Nouveau parfum de révolte

le 4 avril 2018

Singulière séquence que celle qui s’est déroulée depuis le milieu de la semaine dernière, inaugurée par la journée de mobilisation massive des agents publics et des cheminots après celle des retraités, puis l’irruption, sous couvert de la hiérarchie, d’une milice fasciste dans la faculté de droit de Montpellier, poursuivie par les abominables attentats djihadistes de Trèbes et de Carcassonne, la mort héroïque du colonel Beltrame, le deuil national qui s’en est suivi puis l’assassinat de Mireille Knoll, octogénaire rescapée du Vel d’Hiv, avec un fort soupçon d’antisémitisme, et une communion nationale parasitée par le CRIF et le venin de la polémique. Quelle séquence provoquant des montagnes russes émotionnelles, de la lutte sociale à l’effroi, de la colère à l’indignation ! Les événements se succèdent si vite qu’ils semblent laisser peu de temps à la réflexion.

Le pays semble avoir, une fois encore, montré sa capacité de résilience face à l’obscurantisme assassin. Les ressorts d’indignation restent heureusement intacts : nos concitoyens refusent, dans leur grande majorité, de s’habituer à l’horreur en faisant corps, malgré les rodomontades d’une droite extrémisée et de l’extrême droite.

La grande question sociale que le gouvernement cherche à enfouir sous le tapis de bombes des contre-réformes ne s’est pas effacée non plus face au terrorisme fanatique. Ainsi la jeunesse montre-t-elle aujourd’hui son puissant refus de se laisser trier, à travers le système d’orientation post-bac Parcoursup, selon les objectifs fixés par des algorithmes répondant aux besoins d’un système économique en crise, comme elle refusait hier de se laisser tirer au sort. Ce refus, ajouté à la résurgence de groupuscules d’extrême droite, met en ébullition les universités du pays qui se réunissent spontanément en assemblées générales pour rejoindre le mouvement social en cours.

Dans un même mouvement se retrouvent ainsi étudiants et retraités dont certains médias répètent à longueur d’ondes et d’écrans qu’ils nourriraient des vues opposées. Il se peut au contraire qu’ils expriment un même ras-le-bol de la déconsidération dont ils font l’objet, les uns pressurés et percevant des pensions de retraites souvent misérables après une vie de labeur et de cotisations ; les autres appelés à rejoindre les rangs d’un salariat précarisé. De la même manière, les salariés qui bénéficient d’un statut protecteur dans les différentes fonctions publiques qui ploient sous les difficultés, notamment à l’hôpital ou à la SNCF, et ceux qui sont soumis à la loi la plus rude du salariat précarisé, dans la distribution, le travail à la tâche dit « ubérisé », commencent à nourrir un combat commun. L’ampleur du mouvement des salariés de Carrefour indique lui aussi un changement.

S’il faut se méfier des comparaisons historiques trop faciles, cinquante ans après les événements de 1968,  de frappantes similitudes s’expriment dans les sociétés dites « développées ». Car les évènements de 1968 ne venaient pas de nulle part et n’étaient en rien des évènements franco-français. Le monde entier entrait alors en effervescence, secoué par des contradictions entre des structures sociales archaïques, un impérialisme féroce, et des forces productives, pour reprendre les mots de Marx, qui portaient en elles de nouveaux développements. C’est toute la jeunesse du monde capitaliste avancé et une partie importante de son salariat qui réclamait un changement de paradigme. Il se peut que certaines des caractéristiques de notre époque ne soient pas si éloignées…

Comment, dès lors, ne pas observer dans « le clair-obscur » des crises, à la fois la clarté du mouvement de la jeunesse nord-américaine qui se lève contre la violence endémique et les crimes racistes qui frappent son pays, et l’obscurité du trumpisme national-capitaliste ; la clarté des mouvements pour l’égalité et l’obscurité des forces d’extrême-droite et fanatiques qui reprennent du poil de la bête. Notre continent est ainsi traversé par les mêmes puissantes contradictions qui s’aiguisent de mois en mois et de scrutins en scrutins. Et la planète entière est hantée par le désastre écologique qui, à lui seul, rend urgents un nouveau type de développement et une nouvelle manière de produire qui ne soient pas indexés sur la recherche continue du taux de profit. Nul part le statu quo n’est réclamé, encore moins le retour à une situation antérieure. C’est bien l’exigence d’un progrès social, écologique, démocratique qui s’affirme à tâtons.

Dès lors de nouvelles convergences sociales peuvent s’affirmer pour faire chuter de son piédestal bonapartiste le Prince-Président Macron, plus fragile qu’il ne le laisse croire comme le montrait déjà son résultat de premier tour de l’élection présidentielle. Le lien organique et personnalisé qu’il prétend cultiver avec le peuple, à grand renfort de communication, pourrait bien lui revenir comme un boomerang. Etudiants, salariés précaires, agents publics déconsidérés mais à l’avant-garde de la République sociale, retraités et jeunesse des quartiers populaires condamnés à la fatalité sociale, mais aussi petits paysans doutant de plus en plus du sens de leur métier, cadres soumis à des ordres absurdes, chacune, chacun peut adjoindre ses forces dans les semaines qui viennent pour relever, ensemble, un défi qui s’avère être civilisationnel.


7 commentaires


Moreau 4 avril 2018 à 12 h 56 min

Le problème est mondial, il faut une Organisation républicaine des Nations Unies optimale, or tout les partis politiques ont manqué à tous leurs premiers devoirs au point qu’en France la République est à refonder, elle ne peut pas être refondée à en penchant à droite ou en penchant à gauche, mais selon le seul équilibre, en incluant dans la constitution le libéralisme républicain universaliste, le socialisme républicain universaliste, le communisme républicain universaliste et rares encore de nos jours sont celles et ceux qui le proposent. Les retards politiques sont bien sûr à incriminer dans le non solutionnement des problèmes des Palestiniens. Il faut faire valoir que les Israëliens ne peuvent pas faire valoir que les Palestiniens ne respectent pas des droits de l’Homme puisque pour que les Droits de l’Homme puisse être appliqués par les Palestiniens, il faut que le Peuple palestinien ait une terre. Les Palestiens blessés ou tués et leurs proches sont entièrement victimes. Monsieur Guterres ne dit rien en taisant tout ça ; ce n’est pas la solution de ne rien dire.

Moreau 4 avril 2018 à 14 h 07 min

Les cinquante dernières années ont détruit la république française et il faut la refonder sans tout de droite ou sans tout de gauche mais personne n’y travaille pour qu’elle soit universaliste, libérale, socialiste, et communiste sans horizons fermés, et ça craint beaucoup.
Il serait infiniment bon de garder nos lignes de chemin de fer et nos gares.
Il fallait de la révolution, mais de la révolution d’art, de la vraie révolution pour tous, pas des « révolutions nationalistes » qui ont fait cette dictature du vingt et unième siècle.
L’année 1968 a pourri complètement la société française pendant cinquante ans, au point que la classe politique n’est plus crédible. Les années 1968-2018 ont détruit tellement elles ont été plutôt minables, la république française, a pourri la vie du Peuple, au vingt et unième siècle ce n’est plus qu’un régime politique pour les Riches. Ces cinquante années ont été somme toute plutôt très minables pour la vie du Peuple, il était possible de faire beaucoup mieux en respectant la république aux valeurs universelles ; la république a été détruite pendant que les vraies valeurs étaient laissées de côté !
C’est à se demander comment vont pouvoir survivre les gens qui vient en France et dans l’Union Européenne, si tout peut leur être détruit : république, services publics…

alain harrison 5 avril 2018 à 4 h 54 min

Bien sûr derrière, M.Moreau, c’est le capitalisme qui a tout pourri pour quelques dollars de plus dans l’escarcelle.

«« Car les évènements de 1968 ne venaient pas de nulle part et n’étaient en rien des évènements franco-français. Le monde entier entrait alors en effervescence, secoué par des contradictions entre des structures sociales archaïques, un impérialisme féroce, et des forces productives, pour reprendre les mots de Marx, qui portaient en elles de nouveaux développements. C’est toute la jeunesse du monde capitaliste avancé et une partie importante de son salariat qui réclamait un changement de paradigme. Il se peut que certaines des caractéristiques de notre époque ne soient pas si éloignées… »»

1968, quelle contradiction entre votre point de vue nihiliste de toute tentative et celle-ci.

Il est vrai, vous n’êtes ni de droite ni de gauche, mais bien neutre.

M. Le Hyaric, semble se dire Marxiste……

Voyons Jean Jaurès dans l’essentiel, c’est à dire réaliser concrètement le beau symbole: Liberté, Égalité et Fraternité.

Ceux qui ont suivi, comme moi, les articles de Vénézuéla Infos WordPress et Bolivarinfos, savent que le Vénézuéla suit à la lettre
Pour Jean Jaurès, la révolution socialiste n’est concevable que dans le cadre de la légalité démocratique, c’est-à-dire par une conquête graduelle et légale par le prolétariat des institutions parlementaires et de la puissance de la production. (Le Devoir de Philos)
Mais ça, la plupart dans la gauche, pour toutes sortes d’intérêts, de motifs…., ne le voient pas ou l’ignorent.

À moins d’être aveugle ou intellectuellement malhonnête et avoir épousé la thèse démagogique

Appel depuis le Venezuela aux anarchistes d’Amérique latine et du monde : La solidarité est beaucoup plus qu’une parole écrite
La rédaction de El Libertario

«« En bref, voici résumé de ce que l’anarchisme local dit aujourd’hui.L’actuelle conjoncture met en évidence la nature fasciste du régime de Chavez – et sa séquence avec Maduro-, les gouvernements militaristes réactionnaires qui nous avons toujours dénoncé dans notre journalEl Libertario. Ce système a toujours été lié au crime, au trafic de drogue, au pillage, à la corruption, à la prison pour les opposants, aux tortures, aux disparitions en dehors de la gestion désastreuse au niveau économique, social, culturel et éthique. Chavez a réussi à impacter avec sonleadership messianique et charismatique financé par la hausse du prix du pétrole. Mais après sa mort et la fin de l’abondance, le soi-disant processus bolivarien s’est dégonflé car il étaitsoutenu par des bases faibles. Cette « révolution » a suivi la tradition rentière historique initiée au début du XXe siècle avec le dictateur Juan Vicente Gómez, poursuivie par le militaire Marcos Perez Jimenez, et qui ne cessa pas dans l’ultérieur régime démocratique représentatif. »»
periodicoellibertario.blogspot.ca/2017/05/appel-depuis-le-venezuela-aux.html

Pour moi, il y a deux textes historiques (que tous devraient consultés) de base (synthétiques ?) convergeant, qui sont essentiels à la vue d’ensemble, qui seule nous donne accès aux tenants et aboutissants, aux jeux des causes effets causes et des acteurs responsables. À comprendre notre monde quoi, qui se résume au modus operandi du phénomène de l’exploitation de l’homme par l’homme, la cause des causes.
Krishanmurti: pour vous est-ce une idée ou un fait ?*
La réponse à cette question a des effets réels.

Crime contre l’humanité, ……
Qui sauve qui ?

Il faut avoir une compréhension profonde du principe manipulation-conditionnement. C’est une question existentielle, en fin de compte, de notre condition humaine. C’est peut-être la question vitale de notre époque. Chaque époque implique une question cruciale, à un dépassement. Comme l’évolution dans son processus: monté en puissance puis mutation.
Dire qu’une toute petite lettre dans la chaîne ADN, un T pour un A, a fait la différence chez l’homme __ Un grand pas pour l’évolution – La vue – YouTube
Pour moi, c’est une constatation.
La réponse à notre situation réside dans l’Art des Priorités.
Mais la gauche est tellement désarticulée.
En ce moment , les Cheminots offrent une fenêtre…….?

Cousteau: être capable de faire des liens entre des choses qui semblent ne pas en avoir.

Comme je le dis: nous avons deux pouvoirs: la vue d’ensemble et le questionnement.

Moreau 5 avril 2018 à 11 h 40 min

A mon humble connaissance, c’est toute la classe politique française et européenne qui a pourri complètement la société pendant les cinquante dernière année en abandonnant la déontologie et la façon républicaine pour réussir une oeuvre politique spécifique qu’elle soit libérale honorable ou socialiste honorable ou communiste honorable. D’où toute la lisbilité de cette vérité par les résultats des élections de 2017 et une abstention de presque 60%. La révolution grâce à l’oeuvre de Jean Jaurès et nous le voyons bien depuis 2017 en France, n’est pas exhaustivement libérale, ou socialiste, ou communiste ; elle est la révolution républicaine démocratique laïque universaliste, sans laquelle rien n’est possible.
La liste des fléaux affaiblissant extrêmement la société française et européenne est plus longue et pire en 2018 qu’en 1968 ; le pays produit, commercialise beaucoup ; mais beaucoup de marchandises sont inadaptées d’une part et trop chères d’autre part, pour construire notre société ; c’est de la faute des partis politique ; le capitalisme c’est quoi au vingt et unième siècle : pas de libéralisme non violent et assez républicain universaliste, pas de socialisme républicain universaliste sauf si monsieur Hamon arrive à le faire renaître de ses cendres ; pas de communisme républicain universaliste. Tous les résultats électoraux français le disent. Le capitalisme somme toute au regard des année depuis 1968 c’est cette anarchie qui n’est rien d’autre que le régime des partis qui détruit la vie par le capitalisme absence de … Le Vénézuela est un très beau pays, j’aime tous les pays et tous les peuples mais monsieur Harris arrêtez donc de vous tromper tout le temps, sans république, notre république française et euroépéenne est à refonder sans faire table rase et c’est possible, et tant que ce n’est pas fait, la gauche, le socialisme, le communiste, comme le libéralisme non violent, ce n’est plus que du vent. Monsieur Harrison faites du tourisme politique pour vous, vous en êtes libre, vous êtes citoyen du monde parmi les citoyens du monde ; mais n’envahissez pas les autres. Il s’agit de réussir si le peuple français s’en mêle assez pour la France, ce qui a été piétiné pendant cinquante années ; à moins de continuer ainsi à disparaître jusqu’à la fin du monde.
Le problème que nous avons est français et européen, il faut faire un référendum et il en ressortira que les gens sont d’accord avec moi. La gauche, a sa place en démocratie, mais la gauche c’est de la république : si la gauche est tuée, la république est tuée en même temps. C’est ainsi que les Français et les Européens sont grièvement blessés. Jacques Brel chante Quand on n’a que l’amour A s’offrir en prière Pour unique chanson Pour les maux de la Terre Pour convaincre un Tambour. Et bien que chaque Français soit Tambour et se convainc !
Il n’y a pas tant des Bons et des Mauvais, il y a surtout une exécrable classe politique qui déçoit au plus haut point depuis 1968.

Moreau 5 avril 2018 à 11 h 53 min

Ce sont aussi beaucoup les gens comme monsieur Harisson qui sont tout le temps en tourisme politique et ils sont libres de faire le tourisme qu’ils veulent à titre individuel, pas en entraînant férocement les autres dans ce tourisme parce que ça revient à annihiler cruellement le Peuple français qui partage la souveraineté de l’Humanité avec les autres Peuples ; vive la République universelle que peut et que doit être la Terre des Hommes. Soixante huitarde et fanatiquement capitaliste somme toute , la classe politique française n’a pas voulu la République universelle jusqu’à ce jour et elle en est condamnable et monsieur Guterres devrait le dire à tous les Hommes de la Terre, mais personne ne l’entend ! Tous les idéologues dans l’histoire sont des soixante huitards nationalo-capitalistes, et bien moi, je ne suis pas un idéologue, je suis un citoyen parmi les citoyennes et les citoyens.
Il faut faire un référendum pour demander au Peuple français et européen s’il approuve ou désapprouve réellement et profondément la classe politique française et euroépenne, moi, je la désapprouve pour tous ses manquements.

Moreau 5 avril 2018 à 14 h 52 min

Je préfère la conservation des lignes de chemin de fer et des gares, des services publiques nécessaires ; en l’estimant indispensable ; au libéralisme violent et dévastateur déferlant mal adapté ou inadapté à cause de toute la classe politique française et européenne ramifiée, ramifiante, dragonesque  ! Il est grand temps que les vrais Républicains inculquent leur savoir-vivre.

Je pense qu’une étude sérieuse doit être faite pour renseigner ce qu’il faudrait ajouter comme lignes de chemin de fer et comme trains et tramways notamment en province, puis seulement après exposer d’éventuels tronçons qui seraient réellement à supprimer.

Je suis contre le recours aux ordonnances et aux réformes automatiques systématiques. Il y a les changements positifs et les changements négatifs. Les Peuples surtout n’ont pas besoin des changements négatifs.

Julien 7 avril 2018 à 17 h 27 min

Les mouvements actuels sont l’expression de la lutte des classes, entre exploiteurs et exploités, plus qu’entre “pauvres” et “riches”. Les bavardages gauchistes ne servent à rien, au contraire, ils desservent. Actuellement, il faut soutenir la grève des cheminots ; les quelques avantages dont bénéficient ces travailleurs ne sont rien auprès des bénéfices des entreprises du CAC 40, qui ne sont pas réinvestis dans la production, mais finissent pour une large part dans les paradis fiscaux.

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