Ne nous laissons pas voler la campagne présidentielle !

le 11 novembre 2021

Nos concitoyens souffrent d’une hausse considérable des prix des produits de première nécessité tandis que les rémunérations du travail stagnent. Après la crise financière de 2008, prétexte à des choix austéritaires, les familles populaires subissent les effets du choc de la crise sanitaire et de l’inquiétante crise environnementale qui figure bel et bien au cœur de leurs préoccupations. Qu’à cela ne tienne ! De puissantes forces tentent d’écraser le débat public en vue de l’élection présidentielle en le déplaçant vers les enjeux de sécurité, d’immigration ou d’identité nationale. D’un même mouvement elles dévaluent l’élection des députés qui aura lieu cinq semaines plus tard.

Durant des semaines et jusqu’au mois de septembre, le grand complexe médiatico-politique et sondagier, nourri par quelques milliardaires, n’a cessé de dessiner un paysage politique à partir d’un duopole Macron/ Le Pen. Voici que, début septembre, un nouvel acteur a surgi comme un diable en boite  pour installer un trépied droitier : Macron/ Le Pen/ Zemmour. Depuis lors, des organes de presse et les chaines d’information en continu somment les citoyens de choisir entre les deux candidats d’extrême droite, présentés l’une comme sensible aux questions sociales, l’autre comme soucieux de ne pas laisser la France décliner ou « perdre son identité ».

L’espace public est ainsi saturé de vents mauvais soufflés par l’extrême droite et par une droite qui n’a plus d’autre ambition que de la copier. De ce point de vue, le pseudo-débat entre candidats des « Républicains » en vue de leur congrès aura été révélateur. Comment peut-on d’ailleurs continuer de tolérer que, pour cette « primaire », quatre débats télévisés soient organisés pour déterminer le choix de … 120 000 votants chauffés à blanc ?

S’en est suivi, le lendemain, la prestation-meeting du télé-président candidat qui avait les tapageuses couleurs et les fortes odeurs de la bonne et vieille droite. Les travailleurs y ont été accusés de ne pas assez travailler et les privés d’emploi d’être responsables de leur condition. Mieux encore ! Désormais, les prétendus débats entre journalistes ou « experts » télévisuels qui suivent les débats ou interventions télévisées du Président ne visent plus à développer une pensée critique contradictoire. Ils ont pour seule fonction de suggérer que ces droites ne sont jamais assez à droite de telle sorte qu’on puisse présenter l’hôte de l’Elysée comme un « modéré ». L’enjeu est clair : étouffer tout débat sur une alternative démocratique et transformatrice de gauche et progressiste. Toutes ces forces politiques présentées comme susceptible de remporter l’élections présidentielles ont cette particularité d’être d’accord sur une régression sociale accentuée : pas d’augmentation des salaires et recul de la protection sociale au nom de la baisse du coût du travail, recul de l’âge de départ à la retraite, destruction des secteurs publics et de la fonction publique, nouvelles privatisations, poursuite de la diminution des impôts sur le capital, utilisation de la dette pour réactiver les rabots contre les droits sociaux et la protection sociale…  Moins l’électrice ou l’électeur dispose d’éléments pour raisonner, débattre, faire un choix en conscience, plus sont mobilisés les ressorts de la peur. Une partie de l’électorat est ainsi aiguillonnée vers les droites tandis que l’on suggère à l’autre que rien ne sert d’aller voter.

L’enjeu est considéré comme décisif pour les forces du capital. Car un débat sérieux et argumenté sur les effets de la pandémie virerait à un implacable acte d’accusation contre le capitalisme et conduirait nombre de nos concitoyens à chercher un processus pour en sortir. La crise sanitaire met en effet au grand jour l’état de délabrement avancé de notre système de santé et de l’hôpital public sous les coups de boutoir de l’austérité sans fin que nos gouvernants continuent de bénir à Bruxelles après tant d’années. Ecouter réellement les médecins et tous les personnels de santé conduirait à refonder l’hôpital public tout en redonnant sens au précieux travail de ses personnels au service du bien commun.

La pandémie et les enjeux qu’elle soulève obligent à penser plus large et plus profond tant les conditions de la santé humaine et animale dépendent de la biodiversité, d’une alimentation de qualité, de la protection de l’air comme de l’eau, du climat, des conditions et du temps de travail, de la qualité des transports et des logements. Ces enjeux fondamentaux devraient figurer au cœur d’un nouveau projet révolutionnaire de sécurité de vie émancipée pour chacune et chacun. C’est évidemment tout le contraire de l’exploitation forcenée de l’homme et de la nature commandée par la recherche du profit maximal et à n’importe quel prix, de l’allongement du temps de travail, de l’appropriation privée des grands moyens de production et d’échanges, des  traités de libre-échange mis au service des firmes transnationales.

Vient d’apparaitre aux yeux de beaucoup, ces dernières semaines, que la mondialisation capitaliste qui a conduit à détruire usines et exploitations agricoles a tout autant affaibli la capacité de la France à produire dans plusieurs secteurs. On manque de minuscules pièces pour terminer des voitures, on manque de matériaux de construction et de papier. Même la saison de cyclo-cross et peut-être les courses sur route seront handicapées car on ne peut plus se fournir en vélos. On pourrait ainsi multiplier les exemples. Non seulement le capitalisme secrète injustices et inégalités, mais en plus il devient inefficace et peut bloquer le fonctionnement des sociétés.

Celles et ceux qui occupent les plateaux de télévisions ne veulent évidemment pas débattre de ces sujets. Ils enferment donc les citoyens dans la cage de la « raison capitaliste » et désignent tantôt l’immigré, tantôt le chômeur, tantôt les deux et le « coût » du travail comme responsables de la situation pour mieux accélérer cette fuite en avant visant à préserver la minorité des possédants.

Les mêmes nous avaient expliqué que les traités européens adoptés de la manière la plus anti-démocratique qui soit étaient parole d’évangile, dont celui que nos concitoyens et ceux des Pays-Bas ont rejeté en 2005. Voici désormais que le fameux critère des 3% de déficit public a sauté aussi vite qu’un bouton de chemise trop serré, tandis que la  Banque centrale européenne finance une partie des besoins à partir de la création monétaire. Ce que nous n’avons cessé de réclamer pendant des années… Une brèche est bien ouverte dans cette Europe des marchands et des comptables qui pourrait servir aux combats contre le pacte de stabilité et à engager un processus de refondation de la construction européenne. La crise que nous traversons a mis en évidence le rôle décisif des travailleurs de premières lignes pourtant si méprisés, invisibilisés, surexploités, pour lesquels il est urgent d’augmenter les salaires. Une campagne présidentielle devrait être le moment privilégié pour associer, impliquer les électeurs et les électrices dans un grand débat sur l’avenir de chacune, de chacun et de toute la communauté nationale.

Au lieu de cela, nous avons droit à une valorisation insensée de l’homme providentiel qui décide seul de tout, venant prodiguer une « bonne parole » subventionnée, au mépris du Parlement et en l’absence de tout débat d’alternative. Un sursaut démocratique est indispensable. Invitons nos proches, nos connaissances à s’impliquer dans des discussions démocratiques qui leur permettent de saisir la portée des élections présidentielle et législatives.


2 commentaires


Moreau 11 novembre 2021 à 22 h 44 min

Toute une partie de l’article est pertinente, et amène encore à dire qu’il faut de la politique générale de vraie gauche, ceci dit, je n’impute pas la crise politique qui n’est pas nouvelle voire qui date d’avant l’élection du président Macron, et le déséquilibre politique qui est réel (tant de camps de droite entre la république en marche et la gauche se présentant encore comme vraie mais bien lente à le prouver), au président Macron,

Le président Macron a une force réelle dans le pays parce que même s’il suit la politique libérale française et européenne qui est la sienne, et multilatéraliste, il réalise ce qu’il promet aux Françaises et aux Français, je ne parle pas de la pandémie car moi je considère que ce n’est pas un sujet politique dès lors que la majorité fait ses preuves même face à une telle épreuve, par contre le brevet public d’un vaccin peut être un sujet politique, et pourquoi pas le brevet public, sujet politique réel (et non imaginaire pour instrumentaliser comme l’immigration) car il n’y a pas que le vaccin que le brevet public peut concerner.

Moi je suis d’accord qu’il faut plus de politique générale de vraie gauche, mais je pense aussi comme beaucoup de Françaises et de Français du pays profond que le président Macron et la république en marche apparaisse comme les protecteurs de la France et de l’Union Européenne contre la république zéro de l’extrême droite et la nation nationaliste de la même extrême droite, ce qui ressemble à ce qui existe en Russie ! La gauche pose ce problème réelle, elle semble bien partie pour laisser passer 2022 et attendre 2027 ; c’est plutôt calamiteux et catastrophique, sans quoi, si elle pouvait arriver à proposer un meilleur projet, si elle pouvait devenir incapable de trahir une fois arriver au pouvoir car trahir est aussi presque aussi mal que parler et agir selon des haines, trahir peut revenir au moins pire mais ça fait souffrir une partie de la population, c’est grave car la liberté n’autorise personne à faire souffrit d’autres personnes. Donc la gauche ne pourrait gagner qu’en retrouvant la bonne psychologie doit elle a fait preuve dans le passé, ce qui comprend de ne pas se laisser aller dans l’attentisme en se comptant d’un résultat électoral à un chiffre ou au plus insuffisant ; les Citoyennes et les Citoyens s’entendent dire de se réveiller, alors que dans le pays profond beaucoup de personnes trouvent beaucoup trop lents les Hommes politiques de gauche en ce qui concerne la politique générale du vingt et unième siècle, la gauche ne parle plus de politique générale pouvant faire une gauche de gouvernement mais seulement de quelques points politiques. C’est beaucoup pour cela, que l’extrême droite est cruellement hégémonique à plus de 30% car le bientôt candidat Zemmour, vient du camp de l’extrême droite ayant en gros les mêmes idées que ce camp. C’est à la gauche d’être plus offrante, d’être de bonne psychologie, dynamique et conquérante, alors que la dangereuse extrême droite sait habilement jouer de cela, ce qui ne correspond pas à ses propres réalités connues dont les gens parlent entre eux.

Moreau 12 novembre 2021 à 15 h 14 min

Pour le moment, les Communistes semblent mieux préparer 2022 que les Socialistes, les sondages ne reflètent pas du tout la préparation politique réelle de 2022. Monsieur Fabien Roussel a fait plusieurs très bonnes et très sérieuses propositions pour peu aussi de sélectionner celles qui doivent être prioritaire de façon à assurer la maîtrise des dépenses et des financements ; mais elles ne font pas encore le Programme Communiste bien ficelé 2022 qui pourrait susciter un réel intérêt des Électeurs pensant voter ou s’abstenir. A mon avis, il faut dans ce projet la proposition des régions à syndicaliser toutes, et le doit de vote aux Immigrés pour le social de qualité qui les concerne au moins autant que les autres Habitants.

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