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À l’heure où nous parlons, nous espérons tant, nous espérons tant que la petite lueur qui éclaire les cendres de Gaza et la joie des familles israéliennes qui retrouvent les leurs puisse être la passerelle qui nous mènent à un cessez-le-feu, lui-même pont vers une paix juste et durable. Rien n’est si urgent. Rien n’est si nécessaire. Rien n’est aussi si fragile.
Pour cela, le puissant mouvement mondial pour la justice et la paix au Proche-Orient doit se poursuivre et les manifestations de cette fin de semaine doivent être retentissantes.
L’un des enjeux des heures à venir, outre le maintien de la trêve est de réclamer un pont aérien humanitaire, car à cette heure, la population de Gaza, entassé sur une toute partie du territoire a faim, les enfants qui ont échappé aux bombes risquent de mourir de faim. Il y a urgence.
C’est ce mouvement unitaire et solidaire qui a obligé, ces derniers jours, les présidents nord-américain et français, ainsi que des institutions européennes à changer de ton, à passer de leur soutien « inconditionnel » au pouvoir colonisateur d’extrême droite israélien, à une timide demande de « cessez-le- feu ».
Lundi dernier à Barcelone, lors d’un sommet ministériel de l’Union pour la Méditerranée plus de quarante délégations arabes et européennes ont demandé que les armes se taisent. Les délégations des pays arabes ont accusé le pouvoir et l’armée israéliens de perpétrer des « crimes de guerre ».
La question du retour au droit international, c’est-à-dire à l’existence de deux états, qui inclut la possibilité pour le peuple palestinien de construire son État-nation viable est scandé dans les rues des grandes villes du monde.
Ceux qui ont voulu, de diverses manières étouffer la cause palestinienne pour mieux laisser le pouvoir israélien voler les terres et abattre les Oliviers des Palestiniens, ériger un mur de séparation, enfermer au fil des ans 40% des palestiniens, étouffé Gaza sous un blocus doublé de bombardements réguliers que les caméras n’ont pas filmés toutes ces dernières années, doivent se rendre à l’évidence : On n’efface pas les palestiniens, on n’efface pas la Palestine des cartes, des cœurs et des combats pour l’humanité.
Alors, il faut maintenant porter le combat jusqu’au bout c’est-à-dire jusque la Paix.
Oui, redisons-le : Comme tous nos compatriotes, comme la population israélienne nous nous réjouissons que les otages que les groupes terroristes chapeautés par le Hamas retrouvent leurs familles, et nous souhaitons la libération de toutes et tous les otages et nous présentons nos condoléances aux familles qui ont perdu l’une ou l’un des leurs.
Nous aimerions aussi que les caméras de télévision puissent se mettre en marche pour filmer le retour de prisonniers palestiniens dans leur famille, souvent pieds nus, à moitié déshabillé, battu et que ceux-ci ou celles-ci puissent témoigner, raconter leurs abominables conditions de détentions dans les geôles de l’État colonial.
Pour permettre aux citoyens de se faire leur opinion, nous aimerions que les caméras de télévision montrent cette carte de la Cisjordanie rabougrie, trouée, grignotée de toute part, telle une tranche d’Emmental d’où on exclut jour après jour les Palestiniens de leurs terres et leurs maisons. Que l’on mobilise les drones pour filmer les colonies israéliennes. La politique ce sont aussi les images.
Pour l’avoir réclamée, nous sommes donc bien heureux de ces quelques jours de trêve.
Mais nous savons que le contraire de la guerre, ce n’est pas la paix et encore moins la trêve. C’est la justice !
Justice pour un peuple colonisé, humilié, volé, martyrisé, bombardé. Ce peuple doit pouvoir prendre son destin en main, élire ses représentants, construire son État-nation, être souverain sur sa terre et ses richesses.
Justice pour qu’enfin, revienne l’humanité, à l’opposé des horreurs et de la mort. Les Israéliens comme les Palestiniens ne peuvent vivre au rythme ponctuel des libérations d’otages et des bombardements des enfants innocents de Gaza.
Justice et respect du droit doivent conduire à empêcher le projet fondamental de la droite extrémisée et de l’extrême droite qui occupent les ministères à Tel-Aviv : celui de vider Gaza de ses habitants, celui de cette « nouvelle Nakba » comme l’a demandé le ministre israélien de l’Agriculture.
Leur préoccupation n’est pas tant le Hamas qu’ils financent que les riches terres de Gaza et la grande réserve gazière à quelques kilomètres des côtes de cette bande de terre, dans le cadre de l’actuelle guerre intra-capitaliste.
Justice dans l’application du droit international. Pourquoi les grandes puissances occidentales appliquent des sanctions économiques à La Russie – agresseur de l’Ukraine – et n’utilisent pas cet outil contre l’État d’Israël qui bafoue depuis tant d’années le droit international ? Ce « deux poids –deux mesures – devient insupportable aux yeux d’une majorité de la population dans le monde. Et, cela commence à s’entendre. Puisque les états ne le font pas, des travailleurs de par le monde commencent à bloquer des livraisons d’armes à Israël, et en d’autres endroits la campagne « Boycott-désinvestissement –sanctions » reprend de la vigueur.
Nous ne sommes pas les seuls à le dire.
Deux éminents membres du Congrès américain, M. Michael Bennet, membre de la commission du renseignement et Chris Murphy membre de la commission des affaires étrangères ont ces jours derniers proposé de conditionner l’aide américaine à Israël.
Je cite leur déclaration : « Nous conditionnons régulièrement notre aide à nos alliés au respect du droit américain et du droit international… Nous pensons donc qu’il est tout à fait cohérent… que nous parlions de veiller à ce que l’aide que nous accordons à L’Ukraine ou à Israël soit utilisée conformément aux lois relatives aux Droits de l’homme… ».
Ces prises de paroles publiques interviennent après la publication, le 14 novembre d’une lettre adressée à Jo Biden, par 500 responsables politiques et d’agences gouvernementales protestant contre son soutien inconditionnel aux dirigeants israéliens.
Des courriers similaires ont été adressés par d’importants cadres de la diplomatie française au président de la République ainsi qu’à Mme Van der Leyen la présidente de la Commission européenne qui a outrepassé ses fonctions en se rendant à Tel-Aviv il y a quelques semaines.
Oui, les États-Unis et L’Union européenne doivent mettre fin aux accords de coopération, mettre fin aux livraisons d’armes à Israël tant qu’il ne respecte pas le droit international. Du reste l’article 2 de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël le prévoit.
Ainsi les choses bougent en profondeur dans les rues occidentales et dans les rues arabes comme dans les chancelleries.
Nous pouvons nous trouver à un tournant ouvrant la voie à un processus de justice et de paix. Pas une paix servant à cacher la colonisation, mais la justice c’est-à-dire l’application du droit international qui prévoit deux états. Un État israélien, il existe et un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem Est comme capitale.
Raison de plus d’insister pour réclamer au président de la République que la France produise l’acte politique de la reconnaissance de l’État de Palestine. Ceci constituerait de la part d’un pays fondateur de l’Union européenne et membre du conseil de sécurité de l’ONU un pas de plus dans la modification du rapport de force.
Raison de plus pour sortir des blocages du conseil de sécurité en recherchant des alliances avec les pays dits du « Sud global » et donner pouvoir à l’assemblée générale en vertu d’une résolution dite 377 ou « union pour la paix » datant de 1950 qui permet de dépasser le Conseil de sécurité sur les enjeux de paix et de sécurité afin de faire respecter le droit international. Dans l’immédiat, la mise en place d’une force de protection des Palestiniens du type « casques bleus » devrait être sérieusement étudiée.
Les partisans du statu quo et de la poursuite de la colonisation répètent à l’envi qu’ils sont bien d’accord pour « une solution à deux états » sans d’ailleurs dire s’il s’agit des frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale, sans parler de la continuité territoriale entre la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem, sans jamais aborder l’enjeu du retour des réfugiés, mais surtout ils répètent depuis des jours que cela reste impossible à cause de l’autorité palestinienne qui n’aurait plus l’adhésion du peuple, et serait incapable de tracer une perspective nationale. Rappelons d’abord que ce sont eux, ensembles – dirigeants israéliens, européens et américains- qui n’ont cessé d’affaiblir l’autorité palestinienne, l’ont divisé en finançant le Hamas et créer des conditions pour qu’il n’y ait pas d’élections.
Ils l’ont fait, car le projet fondamental d’Israël est le « Grand Israël » comme l’a expliqué le Premier ministre israélien en brandissant une carte, sur laquelle ne figurait même plus ce qu’ils appellent « les territoires palestiniens » lors de la dernière assemblée générale des Nations Unies. Dans ce cadre, Israël est utilisé comme la base avancée des États-Unis et de leurs puissances économiques et financières pour construire ce qu’ils appellent le « grand Proche-Orient ». La guerre de colonisation se déploie donc parce que le Proche-Orient revêt pour l’impérium nord-américain une capitale importance du fait des intérêts économiques, commerciaux, énergétiques et militaires qui se trouvent dans cette région.
C’est aussi qui explique cette situation en apparence paradoxale : un président démocrate aux États-Unis qui se représentent pour empêcher le nationaliste populiste Trump de revenir à la Maison blanche, mais s’allie avec les mêmes suprématistes nationalistes d’extrême droite en Israël.
Dans le même ordre d’idée, on ne peut comprendre qu’à l’Élysée on déclare combattre l’extrême droite française, tout en étant en convergence avec l’extrême droite israélienne et française depuis huit semaines.
Derrière leurs creux discours sur les « valeurs » comme ils disent il n’y a que des intérêts géoéconomiques et géostratégiques. La vérité est que les uns et les autres partagent le même projet : perpétuer la domination occidentale capitaliste sur le monde.
Quelle farce en effet que ces larmes de crocodile à propos de l’Autorité palestinienne ! Des interlocuteurs il n’en manque pas. Ils savent où les trouver : ils sont en prison.
Voilà pourquoi l’enjeu de la libération des prisonniers politiques est partie intégrante du combat pour la libération de la Palestine et la mise en œuvre d’un projet national et laïque.
Parmi eux, il y a le « Mandela palestinien » capable de fédérer toutes les factions palestiniennes, capable de négocier un accord pour deux états dans les frontières de 1967 avec Jérusalem en Est comme capitale dont tous les sondages disent depuis des années qu’il serait largement élu président de la future Palestine si on le laissait se présenter. Il s’agit de Marwan Barghouti.
Il n’est pas exclu que nos combats pour le libérer puissent avancer. Il y a tant d’impasses aujourd’hui pour toutes les parties en présence que son nom commence à être cité comme une possible solution de paix. Oui, accentuons ce combat pour la libération des prisonniers palestiniens et pour Marwan Barghouti. Les choses bougent. Elles peuvent encore bouger !
Parce qu’il s’agit de l’une des conditions pour bâtir l’avenir des Palestiniens comme des Israéliens, il faut relancer la campagne pour la libération de Marwan Barghouti avec la même intensité que nous avons su le faire pour la libération de Nelson Mandela.
Libérer Barghouti, c’est libérer La Palestine.
Cette liberté pour laquelle, la belle plume du poète palestinien Mahmoud Darwich nous a montré le chemin.
Dans son discours, devant le parlement international des écrivains le 25 mars 2002 à Ramallah, il disait ceci :
« Le chemin le plus court pour éviter d’autres désastres et accéder à la paix est de libérer les Palestiniens de l’occupation, et de libérer la société israélienne de l’illusion d’un contrôle exercé sur un autre peuple… » Il termina son discours par ces mots :
« Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir.
Espoir de libération et d’indépendance.
Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : Terre d’amour et de paix.
Merci de porter avec nous le fardeau de cet espoir ».
Merci.
1 commentaire
PAS UN MOT POUR GEORGES IBRAHIM ABDALLAH POURQUOI CETTE QUESTION RESTE TOUJOURS SANS REPONSE NE PAS Y REPONDRE LAISSE A PENSER QUE :
QUI NE DIT MOT CONSENT.