cher camarade Le Hiaric, avez-vous jamais mis un pied en Grèce? Moi, j’y ai vécu 28 ans. J’y ai travaillé, m’y suis mariée, y ai fait un enfant, et ai de surcroît adopté la langue (très, très difficiile!) car psy, et la culture et le reste. Avec amour et humilité.
Donc je pense, à cet effort et cette aune là, que que je peux en dire 2 ou 3 choses.
Je me trouve de plus depuis ma petite enfance jusqu’à ce jour dans une sensibilité irréductiblement inscrite à gauche.
Ce qui m’a valu du reste quelques soucis à certains moments en Grèce.
Le problème avec votre site, cher camarade Patrick, voyez-vous, c’est que je n’arrive JAMAIS à y laisser un commentaire.
Tous les miens qui n’ont rien d’insultant, ni de dégradant, et tiennent un ton respectable, comme je l’entends tenir, NE PASSENT JAMAIS.
C’est quoi ce binz???
Je vais tenter encore une fois!!!
Et, le cas échéant, sans beaucoup d’illusions tout de même, vous dirai peut -etre, ce que ma vie en Grèce, témoignage direct tout de même, m’a apprise.
Bien plus compliqué, PARDON, que ce que vous signalez. Pas mieux, pas pire, bien plus compliqué.
Cordialement
Antigone