Le nouvel étage de la crise

le 13 février 2010

 

Durant toutes ces dernières semaines, on a jeté en pâture à nos concitoyens, comme à un spectacle de cirque, un nauséabond débat sur l’identité nationale, les voiles et les burqas, une mise en scène médiatico-politique de l’affaire Clearstream, une pincée de sécuritaire, des petites phrases peu ragoûtantes. Tout ceci a servi à camoufler la réalité des pas d’ogre d’une crise sociale qui écrase les familles populaires et celles qui, jusqu’ici, se croyaient à l’abri. Dans ce théâtre d’ombres, des spécialistes des oscillations de la crise – qui ne prévoient d’ailleurs jamais rien et expliquent tout…après coup -, le nez levé sur les seules cotations de la bourse, ont voulu faire croire que la crise, tel un mauvais nuage poussé par le vent, se terminait. Ils parlaient évidemment des spéculateurs qui se portaient mieux. Car, comme nous n’avons cessé de l’écrire ici, ceux qui n’ont que leur travail, leur retraite ou leurs maigres allocations pour vivre, vont être poussés à l’étage supérieur de la crise sociale.

Voilà qu’après avoir sauvé le secteur bancaire ainsi que quelques grandes entreprises et abaissé la fiscalité des plus fortunés, les États doivent combler les déficits et les dettes qu’ils ont ainsi créés.

Autrement dit, dans toute l’Union Européenne, on demande aujourd’hui aux peuples de payer les pots cassés. Comment ? En pression sur les salaires, en chômage, en soins plus chers, en démantèlement  des services publics, en recul de  l’âge ouvrant droit à la retraite, en diminution de la protection sociale, en difficultés d’accès au crédit pour les PME et les collectivités locales, alors que la taxe professionnelle est supprimée.

Les gouvernements semblent s’être défiés dans une sorte de championnat du monde des plans  de rigueur et d’austérité, pour une prétendue vertu budgétaire, mais contre les populations.

En remerciement de leur sauvetage par les États, les marchés financiers, ces aigles prédateurs, composés des banques, des institutions financières et des  assurances, à qui des responsables politiques ont donné carte blanche, s’attaquent aux finances des États en difficulté, comme c’est le cas de l’Islande, de la Grèce, de l’Espagne ou du Portugal. Ils font de l’argent par la spéculation sur la dette des États.

Ainsi la totalité de l’impôt sur le revenu collecté dans notre pays sert à payer les frais financiers générés par la dette. Au lieu de leur résister, les gouvernements se couchent, et font payer la crise aux peuples.

Cette crise économique, sociale, écologique, fait naître désormais une crise politique qui prend racine dans les mensonges assénés depuis des années sur la nature des Traités de Maastricht et de Lisbonne.

Ni l’Union monétaire, ni l’Euro ne créent un système de solidarité et de coopération entre les pays européens, en faveur de leurs habitants. L’Euro n’est pas une monnaie commune pour le travail, la formation, l’impulsion d’une grande et nouvelle politique industrielle, agricole, de services ou d’infrastructures. Elle est une monnaie gérée par la seule Banque Centrale Européenne indépendante au service des spéculateurs et contre les travailleurs.

Le sacro-saint principe de « concurrence libre » n’est qu’un venin injecté de force dans le corps des États, qui fait mourir les modèles sociaux existants.

Ainsi, la concurrence fiscale conduit à abaisser sans cesse la fiscalité du capital et à le faire payer aux populations, en réduction de services et en impôts  supplémentaires sur le travail et les familles.

A l’opposé, il serait maintenant nécessaire d’obtenir une directive pour une fiscalité commune sur les grandes entreprises et les banques de l’Union Européenne. Le corset du pacte de stabilité sauterait pour être remplacé par un pacte coopératif de développement humain durable, favorable au travail, à la formation, et à la construction d’infrastructures communes, en lien avec les défis écologiques.

Un mécanisme contre la fraude fiscale et l’évasion des capitaux devrait être mis en place qui taxerait lourdement les mouvements de capitaux spéculatifs. Les paradis fiscaux fermés. Une première modification des traités européens devrait conduire à changer le rôle et les missions de la Banque Centrale Européenne, pour une monnaie européenne solidaire au service des peuples.

Autant d’alternatives qui appellent partout à développer la résistance sociale et politique, solidarité des travailleurs à l’intérieur de l’Union Européenne ; des travailleurs d’Opel à ceux de Renault, des salariés des services publics de toute l’Union Européenne, des familles populaires de Grèce, d’Espagne, du Portugal, de France et d’ailleurs, qui ont les mêmes intérêts.

Leur unité est indispensable face à l’internationale des spéculateurs  protégée par les gouvernements et l’Europe des marchands.

Cette résistance doit se manifester à l’occasion des élections régionales, pour des régions qui deviennent des points d’appui pour de nouveaux choix ancrés à gauche et dans les mouvements sociaux et citoyens. Résistance sociale et propositions neuves pour un post-capitalisme social et écologique sont à l’ordre du jour.


0 commentaires


Blase Montbroussous 13 février 2010 à 15 h 06 min

Oui, l’intérêt de la dette absorbe tous les ans, la quasi totalité de l’impôt sur le revenu ( environ 50 milliards)! Ne peut-on revenir sur la décision prise en 1973 par l’Etat qui a transféré son droit régalien de création monétaire sur le système bancaire privé qui prête mais avec intérêt ??????????????????????????? Tout ceci a été entériné par le traité de Maastricht ! En effet. Pouvez-vous me répondre.
Autre question : pourquoi nous n’avons pas en France une politique industrielle active (malgré les pôles de compétitivité créés insuffisants, dit-on ) . Le phénomène de délocalisation n’expliquerait pas la montée du chômage qui dure depuis une trentaine d’année.
Il est urgent, en effet, que tous les travailleurs se mobilisent car tous les discours portent sur le coût du travail trop élevé, notamment en France . Il faut voter bien sûr aux régionales contre les tenants d’une idéologie qui nous détruit.

GILLERON Bernard 17 février 2010 à 18 h 32 min

J’ai hélas lassé passer celui-la.
J’aurais eu à dire, mais avec la manie des blogs WordPress, à devoir se réinscrire à chaque billet et chaque commentaire: je vais désormais prendre mes précautions.
D’ou ce commentaire pour ne rien dire
Amitiés post-capitalistes

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