Les raisons d’un coup de poignard social

le 16 janvier 2023

Il y a quelques jours, lors d’un débat sur les retraites, la chaîne de télévision « Public-Sénat » m’opposait à une conseillère économique du cabinet britannique PWC*.

Ce grand cabinet international, bien connu pour son implication dans les « Luxembourg Leaks », sévit dans le monde entier pour détruire les droits sociaux, démanteler les entreprises et affaiblir les États au nom de « la rationalité économique ».

Ainsi, cette économiste  n’a fait aucun détour pour avouer l’objectif de la « contre-réforme »  macronienne des retraites: satisfaire les marchés financiers.

« Comment avoir l’aval des investisseurs lorsque l’on dit, nous voulons financer notre modèle social alors que d’autres pays ont obligé leur population à partir bien plus tard » m’a-t-elle lancé !

Et, pour conclure son plaidoyer, elle a pris pour exemple l’éphémère gouvernement du Royaume-Uni qui avait promis des baisses massives d’impôts. « Les marchés financiers ont dit non, le gouvernement de Liz Truss a dû démissionner. Donc il y a quand même cette menace-là qui s’appelle la sanction des marchés », insista-t-elle.

Tout cela relève de l’imposture. Les marchés financiers ne financent pas les retraites en France puisque celles-ci le sont à partir de l’idée d’un salaire continué à partir d’un prélèvement sur le travail et les richesses produites.

Mais, la démonstration des conseillers de PWC est exacte. Car les institutions internationales notamment la Commission européenne tout au service des ogres de la finance mènent depuis des années la guerre sociale contre les travailleurs pour leur soustraire toujours plus de fruits de leur labeur. C’est la raison principale de cette violence sociale.

Ils s’acharnent à remettre en cause la grande avancée civilisationnelle qui a fait que la retraite ne soit plus une antichambre de la mort comme le souhaitait A Croizat. Pourtant, il demeure qu’un tiers des ouvriers et un quart des employés se retrouvent en incapacité dès la première année de la retraite.

Quelle vie nous restera-t-il à l’ouvrier, à la caissière de supermarché, à l’infirmière après un nouvel allongement du nombre d’années passées au travail, alors que les comités d’hygiène et de sécurité ont été supprimés par les destructeurs des droits humains et sociaux qui se succèdent au pouvoir.

La régression proposée va bien au-delà des politiques menées sous les septennats de M. Giscard d’Estaing et de M. Pompidou. À cette époque, l’âge légal de départ était bien à 65 ans, mais avec 37,5 annuités de cotisation,la prise en compte des dix meilleures années de salaire, avec une retraite indexée sur les rémunérations. Aujourd’hui, le gouvernement veut imposer l’âge légal à 64 ans avec 43,5 ou 44 années de cotisations.

Et, pour toucher une retraite convenable, beaucoup de maçons, de caristes, d’infirmières, de vendeuses de supermarchés, d’artisans, d’employés devront travailler jusqu’à 67 ans. Souvent l’argument télévisuel consiste à expliquer que les autres pays le font. Tel est bien le problème !

Le capitalisme, c’est le moins-disant social, la régression. Et on utilise les vieilles ficelles de la division entre travailleurs pour protéger la rente.

Derrière ce coup de poignard social s’en cache un autre. Le pouvoir et ses porte-voix répètent à l’envi que les caisses de retraite des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers se retrouveront rapidement en difficulté du fait d’une réduction des recettes engendrée par la diminution de la masse salariale.

Il y a donc un projet caché répondant lui aussi aux injonctions formulées conjointement par les institutions européennes et les marchés financiers sur les bons conseils de PWC et de Mckinsey & Company : affaiblir encore plus les services publics et abolir le statut des fonctions publiques créé par Maurice Thorez et largement amélioré par Anicet Le Pors en 1982.

L’insupportable débat autour des « régimes spéciaux », visant à diviser les salariés, annonce cette attaque. Autrement dit, fidèle à une injonction d’un dirigeant du grand patronat français, il y a plus de 40 ans, les conquis du Conseil national de la Résistance et « les germes de communisme » doivent disparaître pour laisser pleinement libre cours au marché capitaliste.

Le cynisme de cette affaire est aggravé par le fait que les travailleurs vont être sacrifiés sur l’autel d’une petite opération politicienne pour sceller un accord entre le gouvernement et les parlementaires de droite.

N’est-il pas, écœurant, choquant, révoltant de voir les uns et les autres se pavaner devant les palais officiels revendiquant la paternité du crime qu’ils préparent, sous les yeux ravis du parti de l’extrême droite qui s’en frotte les mains.

Et, la rengaine de la Première ministre, louant elle-même sa « volonté de convaincre que sa réforme est juste », cache mal le fait que pour l’immense majorité de nos concitoyens, ce n’est pas vrai. Un terrible fait joue contre elle !

Le hasard du calendrier a voulu qu’elle présente son projet régressif le jour même où la presse économique  – toujours pour rassurer les fameux marchés financiers – annonçait que les entreprises cotées en bourse battent les records de leur niveau de profits et que leurs actionnaires recevraient 80 milliards d’euros de dividendes.

Précisément. En faisant payer les revenus financiers du capital, en conditionnant toutes les aides publiques à la formation, à la réduction du temps de travail, à l’augmentation des salaires, à l’égalité salariale entre les hommes et les femmes, non seulement il n’y aurait plus de déficit, mais on pourrait revenir à l’esprit des ordonnances de la Libération et de la loi Croizat pour une sécurité sociale élargie à toutes les périodes de la vie.

Sans attendre, la puissance du mouvement social unitaire peut obliger un vrai débat national pour faire éclater la vérité, faire triompher la justice et obliger le pouvoir à abandonner son insupportable et injustifiable projet. C’est à portée de main.

Patrick Le Hyaric

16 janvier 2023

* PWC : PricewaterhouseCoopers


4 commentaires


Moreau 18 janvier 2023 à 12 h 10 min

La gauche authentique pertinente qui gagnerait à être d’intégrale objectivité met l’accent et des efforts pour les transports en commun gratuits ou à petits prix… Pourquoi ne pas insister pour la sécurité sociale universelle et pour le service de téléphone fixe filaire ou sans file gratuit pour toutes et pour tous de toutes les générations…

Pour le départ à la retraite, je préconise toujours pour toutes et pour tous, le choix de son âge de départ à la retraite sur 10 ou 15 ans, les Hommes en général savent ce qu’ils ont de mieux à faire. Il faut que la classe politique arrête son cirque préjudiciable au Peuple en France et dans l’Union Européenne.
Les gens voterons pour la gauche quand ils seront sûr qu’ils ont à faire à la gauche authentique universaliste qui a compris depuis 1981-1995 qu’il ne faut jamais renoncer aux meilleures propositions élues en plus.

Alain Harrison 20 janvier 2023 à 2 h 19 min

Wein! la gauche authentique ?

Quand la nomenclature de la gauche (la NUPES était une bonne voie ?).
Maintenant en voie d’éclatement grâce à qui ?

Donc, quand elle sera la structure qui portera l’organisation citoyenne pour la préparation de la Constituante Citoyenne (les comités citoyens) et le Parti Citoyen (comités citoyens).

Voir pour la structure du pouvoir citoyen: la plateforme des gilets jaunes

Notre programme:

L’État de Droit pour qui ?

Attendu que la société est divisée en deux classes:
– La classe des personnes qui possèdent le droit d’organiser et jouir du travail des autres.

– Les autres, ceux, qui sont forcés à donner leur vie aux premiers.

Ceci est l’essence de la condition de salarié.
Cet état de choses nécessite un État comme appareil bureaucratique séparé de la population, afin d’imposer par la force ces rapports d’exploitation.

PLATEFORMEJAUNE met en garde contre une certaine extrême gauche opportuniste qui se réclame du maoïsme, du trotskisme, du marxisme, du léninisme, de l’anarchisme, qui veut s’arroger le privilège de décider à notre place : ce qui laisse la porte ouverte à toutes les dérives et une autoroute à la restauration du capitalisme, ce qui a été constaté pendant un siècle de révolution trahie. Nous voulons une libre fédération des travailleurs consommateurs associés organisée en comité d’atelier, de service dans les entreprises, comité dans les territoires et lieux de vie.

Notre ambition est de substituer les cliques politiciennes et aux lobbys capitalistes la pleine et entière souveraineté des travailleurs et consommateurs associés. C’est pour cette raison que nous proposons des garanties :


Droit permanent de révocabilité par les comités des délégués,

Établissement de mandat impératif

Aucune rémunération accordée pour l’exercice de la fonction de délégués, avec la mise en place d’un système de détachement. Les délégués restent liés et directement responsables devant les organes de gestion ouvrière auquel ils sont rattachés.

En aucun cas, ils ne peuvent être cooptés par des partis ou des syndicats.

La théorie néolibérale (son idéologie concrétisé: montage des structures: les institutions capitalistes: FMI, ONU, paradis fiscaux, fonds vautours, etc.. et son système militaro-industriel-bancaire privé) est un montage complexe et redondant.

Voilà ce qui est à changer.

Alain Harrison 20 janvier 2023 à 2 h 20 min

Maintenant comment ?

Alain Harrison 21 janvier 2023 à 7 h 11 min

Ailleurs, le progtessisme (une formule pour parer à l’instrumentalisation du concept de démocratie, par exemple le capitalisme qui se dit comme au Canada une démocratie capitaliste __ Faut le faire !!!) est mis en danger sans attente par la droite. Pérou, coup d’état presque le lendemain des élections sous prétexte fallacieux. Le Brésil jusqu’à quand ?

Le Pérou dans l’instabilité politique et sociale
19 Janvier 2023, 17:41pm | Publié par Bolivar Infos

Par María Josefina Arce

«« Les Péruviens n’ont pas quitté les rues depuis que le président Pedro Castillo a été démis de ses fonctions par le Congrès le 7 décembre. Il a été arrêté peu après par la police et reste en prison pour «rébellion» après avoir annoncé la dissolution du pouvoir législatif et demandé l’élection d’une Assemblée constituante. »»

L’Assemblé Constituante est l’ennemi no 1 du capitalisme. Voir le Vénézuéla.
À quoi peut servir une Assemblé Constituante ?
Le lien avec la Constituante Citoyenne et le Parti Citoyen ?

À C Dl’aire, ( Ukraine, comment l’armée française se prépare ?) la question quel est le meilleur char d’assaut, entre autres.

Le dénouement dépend de quoi ?

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