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La concomitance de la fin de ce qui a été baptisé « grand débat », de la présentation de la liste macroniste pour le scrutin européen du 26 mai prochain et de l’édition d’un livre de deux conseillers du président de la République dont on apprend qu’il devait porter la signature de M. Macron, font mesurer la nature et l’ampleur de l’opération « enfumage » organisée au sommet de l’Etat.
D’abord, il y a le vol et le détournement des mots. Le livre de MM. Emelien et Amiel (1) se veut être une définition nouvelle du « progressisme » quand la liste conduite par Mme Loiseau porte le nom de « Renaissance ». Deux mots soustraits aux penseurs des Lumières et aux marxistes malaxés dans le pétrin macronien pour nier la lutte des classes et discréditer les politiques solidaires, porteuses de progrès social et humain.
La liste macroniste est, elle aussi, construite pour brouiller les pistes, réunissant des personnalités aux options contradictoires. Les belles paroles de campagne ne convaincront donc pas sur les futurs votes des députés issus de cette liste digne de la foir’fouille. Elles vont heurter de plein fouet les exigences d’un mouvement de plusieurs mois qui, en dépit des efforts entrepris pour le déconsidérer, continue d’être soutenu par une majorité de nos concitoyens, comme celles formulées par tous les mouvements sociaux qui réunissent dans la rue enseignants, parents, soignants, fonctionnaires ou salariés de telle ou telle entreprise menacée.
Selon les conseillers du palais, il suffirait pour mieux vivre « d’élargir l’opportunité pour chacun » de donner « la possibilité de choisir soi-même sa vie ». Le problème n’est donc pas l’oppression, l’exploitation d’une classe par une autre mais la capacité de « s’en sortir » ou pas. Il est vrai qu’en Macronie, le pauvre, l’opprimé, le sans diplôme, l’« illettré », le « réfractaire », le « rien » sans « sens de l’effort », représente l’antithèse du « progrès ». Il n’est d’aucune façon envisagé de placer quelque espérance historique que ce soit dans l’accession au pouvoir des classes populaires. Leur Europe est celle de l’élite et de l’oligarchie opposées au peuple et à ses velléités de souveraineté et de démocratie. « Il faut que l’Europe se charge de grands sujets, quitte à se rendre temporairement impopulaire » clament les écrivains de l’Elysée considérant avec un mépris sans nom que les élites placées au service des puissants feront le bien des populations malgré elles.
C’est d’ailleurs au nom de ces principes qu’a été décidée, dès le traité de Maastricht, une construction européenne basée d’abord sur des critères comptables destinés à rassurer les marchés financiers au détriment des travailleurs et des Etats relégués au rang de pourvoyeurs de fonds du grand capital et des banques comme ce fut le cas lors de la crise de 2008.
De traités en traités, ces garrots ont sans cesse été renforcés. Il a même été décidé par M. Sarkozy et Mme Merkel un traité dit de « stabilité, de coordination et de gouvernance de l’Union européenne », le TSCG. C’est en son nom, faisant fi des conclusions du grand débat, que le pouvoir veut éliminer 120 000 postes d’agents des services publics, reculer encore l’âge donnant droit à la retraite ou privatiser Aéroports de Paris, Engie et La Française des Jeux. Or ce texte qui sert à fabriquer les budgets des Etats n’a plus d’existence légale depuis le 1er janvier dernier puisqu’aucune majorité au Parlement européen n’a pu le reconduire (2). Cette situation pourrait être un puissant coup de pistolet dans le grand concert de l’austérité. Il pourrait être remplacé sans attendre par un nouveau dispositif défendu par la liste que conduit Ian Brossat : créer un fond ou même une banque permettant de défendre et d’améliorer les services publics de l’école et de la santé et de financer la transition environnementale par le développement des lignes de chemins de fer, fret compris, accompagné d’un grand plan européen de construction et de rénovation de logements économes en énergie. Voilà qui serait une avancée très concrète vers un réel « progressisme européen », loin de la propagande macronienne et de ses mots volés.
(1) Le progrès ne tombe pas du ciel ; David Amiel, Ismael Emelien, éditions Fayard
(2) J’avais révélé ce fait le 5 décembre dans un article de L’Humanité
4 commentaires
Je ne suis pas d’accord avec plusieurs lignes de cet article mais il y en a quelques unes qui pourraient être débattues :
‘Il a même été décidé par M. Sarkozy et Mme Merkel un traité dit de « stabilité, de coordination et de gouvernance de l’Union européenne », le TSCG…
Or ce texte qui sert à fabriquer les budgets des Etats n’a plus d’existence légale depuis le 1er janvier dernier puisqu’aucune majorité au Parlement européen n’a pu le reconduire (2)…
Il pourrait être remplacé sans attendre par un nouveau dispositif défendu par la liste que conduit Ian Brossat : créer un fond ou même une banque permettant de défendre et d’améliorer les services publics de l’école et de la santé et de financer la transition environnementale par le développement des lignes de chemins de fer, fret compris, accompagné d’un grand plan européen de construction et de rénovation de logements économes en énergie. »
L’idée de créer un fond ou une banque communiste pourrait être une bonne idées, à la condition stricte de freiner des dépenses publiques compulsives et notamment au nom d’un confort jamais atteint dans les écoles, je pense que si les communistes en faisait le point avec les Gilets jaunes libres non-violents, pertinents et patients, qui se sont manifester chaque jour pour faire prendre conscience que toute une partie de la population n’arrive plus à vivre et c’est de la faute de tous les partie publiques ; de l’argent qui pouvait servir pour l’accès sans contrainte et sans désert médical à la santé a été gaspillé dans des dépenses non urgentes et non prioritaires par des élus, y compris par des élus de gauche.
Ne serait-il pas possible de réaliser des tramways hybrides qui n’auraient pas besoin de ligne électrique : ce serait beaucoup moins cher et beaucoup plus facile à faire passer en province dans certains milieux ruraux tout en permettant aux gens d’emprunter plus rarement la voiture. Ces tramways du vingt et unième siècles pourraient être polyvalents voire permettre de transporter des personnes et des marchandises non dangereuses.
La population qui n’arrive plus à vivre n’a pas besoin de toujours plus de belles paroles, elle a besoin des réponses de nature à ce que tout le monde puisse arriver à vivre.
En ce qui concerne les fameux plans de rénovations pour des économies en énergies, ces rénovations ne doivent pas être décidées par le régime désastreux des partis mais par les personnes les plus concernées, je trouve révoltant de harceler des gens pour qu’ils acceptent d’avoir la pompe à chaleur de façon étatique, alors que l’évaluation des pompes à chaleur ne joue pas en leur faveur du côté des propriétaires de logement qui en ont une comme du côté de propriétaires qui en ont fait une étude. Je pense que comme pour les modes de transports par voie ferrée, il faut des modes de chauffages bien inventés, du vingt et unième siècle. La pompe à chaleur est un mode de chauffage du vingtième siècle davantage adéquat pour des locaux d’entreprises et de commerce que pour des logements.
C’est insupportable pour les personnes qui n’arrivent plus à vivre d’être harcelés pour de prétendues améliorations de l’habitat qui ne correspondent pas aux meilleures attentes et qui ne sont pas totalement gratuite en ce qui concerne l’entretien annuel et un jour leur désinstallation.
Le régime désastreux des partis est depuis trop longtemps trop dispendieux alors que la population qui n’arrive plus a vivre qui est sa victime, souffre.
C’est toute la classe politique qui n’a jamais su s’inscrire dans le progrès réel nécessaire et indispensable à la meilleure destinée de toute la population.
Non à des projets de grands plans qui peuvent contenir certains grands pièges comme ceux qui ont tant endetté la France.
Ce dont la France a besoin, c’est d’un communisme républicain universaliste du vingt et unième siècle.
Avec le fonds public européen proposé par Ian Brossat , dans un 1er temps tu proposes d’améliorer les écoles publiques et dans un 2 eme temps tu reproches un confort jamais atteint dans les écoles .. Attention aux contradictions .
Il faut simplement dire que l’argent dans un pays comme la France doit être l’argent humain, et que ça exige de ne pas dépenser excessivement l’argent publique même si certaines idées d’accroître toujours plus le confort ne sont pas bêtes. Je pense qu’un fonds public européen peut être de l’argent humain.
L’Etat a fait dispendieux sans tenir compte de la population n’arrivant plus à vivre, il a fait aussi dans l’histoire des dépenses de l’argent public des dépenses bêtes, c’est ce que j’ai pu observer moi-même.
Je suis farouchement contre deux argents : l’argent bête, et l’argent sale ; et je suis farouchement pour l’argent humain. Ce qui peut faire croire à une contradiction de ma part, c’est que des dépenses pour accroître un confort jamais atteint dans les écoles sont des dépenses humaines, mais ces dépenses ne sont pas humaines quand la population n’arrive plus à vivre. Donc des dépenses humaines peuvent être dangereuses, elles étaient à différer, à programmer ultérieurement.
Je pense que nous avons besoin d’argent humain et je me dis mais ça reste à vérifier que le fonds public européen pourrait être un fonds humain.
Je suis pour des services publics du vingt et unième siècle et en même temps pour des dépenses de l’Etat humaines ; ce qui veut bien dire aussi à quel point sont assassins des gaspillages d’argent public dans des dépenses bêtes. Nul n’a le droit de faire souffrir par inconscience involontaire ou plus ou moins volontaire autrui alors que c’est évitable.
Moreau : vous nous donnez le concept de l’argent humain. Intéressant, notamment parce que c’est apparemment contradictoire. Pour un marxiste ou un gilet jaune, c’est bien la gestion des richesses via l’argent qui mène à une concentration très inégalitaire, donc mauvaise pour le développement humain. Ainsi le capitalisme contraint-il à toujours plus d’ “économies” sur le dos du peuple, c’est-à-dire à un détournement de valeur vers la spéculation.
A creuser, sans doute en étudiant l’aspect “corvée”, c’est-à-dire la part de temps que chacun devrait consacrer à la collectivité (et pas seulement au seigneur ou à l’état), au bien-être de tous. Le plus simple moyen de redistribuer plus également, c’est l’impôt, taxant l’argent tant humain que du profit.
Ecoles : où avez-vous vu un confort “jamais atteint” et peut-être superflu, alors que tant d’écoles sont mal entretenues, mal équipées, mal pourvues en encadrement profs et ATSEM ?
30 milliards volés par CICE + flat tax + fin de l’ISF,
85 milliards volés par l’évasion fiscale,
36 milliards + coût des odieuses Opex : consacrés à la guerre…
Tout ce pognon de dingue existe, et c’est lui qui manque à la vie des gens normaux : pas la peine d’imposer encore des économies aux transports, à l’éducation, à la santé, à la culture et autres services publics dont nous avons besoin ! Vous me paraissez un peu intoxiqué par la propagande de droite, dispensée depuis 1983, selon laquelle le public serait trop dispendieux alors que l’entreprise (le sacro saint capital privé) aurait besoin de plus de moyens pour le bien de la nation ! Avez-vous réalisé que l’essentiel de la dette publique est issu d’un artifice au profit de banquiers ?