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A chacune et chacun d’entre vous, de la famille de Robert Marchand,
A Monsieur le Sénateur, Vice-président du Sénat, cher Pierre Laurent,
A Madame la Maire, chère Charlotte Blandiot-Faride
A Mesdames, Messieurs les élus, adjoints au maire et conseillers municipaux
A Monsieur le secrétaire général de la Confédération générale du travail, la CGT, cher Philippe Martinez
A Mesdames et messieurs les représentant des clubs cyclistes ;
A chacune et chacun, Cher-e-s amis, che-r-e-s camarades,
“Si la vieillesse est un naufrage, la bicyclette est certainement l’un des plus sûrs moyens d’éviter la noyade” s’amusait à dire Raymond Poulidor.
Comment peut-on mieux dire l’appétit de vivre au-delà des temps impartis de notre ami et camarade Robert Marchand, ce mince colosse au cœur d’or qui a si longtemps nargué la fatalité jusqu’à ce qu’elle le rattrape, après plus d’un siècle d’existence.
C’est aussi avec émotion et humilité qu’en ces instants douloureux je m’adresse à vous.
Humilité face à l’homme, force de la nature et concentré d’abnégation, humilité face au militant dévoué qui aura traversé les nombreuses épreuves d’un siècle de tumultes et de fracas avec une droiture remarquable, témoignant d’une absolue fidélité à ses engagements humanistes et communistes, politiques et syndicaux, ainsi qu’à sa ville de Mitry-Mory, à ses élus et ses habitants.
Le départ de Robert est pour beaucoup d’entre nous sa dernière échappée belle. Tout juste notre tristesse est-elle atténuée par la reconnaissance unanime d’une vie à proprement parler « hors norme » et qui continuera, nous n’en doutons pas, d’inspirer largement.
Jusqu’à ces derniers temps, et avant que son esprit ne se couvre d’un inéluctable voile, Robert restait un fidèle lecteur de l’Humanité Dimanche et de l’Humanité, son journal qui n’est son ainé que de sept petites années. Un journal avec lequel il aura noué un long compagnonnage, comme on suit la route d’un frère, d’un ami. Un journal pour lequel il a été sanctionné, dans sa caserne des pompiers et qui l’amènera à adhérer au Parti Communiste Français.
Les traits d’union entre Robert et l’Humanité ne manquent pas. Du Front populaire à la Libération, des combats contre les guerres coloniales aux mouvements de mai 1968 jusqu’aux temps troublés de la modernité, les événements que nous avons passé au crible de nos pages se sont conjugués avec l’existence de Robert.
Mais c’est, bien sûr, une passion commune qui les lie particulièrement. Celle d’un sport que la France aura élevé au rang d’art populaire, une histoire de France écrite au fil des routes, des plaines et des cols : cette passion commune pour le sport cycliste auquel l’Humanité aura réservé parmi ses plus belles pages et parmi ses plus fameuses plumes, et auquel Robert consacra une part considérable de sa vie.
« Derrière le sport, il y a des individus ; derrière les individus, il y a des destins, et dès que nous avons à écrire sur des destins, nous touchons à l’âme humaine » écrivait Emile Besson, dit Mimile, le résistant devenu éminent journaliste cycliste pour l’Humanité, Miroir Sprint et Miroir du Cyclisme, ces deux magazines de la presse communiste qui apportaient une pierre de taille à l’édifice du cyclisme français.
C’est bien l’âme de Robert que nous invitent à sonder ses exploits sportifs comme son destin militant.
Le cyclisme est un sport mécanique : par l’action des jambes le vélo s’élance. Mais la vie, en tout cas celle de Robert, n’est elle pas, en miroir, l’activation par l’esprit des facultés corporelles ?
« Il faut entretenir la vigueur du corps pour conserver celle de l’esprit » disait le moraliste français Vauvenargues.
On peut risquer que l’inverse soit tout autant exact et Robert confirmait à chaque instant l’adage de Descartes selon lequel « le corps agit sur l’esprit et réciproquement » : ses jambes tenaient par la force d’un esprit critique sans cesse entretenu, une sagacité préservée par l’appétit jamais rassasié de savoir, par l’accumulation des connaissances historiques, les lectures quotidiennes dont celle de l’Humanité, et qui impressionnaient ses convives et son auditoire.
Robert était de ces autodidactes formés à l’école militante, lui qui quitta l’école si jeune, disciplinés en toute chose, et dont la connaissance acquise n’avait d’égal que la modestie.
Il était devenu maître dans « l’art d’extraire le plaisir d’une contrainte » selon la belle expression du grand cycliste Jean Bobet. C’est vrai pour le sport comme pour le reste. On sait l‘attention qu’il portait à ses cahier d’écritures qu’il remplissait avec un sens de l’effort dont il témoignait en toute chose.
Robert était, disait-on ici à Mitry-Mory, « le cœur et les jambes », à la fois corps et esprit, donnant cette impression déroutante de conciliation qui lui permettait, non pas de renverser les montagnes, mais de les dominer du haut de son vélo comme il dominait les événements. Il avait ce « goût violent de vaincre la nature et son propre corps » dont parlait Louis Aragon à propos des coureurs de la Grande boucle.
Nous pensons aujourd’hui à sa famille, à ses amis, à ses camarades, aux habitants de sa ville de Mitry-Mory pour lesquels Robert était un puissant vecteur de lien social.
Robert, tu nous as légué cette force, cette vivacité, ce sens du dévouement que nous garderons en mémoire et dont nous nous attacherons à faire fructifier l’héritage. Tu nous as enseigné le sens de l’effort et de l’élévation qui donne à l’existence son véritable sens. Nous ne t’oublierons pas.
Patrick le Hyaric
Mitry-Mory, le 28-05-2021
1 commentaire
Extraordinarios seres humanos,
en peligro de extinción.
Buenas tardes y grácias por todo.