Inauguration de Village du monde: c’est la Fête Pour la liberté (vidéo)

le 19 septembre 2010

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Inauguration du Village du Monde, le 11 septembre 201, en présence d’ambassadeurs de nombreux pays, avec pour invitée d’Honneur Haneen Zoabi, députée à la Knesset.

Le texte intégral :
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs

Mesdames et Messieurs les représentants des États, des journaux et des organisations progressistes du monde.

Cher(e)s ami(e)s et camarades,

Bienvenue au Village du Monde en cette année du 80ème anniversaire de notre Fête de l’Humanité.

Ce Village est le vôtre, un lieu où se manifeste la solidarité internationaliste active.

Le Village du Monde est placé sous l’égide du cinquantenaire des Indépendances Africaines. Je devrais dire du combat pour que l’Afrique, les peuples d’Afrique se libèrent définitivement des dominations impérialistes.

Après l’esclavage, la colonisation, le joug néo-colonial se perpétue toujours, même s’il change de visage et de parure.

La mondialisation capitaliste et les dominations de toute sorte, les diktats des banques, des multinationales et du Fond monétaire international continuent de confisquer, de piller les richesses du continent, d’exploiter le travail des hommes, des femmes et des enfants.

Les mêmes multinationales qui agissent ainsi, laissant le continent africain dans la misère, utilisent celui-ci pour une immigration où les individus sont encore plus mis en concurrence avec les travailleurs européens, encore plus soumis, encore plus précaire, souvent sans-papier, exploitables, corvéables, expulsables à merci.

Il n’y aura pas de véritable indépendance et de souveraineté pour les africains sans qu’on laisse aux peuples africains la possibilité de se nourrir à partir des ressources africaines, sans annuler les dettes odieuses pour mettre fin aux barbares plans dits « d’ajustement structurel », sans aider à développer le système éducatif, sans créer un contrôle citoyen sur la politique et les pouvoirs, sans une véritable coopération de co-développement. Une autre Europe, une Europe solidaire aurait un grand rôle à jouer de ce point de vue.

Solidarité et fraternité, sont bien plus que jamais à l’ordre du jour de notre monde en crise. Notre planète est chaque jour un peu plus menacée de se fracasser contre le mur de l’argent roi, qui domine tout, spolie, exploite, surexploite, épuise les hommes et la nature.

En inaugurant ce Village du Monde, nous voulons adresser un message de solidarité, de fraternité aux millions de pakistanais, victimes d’un véritable désastre avec les inondations qui leur font tout perdre, leur maison, leur terre, parfois leurs parents, leurs proches.

Solidarité au peuple russe victime du feu cet été.

Solidarité et courage aux mineurs chiliens bloqués dans les entrailles de la terre.

Solidarité aux peuples indonésiens et chinois victimes de dramatiques cataclysmes naturels.

Solidarité avec nos frères haïtiens, trop vite oubliés après le tremblement de terre qui les a jetés à la rue, enfantant encore plus de détresse et de misère et qui a semé la mort. Une nouvelle fois nous disons que la France et l’Union européenne ont une dette vis-à-vis du peuple haïtien. La justice commande de commencer à s’en acquitter.

Evidemment, ces catastrophes sont d’ordres différents et on ne peut pas les comparer. Mais elles replacent au cœur des réflexions deux idées essentielles.

La première rappelle que la planète est notre bien commun. Après l’échec du sommet sur l’environnement de Copenhague, les peuples doivent se faire entendre pour qu’enfin des décisions soient prises au sommet de Cancun.

La seconde, souligne que tout progrès dans la préservation de l’environnement, la survie de la planète est illusoire si l’on ne s’attaque pas au talon de fer de l’argent roi, de la spéculation boursière et financière.

Il n’y aura pas de progrès écologique sans progrès social.

Justice sociale et justice écologique vont de pair.

Il n’y aura pas de monde harmonieux tant qu’un enfant meurt de faim toutes les cinq secondes, tant qu’un milliard d’autres n’a pas accès à l’eau potable et que des centaines de millions d’autres sont privés d’électricité, d’éducation.

Quelle abomination ! Quel scandale !

Les paradis fiscaux regorgent de 10 000 milliards de dollars. Oui ! 10 000 milliards de dollars, alors qu’il suffirait de 30 milliards de dollars pour que tout le monde ait accès à l’eau potable.

Depuis quelques semaines la famine s’aggrave à nouveau dans de nombreux pays, pendant que les grands financiers, les spéculateurs-affameurs font monter les prix alimentaires, spoliant à la fois les producteurs agricoles, les consommateurs et affamant une partie de l’Afrique.

Oui, il y a bien deux logiques qui s’affrontent.

L’une, au service de la vie, au service des êtres humains.

L’autre, celle du turbo-capitalisme qui a pour priorité l’argent, le profit, la spéculation.

Deux logiques. C’est une lutte de classe acharnée qui est engagée à l’échelle de la planète entre la minorité des détenteurs de capitaux, responsables de la crise actuelle et l’immense majorité des peuples qui la subissent, qui en souffrent terriblement à des degrés divers.

Le moment est venu de dire haut et fort qu’il n’y a pas d’issue dans l’accaparement des richesses du travail des êtres humains, de la nature par une poignée de parasites. Comment supporter plus longtemps que la moitié de la population mondiale survive avec seulement deux dollars par jours quand les 15 personnes les plus riches du monde ont un patrimoine dépassant les richesses des pays d’Afrique ?

Là réside la cause fondamentale de la crise mondiale que nous connaissons. C’est la crise d’un système : le capitalisme !

Le moment est venu de dire haut et fort que l’avenir est dans le partage des richesses, une nouvelle manière de les produire, dans le cadre d’un autre développement durable, humain, écologique, solidaire.

Faire vivre la justice sociale et la justice environnementale appelle de considérer l’alimentation, l’eau, l’énergie, le travail, l’éducation, la culture, la santé, les transports et même l’argent des banques comme des biens communs humains qui ne peuvent donc pas faire l’objet de l’accaparement par le grand capital multinational.

Au contraire, l’heure est à de nouveaux partages. L’heure est à poser avec force l’enjeu de l’appropriation sociale et démocratique des grands secteurs de l’économie pour le bien commun.

Oui, c’est ce que nous appelions hier des « nationalisations ». Il faut inventer aujourd’hui pour l’égalité et la justice sociale et écologique un système de nouvelles nationalisations dans les pays, à l’échelle de l’Europe, voir du monde, de nouvelles nationalisations de multinationales et du secteur bancaire.

La rémunération du travail, le prix des matières premières doivent correspondre à leur valeur réelle et non au bon vouloir du marché capitaliste qui place sur la planète entière les êtres humains et les marchandises dans une guerre économique sans merci, baptisée dans leur langage d’or, sous le vocable de « concurrence ».

Mais leur concurrence, dite « libre » n’est que le déguisement d’un abaissement permanent des droits économiques et sociaux sur l’ensemble de la planète.

Voilà qui appelle à redonner vie à la puissante phrase de Karl Marx, concluant le Manifeste communiste : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ».

Unissons-nous pour la suppression de la dette et du système financier qui la fabrique.

Unissons-nous pour la suppression des paradis fiscaux.

Unissons-nous pour obtenir une taxation des mouvements spéculatifs et des mouvements de capitaux.

Unissons-nous pour que l’argent, aujourd’hui gaspillé dans la course aux armements et à la guerre, aille aux œuvres de vie, à l’alimentation, à la santé, à l’éducation.

Oui, unissons-nous. Solidarisons-nous pour faire émerger dans le débat, la confrontation, un autre monde de justice sociale et écologique, de liberté et de paix.

A ce propos, permettez-moi de vous dire notre honte à nous les progressistes français et au-delà de nous tous les humanistes et les républicains de voir notre beau pays la France, la France des Lumières, la France de la Révolution française, la France des droits de l’Homme et des citoyens souillée, salie, balafrée par la coterie sarkozyste actuellement au pouvoir.

Du honteux discours de Dakar jusqu’au défilé du 14 juillet avec les chefs d’Etat africains ; de cet affreux débat sur l’identité nationale à l’exploitation sans vergogne des travailleurs dits « sans papiers », par le grand patronat, à leur expulsion par un ministre de l’intérieur dégageant la haine ; à celle de Roms cet été, à la tentative maintenant de créer des français de seconde catégorie. Chers amis qui venez de tous les continents, sachez que nous étouffons du venin de la haine répandue.

C’est si grave que de nombreux journaux du monde entier et qu’une commission de l’Organisation des Nations-Unies, les Eglises, le Parlement européenne, il y a deux jours, ont considéré que les dirigeants de la France salissaient le pays de leur racisme et de leur xénophobie.

Cher(e) ami(e)s, cher(e)s camarades,

Vous pouvez être sûrs que nous allons rester mobilisés.

Que le meilleur du peuple de France va tout faire pour laver cet affront et battre cette clique au pouvoir, qui, pour des raisons politiciennes électoralistes fait dériver notre France vers le populisme d’extrême droite.

La France ce n’est pas eux !

La vraie France c’est celle qui porte les valeurs de liberté, de solidarité, de fraternité.

Vous pouvez compter sur nous. Nous allons travailler d’arrache pied avec toutes et tous, partout, des usines aux quartiers pour que gagne le respect de l’autre, le vivre ensemble.

Vous pouvez compter sur nous pour travailler d’arrache pied à une solidarité mondiale pour le co-développement humain, éradiquant la famine, la pauvreté et la misère.

Vous pouvez compter sur nous pour continuer d’agir pour de véritables initiatives de coopération, pour obtenir la souveraineté économique, la souveraineté alimentaire des pays aujourd’hui en difficulté, pour agir sans relâche pour obtenir l’accès à l’éducation, une sécurité du travail ou des activités, pour chaque être humain de la planète.

Vous pouvez compter sur nous pour continuer à travailler avec acharnement pour transformer radicalement cette Europe ultralibérale qui ne conçoit son action que dans la compétition, la guerre économique avec d’autres continents.

A l’opposé de cela, c’est une Europe de la coopération dont auraient besoin les peuples européens, et au-delà d’eux tous les peuples du monde.

Non pas une Europe qui favorise les rapaces de la finance et impose l’austérité, les sacrifices, la violence de la concurrence entre les peuples. Mais une Europe où, partout, des efforts seraient faits pour le progrès économique, écologique et social.

Une Europe qui ne serait plus régie par la dictature des marchés financiers avec le soutien d’une Banque centrale européenne imposant un corset sur les dépenses publiques et sociales utiles, ce qu’ils appellent « un pacte de stabilité ».

A cette Europe de la concurrence, nous opposons une Europe coopérative, solidaire, avec un système bancaire pouvant racheter la dette des Etats par de la création monétaire. Une Europe au service du travail, de l’emploi, de la formation, de l’éducation, de la recherche, de nouvelles infrastructures écologiques et un nouveau fond européen de progrès humain et social placé sous le contrôle démocratique des élus, des syndicats et des peuples.

C’est urgent. De l’acte unique européen au traité de Maastricht, jusqu’au traité de Lisbonne, la construction européenne de mise en concurrence, fondée sur le marché capitaliste et de la finance, mène les peuples dans le mur. C’est la noble idée européenne elle-même, c’est-à-dire une association coopérative des Etats-Nations et des peuples, qui s’en trouve gangrénée par la montée des nationalismes et de la xénophobie.

Une autre Union européenne favoriserait une transformation radicale et une démocratisation des institutions internationales mondiales, du Fond monétaire international, de la Banque Mondiale, de l’Organisation mondiale du commerce pour les mettre au service des peuples et de la paix.

Une autre Europe favoriserait la paix et le désarmement partout et ne s’intègrerait pas à l’OTAN.

Elle devrait reconnaître que les guerres, celle d’Irak, bâtie sur le mensonge du siècle comme celle de l’Afghanistan mènent à l’impasse.

Elle devrait agir efficacement pour la sécurité et la paix au Proche-Orient.

On est effaré du silence des institutions européennes, au moment où le Président des Etats-Unis prend l’initiative de relancer un dialogue entre les dirigeants israéliens et palestiniens.

Tout ne devrait-il pas être mis en œuvre pour que cette reprise de dialogue, cette fois, ne soit pas un trompe l’œil, une illusion pour gagner encore du temps?

Quand cessera-t-on de biaiser avec les peuples du monde et avec le peuple palestinien ? Aujourd’hui l’Etat d’Israël existe. Il a droit à sa sécurité mais on refuse toujours aux palestiniens le droit à leur terre, à leur Etat. Pire que cela ! Chaque jour qui passe, en violation des résolutions de l’ONU, les dirigeants israéliens grignotent, mètre après mètre, hectare après hectare la terre de Palestine, avec la colonisation, avec ce mur de la honte.

Maintenant cela suffit !

On ne peut pas discuter indéfiniment pour tromper les peuples en permanence. Ce que les nazis ont fait subir au peuple juif ne peut donner le droit d’asservir les palestiniens!

Les résolutions de l’Organisation des Nations-Unies doivent être respectées et le peuple palestinien doit disposer d’un Etat dans les frontières établies en 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Il faut faire cesser ces barrages militaires et policiers filtrants, ce pillage des ressources de la Palestine. Il faudra démanteler des colonies et créer les conditions pour le retour des refugiés qui survivent enfermés dans les camps de palestiniens dans de nombreux pays depuis 1948.

Il y a quelques mois des centaines de milliers d’habitants de la planète ont soutenu les bateaux de la liberté et de la solidarité vers Gaza. Et ils ont redécouvert la monstruosité de l’armée israélienne qui n’a pas hésité à tirer sur des femmes et des hommes désarmés.

Saluons le courage de celles et ceux qui y ont participé et réclamons qu’une vraie commission d’enquête établisse la vérité sur ce qui s’est passé. Parmi celles et ceux qui y ont participé, je veux particulièrement saluer le courage et la détermination, la générosité de l’une de nos amies, députée à la Knesset, Haneen Zoabi.

Je l’ai spécialement invitée en France pour qu’elle puisse vous rencontrer, rencontrer toutes les forces politiques et associatives qui le souhaiteront. J’ai demandé et obtenu qu’elle soit placée sous la protection de l’Union parlementaire internationale à Genève.

Haneen est privée d’un certain nombre de ses droits parlementaires parce qu’elle a eu le courage de réclamer la levée du blocus de Gaza.

Et bien, Haneen, avec toi, exigeons une nouvelle fois qu’on libère le peuple de Gaza.

Et puis il faut faire cesser ces humiliations quotidiennes que subissent les enfants, les femmes, les hommes de Palestine de la part de la police et de l’armée israélienne quand ce n’est pas leur emprisonnement.

Oui, il faut libérer les 11 000 prisonniers palestiniens dont une bonne partie des députés du Parlement palestinien.

Oui, nous réclamons avec force leur libération, en particulier celle de notre ami Marwan Barghouti.

Cher(e)s ami(e)s,

Notre Fête est placée sous l’égide de la conquête ou de la reconquête des droits humains. C’est la Fête de la liberté.

Je veux une nouvelle fois réaffirmer notre solidarité et notre exigence de liberté pour deux journalistes français, de la télévision publique, France Télévisions, Hervé Guéquières et Stéphane Taponier, et leurs accompagnateurs, enfermés dans la geôle de la nuit des montagnes afghanes.

Liberté pour les femmes iraniennes, notamment Sakineh et Shiva.

Liberté pour notre ami Salah Hamouri, enfermé sans motif depuis plus de 2000 jours dans les prisons israéliennes.

Liberté pour le journaliste noir américain Mumia Abu Jamal et nos confrères menacés ces dernières semaines au Togo.

Liberté pour Leïla Zana emprisonnée en Turquie.

Cher(e)s ami(e)s,

Notre Fête va être une étape de la préparation du Forum Social mondial de Dakar dont il convient d’assurer le succès.

A l’opposé des autorités françaises, nous considérons que nous avons un devoir vis-à-vis de nos frères africains.

Les débats de ce forum peuvent constituer pour eux un moyen de relancer l’action pour leur souveraineté, leur indépendance pleine et entière, mettant l’Afrique à égalité avec les autres continents.

Notre nom « l’Humanité » dit ce que nous sommes et ce que nous voulons. L’humanité, la réalisation de l’humanité pour chaque individu, comme pour la planète entière, c’est la réalisation de soi, c’est l’émancipation humaine, c’est un monde solidaire, de justice, de liberté et de paix.

Bonne Fête de l’Humanité à toutes et tous.


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