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Notre compassion et notre solidarité vont à toutes les familles, les artisans et paysans, commerçants qui subissent les affres d’une météorologie qui perd la tête.
Le mois de septembre aura été le plus mouillé depuis vingt-cinq ans sauf pour les départements des Alpes-Maritimes et des Pyrénées-Orientales.
Désormais, du Nord au Sud, en passant par la Seine-et-Marne ou l’Eure-et-Loire, le ciel ouvre ses vannes à la force de l’eau en rage, débordant du lit des rivières, des affluents des grands fleuves pour recouvrir sans vergogne les rues, les maisons, les magasins et les fermes, enlevant aux familles tout ce qu’elles ont pu acquérir au cours de leur vie.
Nous partageons l’angoisse, la peine et les larmes de ces familles à qui l’eau arrache tout – quelquefois, désormais, plusieurs fois en une année – jusqu’aux photos souvenirs, aux bulletins de paie ou de pensions de retraite pourtant soigneusement rangés dans un buffet.
Au 16e siècle, on parlait de « l’inclémence de l’atmosphère ». Aujourd’hui, la déraison capitaliste contribue à démultiplier les dérèglements climatiques. Pourtant, depuis des années, nous ne manquons pas d’alertes et des prévisions de scientifiques, de météorologues, de l’énorme travail des comités du GIEC et de la conférence de Paris sur le climat.
Elles ont été en général peu vulgarisées. L’enseignement n’en tient aucun compte. Et, les campagnes électorales récentes étaient polluées des injonctions et des mots de la peur brune, pour étouffer l’un des enjeux décisif pour la survie de l’humanité, parallèlement à l’effroi des guerres, elles aussi banalisées à mesure qu’elles se répandent comme des flaques d’hydrocarbures.
La lutte contre les dérèglements climatiques devrait pourtant devenir un objectif prioritaire. Au lieu de cela, la vulgate politique est truffée de sentence laissant croire que l’écologie serait punitive.
Au lieu de salir la noblesse des mots, il est urgent de respecter leurs origines. L’écologie est la science qui étudie les relations entre les êtres vivants et leur environnement. Elle permet de comprendre la manière dont les organismes interagissent entre eux et avec leur milieu, les effets de l’activité humaine sur les milieux naturels et l’ensemble de l’écosystème.
C’est la négation du vivant, de l’écologie au moment du capitalocène qui est punitive. Et le budget de super-austérité que prévoit la Sainte-Alliance – des macronistes, de
la droite, l’extrême droite, la Commission européenne et les rapaces des marchés financiers et leurs agences de notation – aggravera encore les dérèglements et les risques pour les populations. Soutenir l’industrie et l’agriculture carbonées, réduire les budgets de la transition écologique et ceux des collectivités locales, mener la guerre aux services publics est totalement contraire à tout projet social et écologique.
Faire face aux excédents d’eau comme d’ailleurs aux pénuries nécessitent des transformations structurelles de grande ampleur : modification des villes afin de les verdir et les débétonner pour permettre aux eaux de pluies de s’infiltrer vers les nappes phréatiques, réduction drastique de l’artificialisation des sols, contrôle des zones inondables, développement de jardins publics, construction de mini-bassins de stockage, nettoyage et entretien des fossés, modifications des pratiques culturales pour permettre à l’eau de ne pas rester sur la surface des champs ou pour faire face aux sécheresses… Les efforts déjà engagés et à amplifier nécessitent d’énormes dépenses à rebours des choix actuels de réductions de crédits publics et des campagnes nihilistes contre tout projet d’écologie préventive et d’une planification démocratique de la bifurcation écologique et sociale : développement de transports décartonnés notamment le fret avec la Sncf, rénovation énergétique des bâtiments, mutations agro-écologique et agro-forestière pour capter plus de carbone, moyens pour la recherche. A l’heure ou se discute le budget national, des questions doivent être mise en débat : Doit-on continuer à octroyer des aides publiques à des secteurs à forte émission de carbone ? Ne faut-il pas plutôt conditionner tous les crédits publics aux projets incluant progrès social et progrès écologiste ?
Une création monétaire placée sous le contrôle des élus et des travailleurs doit permettre de financer cette nécessaire métamorphose des productions utiles et positive pour la santé humaine et animale, la biodiversité et le climat.
Le défi est aussi immense qu’indispensable. Il s’agit de progresser, vers une sécurité humaine, environnementale, sanitaire, alimentaire globale.
C’est aussi un enjeu d’efficacité économique et sociale. En effet, le coût des 21 604 événements climatiques mondiaux survenus depuis 2001 se paie par 1 677 566 victimes. Ceci a occasionné 301 milliards de dollars de dépenses supplémentaires dont 6,5 milliards en France soient l’équivalent des crédits du ministère de l’Agriculture. Les décisions récentes, poussées par les droites extrémisées et les extrêmes droites, pour démanteler « le pacte vert européen » ou le plan « Ecophyto », les pressions financières sur les collectivités territoriales n’ont pas pour objectif de protéger les paysans-travailleurs ou les consommateurs-citoyens. Elles ont vocation à pérenniser un modèle capitaliste appuyé sur l’extraction d’énergie carbonée, la vente d’engrais et de produits agrochimiques qui ne profite qu’à quelques oligopoles mondiaux tout en alimentant les guerres.
Avec ses indices froids de « produit intérieur brut », loin de toute humanité, le capitalisme considère qu’un ouragan améliore son résultat. Et que dire des grandes compagnies d’assurances et de réassurance liée aux marchés financiers mondiaux ? Elles profitent des situations de détresse pour augmenter encore les prélèvements sur les particuliers et les petites entreprises tout en réduisant les remboursements des dégâts.
Or, l’ordre du jour n’appelle pas l’administration du désastre mais des politiques climatiques audacieuses supposant de réduire massivement les gaz à effet de serre et de réorienter les systèmes de production dans l’intérêt du bien commun.
Le refus de s’engager dans un nouveau mode de développement, respectueux des hommes et de la nature, mène au chaos et à la ruine.
C’est la planète entière qui tremble des incendies, des sécheresses, des tempêtes et des ouragans. C’est l’humanité qui peut s’éteindre. Derrière leurs noms humanisés, Kirk, Hélène, Boris ou Milton charrient d’immenses détresses, des destructions et des morts. Le seul ouragan Milton en Floride a privé d’électricité plus de trois millions de foyers, fait seize morts et 50 milliards de dollars de dégâts. Que l’on habite dans l’Eure-et-Loir ou au Pakistan, dans le Nord ou au Mali, dans les Pyrénées-Orientales ou en Inde, en Seine-et-Marne ou au Bangladesh, au Niger, au Népal, en Hongrie ou en Thaïlande, les rages de la pluie et du vent excitée par le réchauffement des océans ou de l’air ne font aucune différence. Les feux de forêt en Arizona, en Amazonie ou au Portugal non plus. Les sécheresses au Vietnam, dans les Pyrénées-Orientales ou sur le continent africain étouffent la nature et rendent la vie invivable. Que valent les boursouflures politiciennes face à l’ampleur des menaces ?
Les ouragans, les sécheresses ou les incendies, en touchant d’abord les plus démunis qui ont du mal à se reloger, à trouver des transports qui perdent souvent leur seul petit capital constitué de leur maison et de leur voiture, aggravent la crise sociale. Si les modifications climatiques, comme toutes les pollutions, ne connaissent pas de frontière, les êtres humains avec l’ensemble du vivant ont partie liés. Ils ont en commun la terre avec ses océans, l’air et l’eau qui circulent, les bactéries ou les oiseaux qui ne connaissent ni les continents ni le charabia politique des nihilistes chiens de garde du système.
L’heure est donc à construire l’unité du genre humain faisant corps avec l’écosystème du vivant pour inventer un nouveau projet mondial de vie en commun, de solidarité, de partage des savoirs, des avoirs et des pouvoirs, pour une planète vivable et durable. Un tel horizon appelle à une coopération de type nouveau et à l’appropriation sociale et citoyenne des grands moyens de production et d’échange combinés avec la prise de pouvoir réelle des travailleurs sur le travail et la production.
À l’opposé des projets de société ethno nationaliste dessinés par cette suite sans fin de loi sur les migrations et, loin des débats tordus contre toute norme et des qualificatifs « d’éco-terroristes » dès que l’on soulève une question qui a trait à la vie humaine, animale ou de la nature.
En ce sens, l’alliance entre les travailleurs et cette jeunesse qui partout dans le monde agit pour le climat doit se nouer et se raffermir. Agir pour une mise en sécurité humaine et environnementale globale est un combat : Il ouvre des chemins du post-capitalisme, le nécessaire processus de communisme du vivant.
Patrick Le Hyaric
15 octobre 2024
4 commentaires
Un article à lire absolument:
Questions brûlantes à un chaman vénézuélien
«« Rufino s’est penché sur la question de l’avenir du gouvernement bolivarien et du socialisme.
Sa vision de l’avenir était offerte sur un mode conditionnel – structurée comme une déclaration « si-alors ». Selon lui, en votant pour Maduro, le peuple a donné un nouveau mandat au gouvernement le 28 juillet avec une victoire écrasante. C’était une bonne chose, et la révolution bolivarienne elle-même était également une bonne chose. M. Rufino pense que la révolution se poursuivra pendant longtemps – il tend les bras pour indiquer une grande étendue – mais il y a un « si » qui conditionne sa longévité. La révolution ne durera que si le gouvernement tient compte de toutes les communautés, comme ils le font eux-mêmes dans leurs villages. Une partie de chaque ressource – qu’il s’agisse d’argent ou de nourriture – doit être distribuée à tous de manière égale et régulière. Ce n’est qu’à cette condition que l’avenir sera assuré. »»
https://venezuelainfos.wordpress.com/2024/10/02/questions-brulantes-posees-a-un-chaman-venezuelien/