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L’accueil réservé par le gouvernement au rapport sur la situation des « banlieues » commandé à Jean-Louis Borloo est inversement proportionnel à celui de M. Spinetta sur la SNCF. Ceci se comprend. Le texte, issu d’une large concertation avec les acteurs de terrain, qu’a présenté l’ancien ministre de la Ville, est un implacable acte d’accusation contre les faits, méfaits et forfaits des politiques mises en œuvre ces dernières décennies sous la dictée d’un capitalisme qui laisse à l’écart de la République les habitants des banlieues, des villes moyennes comme ceux des territoires et départements d’outre-mer et du monde rural. Un système qui draine de plus en plus l’argent vers de grandes métropoles, quand il ne termine pas dans les paradis fiscaux, utilisant hier la ruralité et aujourd’hui les travailleurs vivant dans les cités populaires comme des réservoirs de « main-d’œuvre » bon marché qui servent aussi à tirer vers le bas l’ensemble des rémunérations. Ces « lieux » ont été littéralement délaissés, méprisés, tout en étant vilipendés. Et pourtant, c’est dans ces espaces que le macronisme aggrave encore les souffrances sociales : diminution des crédits aux communes et à la politique de la ville, suppression des aides au logement, étouffement organisé des offices HLM, sévère rabotage des emplois aidés, pénalisation des villes qui ont le plus de logements sociaux avec l’abattement de la taxe foncière sur les propriétés bâties. Ajoutons cette sorte de règle d’or imposée aux collectivités qui réduit autoritairement leur « droit à la dépense » au service des habitants.
Le rapport confirme ce que nous n’avons cessé de dénoncer ici : moins de services publics, moins de crèches, moins d’équipements sportifs, des capacités financières des communes populaires d’un tiers moins importantes que la moyenne, moins d’accès à la culture, moins de policiers, moins d’enseignants, moins de professeurs. Un niveau de chômage et de précarité plus important qu’ailleurs. Ajoutons cette plaie au visage du pays de Molière et d’Hugo : l’illettrisme. Dans un rapport commandé par le gouvernement est donc mise à nue l’ampleur des fractures territoriales, sociales qui balafrent violemment le principe de l’égalité républicaine. « Cette situation ne sera pas tenable si nous renonçons à intégrer dans le rêve français 10 millions d’âmes invisibles » proclame le texte. C’est dire le niveau élevé de l’urgence sociale et humaine.
De nombreuses propositions du rapport s’opposent aux orientations actuelles du pouvoir, d’autres ont été déjà vues ou entendues, d’autres sont trop imprécises. Ainsi, on ne pourra pas le suivre quand il propose un fonds issu de nouvelles privatisations. C’est précisément cette logique qui offre les biens communs à des entreprises privées qui font du travail une variable d’ajustement pour augmenter les profits et sacrifie les quartiers populaires. De même, ce que l’on appelle les « emplois francs » n’aboutissent qu’à offrir une main d’œuvre sous payée à de grandes entreprises qui en profitent pour accentuer encore la concurrence et à terme aggravent les déficits de la Sécurité Sociale. C’est au chantier d’une allocation-autonomie jeunes pour les études, au logement qu’il faudrait s’attaquer. Ce n’est pas le couvre-feu sur les quartiers qu’il faut décréter mais celui sur les licenciements et le chômage. La perte de son travail ou le mur dressé devant le droit au travail sont une véritable perte de soi.
Voilà pourquoi, au lieu des habituels replâtrages, des bricolages et des paroles ministérielles masquant le manque de politique publique audacieuse, la République, pour rester elle-même, doit faire vivre les droits à l’éducation, à la formation, au travail, au logement et à la santé. En ce sens, il conviendrait de se saisir avec audace du projet libérateur de garantir à chacune et chacun un travail, combiné tout au long de la vie aux formations nécessaires pour pouvoir évoluer dans ses activités, ses fonctions et rémunérations en lien avec les mutations technologiques à l’œuvre comme aux besoins en emplois nouveaux qu’imposera la révolution écologique amorcée. A l’opposé de la précarisation du travail, du contrôle des chômeurs et des pauvres, des contrôles au faciès, c’est à une sécurité de vie, à une sécurité dans le travail et la formation qu’il faut parvenir par le débat et une action tenace et de longue haleine pour sortir des dangereux chantiers des « dé civilisations » à l’œuvre.
Ce rapport sur les banlieues est aussi un point d’appui pour réclamer avec force et d’urgence de revenir sur toutes les décisions qui ont conduit à geler ou à réduire les crédits pour les associations, pour les communes, de réinstaller les services publics supprimés, d’engager un incomparable effort pour l’école, l’université, le sport et la culture, d’aider les offices HLM et accélérer la construction de nouveaux logements de haute qualité environnementale, à loyers accessibles, dans le cadre de projets de ville porté par les maires et les populations.
Les actions des élus, des associations comme ce rapport éclairent d’un jour nouveau ce que l’on cache bien trop de la réalité de notre pays. Des points d’appui nouveaux se construisent. Le respect ne doit plus être mis en jachère et le droit à l’égalité ne doit plus être ce gros mot que les idéologues du système triturent, malaxent et rejettent pour l’accoler à l’inefficacité. Au contraire, proclamer en actes l’égalité républicaine deviendra une considérable richesse pour la collectivité nationale.
3 commentaires
Les banlieues ont impérieusement besoin des mêmes refondations progressistes et universalistes que la ruralité pour le progrés général français et européen notamment ; et les apports à ce débat sont déjà nombreux et très importants mais il faut un mouvement de gauche, le mouvelement libéral tout seul ne peut pas assurer tout le progrès pour tous.
Bonjour.
«« diminution des crédits aux communes et à la politique de la ville, des villes moyennes comme ceux des territoires et départements d’outre-mer et du monde rural. »»
Les communes qui étaient la première ligne du CNR ?
Qu’en reste-t-il ?
QU’aurait-elle pu faire alors qu’elles étaient en force ?
Un retour sur leur histoire est impératif, si la gauche veut se redonner un nouveau souffle.
Même, pour comprendre ce qui se passe au Vénézuéla, les communes du Vénézuéla, ont sans doute quelque chose à nous dire ? Ce qui est commun et originale.
Mais, avec la guerre incessante, qu’une majorité de la gauche française a nié et dénié, contre le Vénézuéla et les fondements du Chavisme inscrits dans les communes, les communes vénézuéliennes, non seulement résiste, mais continue envers vents et marées à prendre des initiatives. Maduro, malgré l’inflation dont on ne sait rien, sauf la PUB financière occidentale, continue d’augmenter les salaires, les retraites et ci.. Il a développé un nouveau mode de transaction pour contrer l’embargo des paiements (médicaments et autres). Il continue d’honorer les dettes (sans doute qu’à un moment l’ANC va établir une audite de la dette), mais il y a tellement de chats à fouetter, et des priorités qui sont harcelées de tellement de façons différents. Au sein de l’UE des promesses, la Grèce en a appris les applications qui se résument en un plan d’affaire de la privatisation simple mais efficace: dette-austérité, et Macron est justement en train d’en planifier un dont le déroulement aura son originalité, juste pour brouiller les cartes, après tout la France mérite un autre traitement que la Grèce ???
Cela étant dit, la gauche a encore tout le reste du printemps et l’été, pour que tombe ce gouvernement déjà mûri, comme la pomme tombe à l’automne. Le délais est court, mais la population est-elle mûre des retombés néo-libérales, ou, est-ce que le 0,3% de croissance l’emportera ? Que la précarité gagnera les coeurs dans le sillage des vainqueurs individus-entrepreneurs PUBlier par les médiats ?
L’union de la gauche, qu’est-ce qui peut l’unir, au-delà de ses fractures entretenues ?
Les militants et les syndiqués vont-ils se prendre en main et se débarrasser des opportunistes qui les noyautent ?
Pour que le temps des cerises reviennent, il y a un travail de fonds à reconduire, attention, nous ne sommes plus en 1917, ni en 1968, mais en 2018, Mais souvenons-nous de la privatisation de la FED au début du siècle dernier et de
«« La loi no 73-7 du 3 janvier 1973 sur la Banque de France est une loi française, qui modifie le statut de la Banque de France et précise notamment les conditions autorisant l’État à emprunter à la Banque de France. Cette loi est également appelée « loi Pompidou-Giscard » ou « loi Pompidou-Giscard-Rothschild » par … »»
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_janvier_1973_sur_la_Banque_de_France
Ce n’est qu’une info parmi bien d’autres.
Qui contrôle l’argent a le contrôle.
Allez-vous finir par le comprendre, la gauche , et le faire comprendre à la population, au Peuple.
Mais, est-ce que la classe moyenne, la classe conforme à la pensée unique peut sortir de cet état d’esprit.
Je vous le dit, chaque époque a sa grande problématique clef.
Et aujourd’hui, le seuil du conditionnement-manipulation est à point.
Le chapitre 1 du livre de jean-marie Abgrall, tous manipulés tous manipulateurs, est incontournable. C’est un des éléments du problème, il ne faut pas le sous estimer, sa banalisation en fait un non su (le su et le non su, Korzybski).
Korzybski est à l’académique, ce que Krishnamurti est à la vie usuelle, ce que Groff est à l’inconscient psychanalytique, ce que le livre Annick de Souzenelle (DE L’ARBRE DE VIE AU SCHEMA CORPOREL.LE SYMBOLISME DU CORPS HUMAIN. Broché – 1977) est aux mythes et l’inconscient collectif__la somme des inconscients individuels, c’est simple à comprendre. L’inconscient collectif réside dans l’éducation commune d’une culture, les symboles mystifiants font parti de la construction des mystères………
Nous devons remettre les choses à leur juste place. De la préhistoire, depuis l’hominisation (nous devions être passablement ignorant du sens des choses NON OUI) et l’histoire qui a servi de levier aux connaissances des époques successives jusqu’à maintenant, et nous sommes toujours mystifiés. NON OUI
Et les Arts Majeurs doivent participer à la démystification, ce qu’ils font d’ailleurs, même aux époques antérieures, mais cela demeure, encore aujourd’hui, marginal. De la condition humaine, le conditionnement a la couenne dure.
Questionnement pertinent en effet : “Les communes qui étaient la première ligne du CNR ?
Qu’en reste-t-il ?
QU’aurait-elle pu faire alors qu’elles étaient en force ?
Un retour sur leur histoire est impératif…”
Très pertinent que les communes voire les communautés des communes soit toujours au premier plan car passer outre la répartition de la population est une rupture avec la bonne complémentarité du centralisme et du décentralisme ; c’est déstabiliser la république.
L’Art est essentiellement ; l’Art majeur ; il n’est pas marginal, le premier art n’a jamais été intégré comme la recherche, et selon comme dit La Poésie qu’ils doivent être intégré. Je ne sais pas comment c’est dans les Etats-Unis d’Amérique, mais j’ai l’impression que les marchands d’armes y sont plus intégrés que les Poètes ! La classe politique” française par contre est assez marginale : 60% d’abstention dans les grandes élections !