L’école ne peut être un jeu politicien

le 21 mai 2015

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Passons sur l’hystérie des droites à l’endroit de la ministre de l’Education nationale qui vient de rejoindre Christiane Taubira au palmarès des insinuations, de la misogynie, des insultes racistes et des procès en incompétence ! Les diatribes sarkozystes de fin de banquet sont très mal venues quand on a un bilan si désastreux ! Jugeons-en !

Entre 2000 et 2009, la part du financement global de l’éducation a été diminuée d’un point de la valeur de la richesse nationale. Le budget du ministère de l’Education nationale ne représentait plus que 20% du budget de l’Etat en 2012 contre 28% en 2007. Plus de 150 000 postes d’enseignants ont été supprimés entre 2000 et 2012, dont 80 000 sous le mandat de N. Sarkozy. La rémunération des enseignants a drastiquement été abaissée, aggravant la crise des vocations pour toute une jeunesse qui se détourne de cet admirable métier. Les Instituts universitaires de formation des maîtres ont été supprimés sans qu’il ne soit proposé d’alternative et sans que personne, parmi ceux qui hurlent si fort aujourd’hui, ne s’offusque du crime qui consiste à confier des enfants à des adultes qui n’ont pas été formés pour cela. Résultat, l’école de la République, qui permettait autrefois à de nombreux enfants d’ouvriers, de paysans ou d’employés d’accéder aux études supérieures, est devenue la plus inégalitaire des pays membres de l’OCDE !

Voilà la réalité du triste bilan de la droite au pouvoir! Des faits qui interdisent tout statuquo, moins qu’ailleurs au niveau du collège qui n’a d’unique que le nom. Ils imposent au contraire de sortir des invectives proférées à grand bruit et de mettre en mouvement l’école, les parents d’élèves et au-delà toute la société pour sortir cette institution centrale de la République de l’ornière dans laquelle elle a été laissée. Cela devrait commencer par un grand débat public portant sur les défis fondamentaux auxquels sont confrontés chaque individu et la société française. Cela appelle à écouter les syndicats et les enseignants qui ont manifesté mardi dernier.

L’éducation doit permettre à chacune et chacun, quelle que soit la classe sociale de ses parents, d’acquérir des savoirs, de penser par lui-même, de « savoir être » aussi, de faire ses humanités tout en participant au projet collectif de la société. Les conditions de la réussite ne peuvent être déconnectées des conditions sociales quand un rapport nous confirme que des centaines de milliers d’élèves vont en classe le ventre creux, qu’ils sont parfois les seuls à se lever de bonne heure alors que les parents sont contraints au chômage, après n’avoir eu comme loisir que des séries télévisées abêtissantes qui influencent leurs comportements.

L’actuel projet de réforme du collège, auquel s’ajoute celle des programmes, divise les penseurs progressistes et parmi la communauté éducative. Raison de plus pour en faire un débat sérieux, argumenté, intègre, nourri de l’expérience des professeurs et des travaux des chercheurs. L’avenir de l’Ecole de la République est un sujet fondamental qui mérite mieux que l’ honteuse mascarade politicienne qui tient lieu de débat. Quand on atteint ce niveau de ségrégation sociale ; quand tant de collégiens sortent du système scolaire sans aucun diplôme ; quand la souffrance enseignante déborde à ce point, il faut changer. Mieux, c’est à une refondation de l’école et du collège à laquelle il faudrait s’attaquer. La réforme proposée effleure à peine les ambitions proclamées.

L’autonomie des établissements ne doit pas devenir le cheval de Troie d’une mise en concurrence des matières et des lieux d’enseignement. L’apprentissage des langues anciennes, fondement du français et de bien d’autres langues modernes, doit être accessible au plus grand nombre au lieu d’être facteur de ségrégation. La démocratisation des langues étrangères est indispensable à une jeunesse ouverte au monde, au-delà de celles dont on parle régulièrement ces jours- ci. Pourquoi si peu d’effort sur l’accès à l’arabe ou au chinois par exemple ? Rien n’empêche de réfléchir à l’interdisciplinarité, à condition de préserver un haut socle commun d’apprentissage pour l’ensemble des élèves durant toute la scolarité obligatoire. Le volet de la réforme sur les programmes d’Histoire reste ouvert à la discussion. Les enseignants, les associations de parents d’élèves, les historiens, ont tout intérêt à investir cet espace de concertation pour y faire valoir leurs vues, sur l’apprentissage des Lumières comme des parts d’ombres de notre histoire commune.

Précisons cependant que toute réforme audacieuse et progressiste de l’école de la République ne peut se satisfaire du mortifère corset de l’austérité. Sur les 60 000 postes d’enseignants promis par F. Hollande, seuls 4000 ont été réellement pourvus. Le recours aux stagiaires est devenu la norme du recrutement dans l’Education nationale.

Il est impossible de réussir les réformes tant attendues sans dégager les moyens financiers adéquats. C’est sur ce dogme du gouvernement socialiste, qui persiste dans ses objectifs de réduction de la dépense publique, que s’est abimée la réforme Peillon, adossée à des collectivités locales que le pouvoir étrangle financièrement.

Un urgent besoin de réformes progressistes et démocratiques pointe. Il appelle un grand débat national visant l’intérêt général. La lutte contre les inégalités, le redressement du pays, la cohésion sociale ne font qu’un pour qui vise le « vivre mieux» pour tous. Cela passe par des efforts inédits.

Il y a 70 ans, après qu’il eut été élaboré par le Conseil national de la résistance, était lancé le plan Langevin-Wallon, matrice de l’école républicaine des trente glorieuses. Si les temps ont changé, il reste aujourd’hui l’urgence à retrouver ce souffle émancipateur, dans les contenus, les méthodes et les moyens d’un enseignement qui permette la promotion de toutes et de tous. Telle est la grande ambition égalitaire qui reste à co-construire.


6 commentaires


Michel Berdagué 21 mai 2015 à 20 h 20 min

Ce n’ est pas cette contre-réforme imposée par décret dans la nuit de ce jour qui permet les discussions pour ” retrouver ce souffle émancipateur, dans les contenus, les méthodes et les moyens d’un enseignement qui permette la promotion de toutes et de tous. Telle est la grande ambition égalitaire qui reste à co-construire.”
Les savoirs fondamentaux voient les heures régulièrement réduites , disparition la géométrie au profit de la programmation informatique ,comme tu le signales la littérature des Lumières devenue optionnelle , 20 % des programmes relèveront de la décision des chefs d’ établissement et de leurs affidés ” genre conseil pédagogo ” par conséquent tout cela signe bel et bien la mort de l’ Ecole de la République avec programmes nationaux pour toutes et tous à égalité . Nous sommes bien loin du CNR , d’ Henri Wallon et de Paul Langevin .
La France avec ses services publics performants et où l’ Education Nationale et la Santé sont la base des avancées d’ il y a 70 ans pour la Sécurité Sociale avec Ambroize Croizat sans oublier Marcel Paul avec la nationalisation de la Banque de France et la création de l’ entreprise publique EDF/GDF que les oui/ouistes minoritaires de 2005 ont tout fait par casser comme la Sécu , la Santé et l’ Ecole de la République , tout ça pour nous formater au libéralisme ultra/néo distillé par cette U.E. et toutes ses directives .
Jeudi 4 juin journée nationale de mobilisation intersyndicale pour l’ abrogation de ce décret : Signez et faites signer la pétition intersyndicale : http://unautrecollege2016.net/

Moreau 22 mai 2015 à 9 h 59 min

Parler de l’Ecole, c’est parler de la République. Parlons-en alors, le Front de Gauche dit qu’elle à refonder, la culture totalement dominante étant la culture d’entreprise, il n’y a pas de démocratie participative car la culture d’entreprise n’est pas synonyme de démocratie participative.
Je pense qu’il n’y aura aucun progrès politique en France et dans l’Union Européenne, si le Peuple ne fait pas une sévère critique du Front de Gauche et si le Front de Gauche ne la reconnaît pas, car s’il y a tripartisme en France, c’est parce que les partis politique qui se prétendent de gauche ne font pas tout leur travail politique, c’est hélas l’évidence. La révolte contre toute la classe politique est profonde dans le pays : et les gens ne comprennent pas pourquoi les communistes universels ne réussissent pas ; même les communistes communiquent en politique en multipliant les coqs à l’âne alors que justement pour faire reculer le tripartisme-omniscience, il n’en faudrait pas.
Au regard de l’élaboration du communisme universel, débattre sur l’éducation nationale avant d’avoir refonder la démocratie, la République, en ayant refonder la politique de la culture car refondation de la démocratie et refondation de la République ne peuvent qu’être synonymes de refondation de la politique de la culture ; discrédite le Front de gauche, d’où l’abstention. Les gens ne peuvent pas partager ce que disent les communistes quand ils parlent de l’éducation nationale sans avoir donné avant la lisibilité de la France en commun, voire de chaque pays membre de l’Union Européenne en commun. Le Peuple français ne comprend pas le Front de gauche : quand on est en retard, rien ne sert de multiplier les précipitations car cela revient généralement à de nouvelles bêtises et à accroître le retard ; le Front de gauche multiplie les précipitations sur tous les sujets médiatisés. Les communistes n’ont pas voulu participer au gouvernement même par exemple pour le ministère de la culture, alors ils devraient être rigoureux, ils ne le sont pas plus que les autres responsables politiques du Front de gauche. Et tant de superficialité fait les beaux jours du tripartisme-omniscience. Les partis politiques font perdre du temps au Peuple, or le temps, c’est la Vie.
Les gens qui s’abstiennent par le sens de l’abstention veulent l’autre Europe, l’Union Européenne en commun ; et non telle ou telle doctrine ! L’idée d’écrire pour construire l’avenir, oui mais avec tout ce que portent les participants à la démocratie participative et sans toujours perdre plus de temps, car faire le contraire, c’est servir le tripartisme-omniscience. C’est servir le capitalisme et personne ne peut dénoncer le capitalisme et le servir. Les abstentionnistes donnent comme sens pour l’avenir une politique entièrement nouvelle dépassant le capitalisme.

Colombe 23 mai 2015 à 10 h 42 min

Avant les élections le ps nous parle de démocratie participative, après c’est le coup d’état permanent.

RABOTOT Robert 23 mai 2015 à 20 h 53 min

La formation des Maitres est une chose bien trop importante pour la négliger, je me rappelle des Ecoles normales qui formaient des Maitres avec des contenus pédagogiques; Certes je ne souhaite pas un retour en arrière mais ne pourrait on pas s’inspirer de ces formations afin que nos jeunes qu’ils soient élèves, collégiens ou lycéens afin que les enfants ne soient pas confiés a des adultes sans formation.

alain harrison 26 mai 2015 à 8 h 36 min

Bonjour M. Moreau

«« Les gens qui s’abstiennent par le sens de l’abstention veulent l’autre Europe, l’Union Européenne en commun ; et non telle ou telle doctrine ! »»

Bien dit, les doctrines, c’est bon pour ceux qui recherchent perpétuellement « le sens de la vie ». Ils passent d’une croyance, d’une idéologie à une autre. Ils prennent la carte pour le territoire (Korzybski). Ils n’ont pas le sens du questionnement, ni ne regardent vraiment le sens et les implications de la découverte qu’est l’Évolution Naturelle.
Digression:
L’Évolution Naturelle, réfléchissons-y bien, c’est, en dernière analyse, la PLUS GRANDE DÉCOUVERTE de toutes les découvertes, plus importante et plus profonde que toute autre, même de la génétique qui en réalité confirme l’Évolution, plus importante que les découvertes en physique fondamentale, etc..
Pourquoi ?
Parce qu’elle nous concerne, nous en tant qu’auteurs des découvertes, auteurs des philosophies, de la musique, des guerres,
et des solutions si nous savons regarder.
Remarquez que nous sommes bien loin des premiers humains..
Et pourtant, on doit constater que cette découverte à l’échelle du temps, vient à peine, il y a quelques secondes, d’être découverte. Et cette découverte nous remet à la case départ, des premiers humains qui ignoraient tout, et pourtant nous voilà ici avec des avantages incommensurables sur eux, les premiers hommes, et pourtant nous voilà à la case départ, mais avec tout un autre plan de connaissances pour vivre et non seulement survivre. Et pourtant, la situation écologique bouleversée à grand V, nous reconduit à la survie et à perpétuer les schèmes du vieux monde.
Est-ce qu’il y aurait « alternative» ?

Nous sommes les auteurs.

Alors réveillons-nous, c’est nous-mêmes qui nous nous endormons.
Et le néo-libéralisme fait parti du mauvais rêve éveillé.
Ce n’est qu’un rapport de forces.

Un moyen ou véhicule de réveil:

Podemos: plus de mille à travers le pays..
Monde Diplomatique janvier 2015

Réveillons notre imagination et couplons la à la réalité.
Le néo nous a embarqué dans la compétition et le court terme.
La Nature nous enseigne le long terme et la patience de la coopération.
Le Peuple Vénézuélien a cette patience.
Allez sur Venezuela infos wordpress

Dans la Commune Pio Tamayo l’organisation est la clef pour défaire l’inflation.

«« A ce jour, 200 personnes représentent les intérêts de la collectivité, à travers les conseils communaux et le Parlement communal. Sans compter le millier de pâtés de maisons organisés, dont les habitants peuvent rapidement se mobilier si les circonstances l’exigent. »»
https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/05/22/dans-la-commune-pio-tamayo-lorganisation-est-la-clef-pour-defaire-linflation/

Jean Jaurès……

alain harrison 26 mai 2015 à 8 h 46 min

L’Évolution Naturelle, il y en a qui l’instrumentalise.

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