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112 ans, ce 9 décembre, après sa promulgation à la suite de bien des péripéties et déchirements, qui aurait pu imaginer que la loi de séparation des Églises et de l’État puisse faire l’objet de tant de controverses et de malentendus ? Qui aurait parié que le principe de laïcité qui la sous-tend soit prétexte à des polémiques à nouveau déchirantes ? Pourquoi, en somme, une loi de pacification sociale est-elle devenue sujet de discorde et d’affrontements verbaux souvent violents pour en tordre l’esprit et en violer la lettre ?
On se souvient qu’en 2004, M. Sarkozy avait tenté de remettre les religions au cœur du débat public en proposant que l’Etat garantisse, sous couvert de tolérance, leur coexistence. Aussi écrivait-il pour justifier sa démarche : « pour fondamentale qu’elle soit, la question sociale n’est pas aussi consubstantielle à l’existence humaine que la question spirituelle ». Cette promotion de la spiritualité religieuse s’est accompagnée d’une régression historique des droits sociaux et de l’égalité sociale.
La tentative de réécriture et de réinterprétation de la loi de 1905 n’est pas étrangère au brouillage actuel qui tend à rendre la laïcité coupable des divisions qui pullulent dans la société, alors qu’elles trouvent leurs origines dans les inégalités et les conditions d’existence dégradées générées par le capitalisme néolibéral. La religion, ainsi devenue prétexte, cause ou fondement des inégalités et des divisions, est poussée en avant du débat public.
Il est nécessaire de renouer avec les fondements révolutionnaires et rationnels de la laïcité qui indiquent l’égalité parfaite des êtres humains devant la loi sans autre tutelle que celle qu’ils ont décidé eux-mêmes et démocratiquement. La déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, pierre angulaire du principe de laïcité indique en effet, pour la première fois, que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».
La loi de séparation, née dans le sillon de l’unification du mouvement socialiste, préserve la liberté de conscience, rend étanche les institutions publiques à toute forme de prosélytisme religieux, proclame l’égalité de tous les citoyens devant la loi commune et indique le chemin d’une fraternité humaine au-delà des croyances de chacun. Elle est, dès lors, indissociable du combat pour l’égalité véritable comme l’a si souvent rappelé Jean Jaurès sous les huées des réactionnaires. C’est ce qu’indique d’ailleurs formellement le préambule la constitution. « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. »
Comment donc accepter le détournement de ce principe puissant pour cibler une religion, en l’occurrence l’islam, dont la majorité des pratiquants dans notre pays a la particularité d’être issue de l’histoire coloniale et de subir une terrible relégation sociale, accompagnée de toutes sortes de discriminations, notamment à l’emploi ? Si un certain islamisme à visée politique doit être affronté avec vigueur, ne nous trompons pas de combat !
La laïcité n’est ni la lutte indispensable contre le racisme, ni l’athéisme et encore moins la vindicte contre une ou des religions, mais un principe de séparation ferme et fort entre la puissance publique et les cultes qui garantit à tous, croyants ou non croyants, une liberté de conscience infinie. Elle est au fondement de notre système éducatif qui s’attache à promouvoir la critique rationnelle et l’approche scientifique, et par là offre à tous les enfants la possibilité d’une liberté future, qu’elle s’exerce ou non dans le culte.
La laïcité est un attribut de la République. Elle est ainsi une manière de « vivre ensemble » et un cadre qui autorise et appelle des politiques sociales à visée égalitaire. Refusons les divisions identitaires et portons le beau flambeau de la laïcité, fidèle à sa vocation pacificatrice et égalitaire.
3 commentaires
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La laïcité est toujours en perdition et de plus en plus alors que la république n’est plus qu’une apparence de république, la culture subsidiaire, culture surtout des arts mineurs, échoue dans la lutte contre tous les fléaux. Cette culture a eu une certaine raison d’être mais elle ne l’a plus depuis une trentaine d’années, il fallait la culture réelle qui seule pouvait et le pourrait encore, régénérer la république universaliste, république du vingtième siècles. Tout est de la faute de tous les partis politiques : pas de république : pas de Liberté, pas d’Egalité, pas de Fraternité, pas de Laïcité… La laïcité est une association du meilleur des apports constituant l’universel, aucune religion n’est à elle seul l’universalisme ; au vingt et unième siècle, des politiques sociales pour correspondre à la vie des gens devront correspondre à la vie telle qu’elle doit être où elles seraient des fléaux de plus ou de trop ; donc tout commence par la culture réelle et rien n’est possible sans la culture réelle, ne pas réaliser le changement républicain nécessaire et indispensable revient à empirer le pire dans lequel nous sommes entrés en 2017, quand le dérèglement climatique empire, il faut bien être tous conscients que tous les fléaux qui devraient avoir été vaincus depuis 1968, tous les fléaux empirent. Manque de culture réelle en partage bénéfique et manque de compétences de celles et ceux qui exercent les pouvoirs à tous les niveaux.
Les partis politiques ont fait l’absence de république, il n’en reste que l’apparence ; ils n’ont été que des partis politiques pour faillir réussir (accord de Paris…) et le compte n’y était pas pour beaucoup de gens ; pour faire rater la vie à beaucoup d’êtres humains, pour échouer en faisant échouer toute lutte contre tout fléau, pour faire tout perdre : la vie sur Terre est menacée très gravement de disparition. Des Abstentionnistes évaluent mauvaises et/ou très insuffisantes toutes les politiques de la classe politique actuelle toujours fermée à des analyses comportant autant de propositions excellentes que de critiques pourtant ; l’Exclusion n’a jamais été démonstration de laïcité ! Il faut toujours cultiver de bons apports à son prochain.
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