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On avait presque oublié le nom de ce monsieur Luc Chatel ancien ministre de M. Sarkozy, lui, qui comme chanoine de Latran disait que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur ».
Fidèle aux principes sarkozystes de brouillage des repères, M. Chatel réapparait. A la veille de la rentrée scolaire, voilà qu’il accuse violemment Vincent Peillon le Ministre de l’éducation nationale de paraphraser Pétain.
Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche du 2 septembre, Vincent Peillon déclare : « La morale laïque c’est comprendre ce qui est juste, distinguer le bien du mal, c’est aussi des devoirs autant que des droits, des vertus, et surtout des valeurs. Je souhaite pour l’école française un enseignement qui inculquerait aux élèves des notions de morale universelle, fondée sur les idées d’humanité et de raison. La République porte une exigence de raison et de justice. La capacité de raisonner, de critiquer, de douter, tout cela doit s’apprendre à l’école. »
Et le ministre de la République rajoute: « Un certain nombre de valeurs sont plus importantes que d’autres : la connaissance, le dévouement, la solidarité, plutôt que les valeurs de l’argent, de la concurrence, de l’égoïsme… »
Ce ne sont pas là les mots d’un fossoyeur de la République comme le prétend bêtement M. Chatel. Au contraire ! Ils s’inscrivent dans la « morale laïque » inventée par de grands républicains et conceptualisée par Jean Jaurès lui-même afin de mettre au cœur de l’enseignement les valeurs républicaines
Je ne résiste d’ailleurs pas au plaisir de citer des extraits de ce discours fondateur « Pour la laïque » écrit en 1892 par Jean Jaurès :
« Il s’agit de savoir si cette morale laïque, humaine, qui est l’âme de nos institutions, pourra régler et ennoblir aussi toutes les consciences individuelles. Il s’agit de savoir si tous les citoyens du pays, paysans, ouvriers, commerçants, producteurs de tout ordre, pourront sentir et comprendre ce que vaut d’être homme et à quoi cela engage. Là est l’office principal de l’école.
(…) L’enseignement civique ne peut avoir de sens et de valeur que par l’enseignement moral, car les constitutions qui assurent à tous les citoyens la liberté politique et qui réalisent ou préparent l’égalité sociale, ont pour âme le respect de la personne humaine, de la dignité humaine. La Révolution française n’a été une grande révolution politique que parce qu’elle a été une grande révolution morale.
(…) Combien grande serait une humanité où tous les hommes respecteraient la personne humaine en eux-mêmes et dans les autres, où tous les hommes diraient la vérité, où tous fuiraient l’injustice et l’orgueil, et ne recourraient ni à la violence, ni à la ruse, ni à la fraude !
(…) Voilà le but suprême que doit proposer l’école primaire. (…) »
N’en déplaise à ce sombre M. Chatel dont la comparaison déraisonnée ouvre la porte à toutes les dérives et amalgames, les propos de Jean Jaurès, dans lesquels le ministre Peillon veut inscrire l’école de notre temps, sont d’une hauteur de vue qui veut nous réconcilier avec la Respublica, le « bien public ».
Elle a été bien malmenée dans la dernière période, à la fois en termes de moyens humains et financiers mais aussi en s’attaquant aux programmes comme par exemple à l’histoire. M.Chatel y est bien là pour quelque chose, non ?
L’enseignement de l’histoire ne peut faire l’impasse ou minimiser l’importance de grands périodes comme la Révolution française, la Commune, le Front populaire, la Résistance…
Les programmes sur l’économie ne peuvent pas être à sens unique et ne porter que la seule pensée dominante du « qui veut gagner des millions » ou du capitalisme indépassable.
Comme le souhaitaient ses grands fondateurs républicains, l’école doit permettre à ce que chaque enfant, chaque être humain puisse devenir un citoyen et puisse, avec tous les autres, ensemble, faire République et Monde, donner corps à l’égalité, la démocratie et la fraternité.
04/09/2012
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La morale laïque est présentée bien souvent comme ringarde par ceux-là mêmes qui voient dans le néolibéralisme l’alpha et l’omega de la réponse à la crise.Ils se trompent lourdement,ils se trompent d’autant plus que l’on peut affirmer sans excès que c’est précisément l’oubli de cette morale laïque qui nous a plongé dans la situation actuelle.Il n’est pas faux de parler d'”affaissement moral”.C’est même la réalité de la situation d’aujourd’hui,de notre situation.Certains parlent avec raison d’une “crise de civilisation”.Or l’Ecole (entendue au sens large de la petite école à l’université)est précisément le creuset de la civilisation.