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Le 20ème siècle perd aujourd’hui l’une de ses plus belles figures. En près d’un siècle d’existence, Mikis Theodorakis en aura été l’une des balises, un combattant de tous les instants, un créateur inépuisable et largement estimé à travers le monde.
Jeune combattant antifasciste dans les rangs des partisans communistes de la résistance grecque à l’occupant nazi et fasciste, il fut arrêté et torturé pendant la seconde guerre mondiale, puis une nouvelle fois atrocement mutilé pendant la guerre civile par les forces monarchistes armées par la Grande-Bretagne. Parallèlement, et non sans courage et abnégation, il entame des études de musique qui le porteront plus tard au firmament des compositeurs européens.
La fin de la guerre civile lui offre l’occasion de parfaire son apprentissage de la musique, à Paris où il observe et apprend des avant-gardes artistiques. S’ouvre alors une riche période artistique faite de rencontres, des compositions originales, symphoniques, concertantes, de scène et chambristes, et d’inoubliables musiques de films. Theodorakis le Grec se replonge dans le folklore national et en tire une nouvelle manière de composer, offrant au monde tout un héritage musical et mettant en musique les vers de Yannis Ritsos et Odysséas Elýtis, poètes majeurs de la littérature mondiale.
Il fait une nouvelle fois l’expérience de la clandestinité lorsque les colonels grecs instaurent une dictature fascisante en 1967. Il deviendra une nouvelle fois le porte-parole de la résistance grecque à travers le monde, sillonnant scènes et pays pour partager ses créations artistiques inspirées par la tragédie que vivait son peuple et organiser la solidarité internationaliste. Nous avons eu, à cette époque, l’honneur de le compter à plusieurs reprises à la Fête de l’Humanité où il proposait à un public populaire des œuvres exigeantes. Il recevait en échange, et avec lui l’ensemble de ses camarades grecs, la solidarité indéfectible de tout un peuple militant.
Jusqu’à récemment, l’homme, entier et parfois provoquant, ne lésinait sur aucun engagement pour un monde plus juste et fraternel, luttant fermement contre l’asphyxie du peuple grec organisée par l’Union européenne et les institutions financières.
A l’image de nombre de ses contemporains, Mikis Theodorakis aura conjugué culture et engagement dans le sillon du mouvement communiste international. Il aura mis ses dons et sont talent au service des causes antifascistes, contre les dictatures d’extrême-droite couvées par les Etats-Unis dans le monde entier. C’est une conscience du siècle passé que nous pleurons aujourd’hui. Puissent son œuvre et son action lui survivre longtemps.
Patrick Le Hyaric