Crime d’apartheid !

le 8 février 2022

Pourquoi une si grande discrétion sur le très documenté rapport que vient de publier l’ONG Amnesty international, dénonçant le « crime d’apartheid » que constitue la politique de l’État israélien envers les Palestiniens ?

Ce rapport, rendu public ce 1er février 2022, vient confirmer ceux de Human Right Watch d’avril 2021, celui de l’association israélienne b’Tselem, celui des ONG palestiniennes remis au comité pour l’élimination des discriminations raciales de l’Organisation des Nations Unies en 2019 ou le rapport Falk-Tilley de 2017.

Après un travail méticuleux de quatre années, Amnesty International confirme la nature « d’apartheid » du régime que subissent les Palestiniens de Gaza, de Jérusalem-Est et de Cisjordanie. Ils sont traités par l’État israélien comme un groupe racial inférieur et de ce fait, dépossédés de leurs droits citoyens et humains. « Ces politiques cruelles de ségrégation, de dépossession et d’exclusion d’Israël à travers ces territoires tiennent clairement de l’apartheid », souligne le rapport d’Amnesty International qui poursuit : « les Palestiniens sont réduits à des enclaves, la population est fragmentée en territoires, en systèmes politiques et administratifs distants. Cette fragmentation fragilise leurs liens sociaux et politiques. Ils sont affaiblis et ne peuvent pas se mobiliser contre leur oppression ».

Toute personne qui s’est rendue en Palestine a pu constater la violence de l’occupation de l’armée israélienne, la ségrégation, la confiscation des terres et des maisons, les restrictions de la circulation, la privation des droits économiques et sociaux, le déni de citoyenneté et de nationalité. Notre concitoyen franco-palestinien, l’avocat Salah Hamouri, en fait lourdement les frais, en vertu du fragile statut de résident de Jérusalem qu’il est menacé de perdre.

Dès la création de l’État d’Israël en 1948, le pouvoir israélien adoptait des lois relatives à la nationalité et au statut. Celles-ci ont certes accordé la citoyenneté à des Palestiniens restés en Israël, mais ils n’ont pas été traités comme les juifs israéliens considérés eux comme des « nationaux ». Depuis, les lois n’ont fait qu’aggraver cette orientation inégalitaire avec notamment la loi « État-nation du peuple juif » permettant d’expulser les Palestiniens et les Arabes d’Israël.

La loi dite du retour permettait déjà avant les années 1950 aux seuls juifs de revenir en Israël et d’accéder à la nationalité alors que les Palestiniens victimes d’un véritable nettoyage ethnique se sont vu refuser ce droit. La législation israélienne a même inventé le concept de biens des « absents » pour qualifier les propriétés de centaines de milliers de Palestiniens expulsés de leurs maisons et de leurs terres qu’au nom de « l’absence », l’État israélien s’est emparé.

Or, le droit au retour est partie intégrante du droit international, notamment la résolution 194 du conseil de l’ONU qui permet aux Palestiniens de revenir sur leurs lieux de vie. Au lieu de cela, ils sont injustement parqués dans des camps de réfugiés dans leur propre pays. Les grands médias comme le gouvernement français et les autorités européennes ne peuvent continuer à faire semblant de méconnaitre ces réalités.

La Cour Pénale Internationale, qui s’est déjà déclarée compétente pour juger les exactions israéliennes commises dans les territoires occupés, pourrait se saisir de cet important rapport pour étudier le crime d’apartheid, voire même considérer le régime israélien comme un régime d’apartheid. Les institutions internationales ne peuvent rester silencieuses. Elles doivent au contraire mettre fin et cesser toute collaboration qui contribuent à l’impunité dont profite l’État israélien : les livraisons de matériels militaires, les coopérations d’institutions financières, le financement des opérations de colonisation.

Le Président de la République, qui préside pour six mois le conseil de L’Union européenne doit être interpellé afin qu’il mette à l’ordre du jour du conseil, l’incompatibilité des agissements du pouvoir israélien avec l’accord d’association avec l’Union européenne. D’elle-même, la France peut interdire, sans attendre, l’importation des produits issus des colonies israéliennes. La publication de ces rapports doit redonner du souffle en faveur du mouvement pour la reconnaissance d’un État palestinien.

NB : Définition de l’apartheid tel que reconnu internationalement depuis 1973 : « C’est un système d’oppression et de domination d’un groupe racial sur un autre, institutionnalisé à travers des lois, des politiques et des pratiques discriminatoires. Par ailleurs, le crime d’apartheid suppose la commission d’actes inhumains, dans l’intention de maintenir cette domination. »

Patrick Le Hyaric

08/02/2022


3 commentaires


LAURENT 12 février 2022 à 17 h 31 min

Pourquoi les Israéliens n(ont rien compris à ce qui est arrivé à leurs parents de religion israélite pendant la 2de guerre mondiale? Faut-il qu’ils fassent la même chose avec les citoyens d’origine palestinienne, lesquels seraient prêts à partager le territoire avec eux, malgré les conditions de leur expulsion de 1947 ? Expulsions qui continues aujourd’hui. ne savent-ils pas qu’un jour ils seront de nouveau les victimes, eux ou leurs descendants ? Que fait la gauche israélienne? la gauche française ne peut-elle contribuer à leur ouvrir les yeux ? Recueillons leurs adresses individuelles et écrivons leur notre soutien.

Moreau 12 février 2022 à 19 h 42 min

Ce serait tellement mieux de s’arranger entre humains avec de bons accords, il est injustifiable de faire du guerrier quand c’est possible et réalisable de vivre en s’arrangeant.

Janis is interested in you! More info: https://cutt.us/EtH1g?h=6fa2f2b0e0193d8c238d135834940842- 19 mars 2022 à 6 h 44 min

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