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L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 25 juin – par Patrick Le Hyaric
Il reste plus de cinq mille conseils municipaux à élire ce dimanche. Et bien que menacé d’un fort niveau d’abstention, ce second tour revêt une importance décisive, autant pour la vie quotidienne des habitants que pour amorcer de nouvelles manières de concevoir le rôle des communes dont la pandémie a montré l’importance. Y prendre part est donc en soi un enjeu de premier ordre.
Alors que nous voyons poindre une période de souffrances sociales, les populations auront besoin de boucliers pour que ne soient pas davantage mis à mal les droits au logement, à la santé, au travail, à des transports de qualité, à la culture et au sport, ou encore pour mobiliser la communauté éducative afin que l’école retrouve dès septembre sa vocation égalitaire et émancipatrice.
Au lieu de débats sur ces enjeux, les grandes manœuvres déjà s’engagent en vue de la prochaine élection présidentielle, obsession mortifère d’une cinquième République qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la caricature d’elle-même. Le parti de M. Macron, engagé dans des alliances à droite pour le présent scrutin, concocte un partage politique et territorial en proposant à la droite ou à des fractions de celle-ci de gérer les régions en échange du report des élections régionales après sa réélection à la présidence de La République. Pour ce faire, la candidate de l’extrême-droite est opportunément relancée. Quel pitoyable prétendu « nouveau monde » à l’odeur de naphtaline ! Nous sommes ici bien loin des besoins et des préoccupations populaires.
Et pourtant, celles-ci ne cessent de s’additionner. Chômage, environnement, santé, école mise au pas des exigences patronales, création culturelle dédaignée, déclin industriel et agricole organisé, jeunesse délaissée : comment ne pas sentir l’angoisse d’un monde qui semble se dérober sous nos pieds ? Il aura d’ailleurs suffi de donner la parole à un panel de français sur l’urgence climatique, réunis dans le cadre de la Convention citoyenne, pour que les puissances d’argent et le gouvernement, appuyés par la coalition des éditocrates et économistes se dressent d’un seul homme pour ne soient retenues aucune des propositions qui affecteraient l’ordre capitaliste mondial. C’est à ce titre que la proposition d’une réduction du temps de travail n’a fait qu’un rapide tour de piste !
Dimanche, les citoyens ont l’occasion de soulever cette chape de plomb en redonnant à l’échelon communal toute sa force et toute sa sève démocratique. Au pic de la crise sanitaire, les municipalités ont fait valoir toutes leurs capacités de résistance, d’innovation et de réactivité. Le vote progressiste sera l’expression de la défense de ces foyers de démocratie et de réalisations sociales, culturelles et écologiques, loin des tentatives du pouvoir de réduire les moyens et les pouvoirs des collectivités locales. Visée autocratique qui trouve une traduction dans la suppression de la taxe d’habitation pour permettre au pouvoir de piloter l’ensemble des politiques locales tout en pompant leurs ressources, alors que l’expérience de ces derniers mois montre l’urgence de leur donner plus d’autonomie. Il en va par exemple de la culture, du logement comme de la santé, jetés aux mains d’une rationalisation capitaliste alors que les citoyens réclament massivement que chacun de ces secteurs réponde d’une logique de service public de proximité. Ce sont les municipalités progressistes qui, s’inspirant du communisme municipal, défendent et développent des centres municipaux de santé ou les offices public de l’habitat. Et c’est la droite comme les libéraux qui soit les ferment, soit les étouffent en leur ôtant le moyens d’effectuer convenablement leurs missions.
Voter pour les listes fédérant la gauche et les écologistes contribuera à faire pencher la balance du côté des intérêts populaires en faisant d’une pierre deux coups : permettre aux collectivités locales d’être pleinement au service des citoyens et ouvrir de nouvelles brèches pour transformer la société.