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La France s’est souvent honorée en résistant. Elle s’est unie contre le nazisme. Le Général de Gaulle avait utilisé le véto au sein du Conseil Européen. Le gouvernement de gauche avait rejeté « l’accord multilatéral sur l’investissement » en 2000. La France a refusé de suivre les Etats-Unis dans la guerre contre l’Irak, basée sur le plus gros mensonge du siècle. Son comportement s’est fondé sur l’intérêt du peuple, du droit universel et de la paix. Il lui a valu une reconnaissance internationale.
Si la polémique déclenchée par Nicolas Sarkozy contre la Commission de Bruxelles portait sur le refus d’obtempérer au pacte européen de stabilité, et donc de refuser d’abroger la retraite à 60 ans, ou pour obliger à une taxation des mouvements spéculatifs, ou encore pour inventer un système européen de transport combiné permettant de mettre les camions sur les trains, il aurait été dans cette lignée d’une France résistante pour faire progresser les droits humains. Mais là, c’est de l’exact contraire dont il est question. La Commission européenne a, après le vote du Parlement européen, fait des remarques à la France et menacé de déclencher une procédure d’infraction parce qu’elle stigmatise d’autres européens, les « Roms ». Il s’agit bien d’une discrimination ethnique, qui avait été validée noir sur blanc dans une circulaire datée du 5 août dernier : « 300 campements ou implantations illicites devront avoir été évacués d’ici trois mois, en priorité ceux des Roms » était-il écrit d’une main officielle. Il y a bien désignation d’une catégorie d’Européens, « les Roms », qui plus est avec un nombre affiché pour devenir un slogan de propagande d’une police qui est appelée à servir la communication du pouvoir.
Mais, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, le Président de la République Française s’affronte avec d’autres pays, les institutions européennes, les églises, parce qu’il se porte à la pointe d’une politique « régressive ». Elle est raciste et xénophobe. Et ce Président de la République n’hésite pas à mentir sur le contenu de ses entretiens avec la Chancelière Allemande, laissant croire qu’elle le soutenait et ferait de même. Cela revient à blesser le peuple allemand si sensible dès lors qu’il s’agit de xénophobie, pour des raisons historiques que nous comprenons. Le Président de la France n’a aucun souci de la réputation du pays qu’il dirige. La polémique avec la Commission européenne et les autres pays n’est pas un emportement. C’est une grave faute qui n’est pas innocente. Il n’en a cure. Elle est organisée sciemment pour remobiliser un électorat de droite nationaliste extrémiste depuis l’échec de la droite aux élections régionales. Cette stratégie vise aussi à tuer la politique, la réflexion politique, laissant entendre que la solution aux difficultés des familles populaires, au cœur d’une crise qui va encore s’aggraver, serait un Etat de plus en plus autoritaire, l’expulsion de tous ceux qui seraient désignés comme des « étrangers », et plus de répression.
Dans le même mouvement, le pouvoir sarkozyste poursuit sa guerre sociale contre les travailleurs et les pauvres, avec le blocage des rémunérations du travail et des prestations sociales, en laissant plus d’un million de retraités sous le seuil de pauvreté, en permettant qu’ augmente le prix des produits de première nécessité et les impôts les plus injustes qui soient, c’est-à-dire les prélèvements indirects, et en voulant passer en force pour mettre fin au droit à la retraite à 60 ans.
Pendant ce temps, sur les grands sujets du dernier Conseil européen, dont celui de l’accélération de l’intégration de l’Union européenne dans l’OTAN, le refus de l’engagement de l’Union européenne dans les pourparlers entre Israël et la Palestine, et la mise en œuvre de ce que l’on appelle désormais « le semestre européen », c’est-à-dire la vérification tous les six mois que les pays appliquent bien la cure d’austérité, la purge sociale, M. Sarkozy ne résiste pas. Il approuve et se couche ! Il applaudit le renforcement des sanctions contre les pays qui n’appliqueraient pas assez vite et assez fort les politiques d’austérité et de casse des services publics.
La combinaison de ces deux phénomènes : populisme de droite, encore accentué avec la proposition du Ministre de l’intérieur de démanteler la justice, donc le droit, et l’austérité pour nos concitoyens, l’alignement sur les Etats-Unis n’aboutit qu’à faire, semaine après semaine, le lit de l’extrême droite, en France et dans toute l’Union européenne. Les élections en Suède dimanche dernier viennent encore tristement de le démontrer.
La crise économique et sociale se transforme en crise politique. Elle touche l’idée même de construction européenne solidaire. Rien n’est fait pour le progrès social, la solidarité, la sécurité du travail. Rien n’est fait pour impulser une nouvelle politique industrielle et agricole. Sur ce terreau peut naître le pire. Dans ces conditions, l’unité sociale et populaire pour défendre le droit à la retraite à 60 ans à taux plein, pour défendre les valeurs de la République, est une action de salut public. La résistance au sarkozysme et l’élaboration d’un nouveau projet par toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans la gauche et le progressisme français devient une impérieuse et urgente nécessité.
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Victor HUGO avait fait un rêve européen. Il vient de se retourner dans sa tombe. Je l’ai entendu.