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L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 24 au 27 juin 2021 – par Patrick Le Hyaric.
Quelles leçons tirer d’une double élection régionale et départementale où les deux tiers des citoyens refusent de se rendre aux urnes ? Nous vivons un naufrage démocratique, une crise sans précédent de la représentation politique. Les classes populaires continuent de manifester leur défiance et leur contestation d’un système dans lequel elles ne se reconnaissent plus.
Le chef de l’Etat avait beau claironner qu’il allait « réduire la fracture démocratique », c’est exactement l’inverse qui est « en marche ». Sans citoyens-électeurs notre pays ne pourra conserver longtemps le statut de démocratie. Cela déplait-il aux classes dominantes ? Pas du tout ! Elles ont ainsi les mains libres pour mettre en œuvre leurs choix antipopulaires et antinationaux. L’organisation de la vie démocratique du pays est frontalement mise en cause et appelle à construire une nouvelle république sociale et démocratique.
L’indifférenciation croissante du paysage politique sous les auspices du marché tout puissant, l’écrasement de la souveraineté populaire par les forces du consensus libéral et la morgue de celles-ci figurent parmi les causes premières du désastre. Le schisme entre la population et la représentation politique s’est considérablement amplifié depuis le piétinement du vote majoritaire des français contre le projet de traité constitutionnel européen en 2005. Cette forfaiture aura été la suprême manifestation de l’arrimage des classes possédantes à l’Union européenne et à ses traités libéraux, qui se traduisent concrètement pour le peuple travailleur par la démolition de la République sociale héritée de la grande Révolution et du mouvement ouvrier.
Depuis lors, la participation électorale s’effondre de scrutins en scrutins, laissant présager une « gouvernance » sans onction populaire dont rêve le capital, sa technocratie d’Etat et ses mandataires ; une sorte de suffrage censitaire insidieusement institué par la condamnation préalable de toute forme d’alternative sociale et politique. Le suffrage est ainsi surdéterminé par le comportement électoral des classes supérieures qui, soit par habitude, soit par intérêt, se mobilisent. Une telle configuration a cependant toutes les chances de se fracasser sur le mur des réalités noires que l’époque nous réserve. En Italie, le processus d’indifférenciation est arrivé à maturation avec un gouvernement d’union nationale englobant libéraux, sociaux-démocrates, nationalistes et populistes dits de gauche. Les néofascistes incarnent aujourd’hui seuls l’opposition et sont devenus la seconde force du pays, culminant à 20% dans les sondages les plus récents. De tels développements pourraient se produire en France si la situation venait à perdurer. Pourtant, la stratégie présidentielle consistant à créer un duo avec la cheffe de l’extrême droite subit un terrible désaveu. Le parti présidentiel est dans une situation d’extrême faiblesse et souvent disqualifié. C’est le parti de droite, empruntant honteusement les thèmes de son extrême qui en profite.
Le fait que les élections départementales et régionales soient les plus touchées par ce désaveu démocratique ne doit rien au hasard : les régions comme les départements – survivances d’une démocratie vivante et de proximité – ont été les galops d’essai de la libéralisation des institutions : les deux échelons ont été dévitalisés, et au fur et à mesure privés de leur autonomie d’action. Sous couvert de décentralisation, avec la loi de 2004 et, après elle, la loi NOTRE votée sous le quinquennat Hollande, et bientôt la loi dite 4D, ces assemblées sont tendanciellement devenues des auxiliaires du pouvoir national, lui-même arrimé à l’Union européenne et aux exigences du capital. Ainsi, personne ne relève que les transports ferroviaires devenus responsabilités des régions sont placés sous la tutelle de la directive européenne votée par les droites et ouvrant le secteur à la concurrence. Leurs budgets, désormais, sont essentiellement consacrés à leurs compétences obligatoires, avec le garrot des dotations continuellement resserré autour du cou. Ces phénomènes majeurs qui touchent à l’organisation démocratique du pays et la libre administration des collectivités, à leurs capacités d’action pour le logement, la culture, l’éducation, les transports, l’emploi, n’auront fait l’objet d’aucun débat télévisé, d’aucune analyse par les grands médias tout occupés à scénariser les desseins du pouvoir. La mobilisation à gauche des travailleurs et des citoyens dimanche doit au contraire exprimer l’exigence d’une amélioration de la vie quotidienne par des choix politiques radicalement opposées à cette gestion libérale.
Les trémolos dans la voix et des larmes feintes face à l’abstention de la part de ceux qui portent une responsabilité majeure dans la faillite démocratique sont d’autant plus obscènes. Le pouvoir et les médias qui lui sont affiliés n’auront cessé de maquiller les enjeux des scrutins en cherchant à organiser un simulacre de confrontation avec l’extrême droite par la mise en scène des thèmes qui lui sont chers. Ils portent une responsabilité écrasante dans la situation. La sécurité aura ainsi été au cœur des débats alors qu’elle n’est une compétence ni des régions, ni des départements… Responsabilité majeure, ensuite, par l’impéritie du gouvernement qui s’est rendu incapable de faire parvenir dans de nombreuses boîtes aux lettres les programmes et professions de foi. Aussi faut-il rappeler que la distribution de la propagande électorale – c’est-à-dire des conditions d’une information pleine et entière des citoyens sur les choix démocratiques – a été privatisée dans 51 départements… Au chapitre des responsabilités, ajoutons celles du pouvoir précédent qui aura concocté un mode de scrutin des élections départementales particulièrement illisible pour les citoyens, avec quatre candidats pour chaque canton dont on peine à saisir le rôle.
Bref, tout a été méticuleusement entrepris pour pousser les citoyens à rester chez eux. Le pouvoir pourra ainsi tenter de relativiser sa phénoménale déroute qu’aucun autre parti majoritaire au Parlement n’a jusqu’ici subi. Et passer au plus vite à la seule élection qu’il daigne considérer, celle du César omnipotent qui siège pendant cinq ans à l’Elysée.
La mobilisation pour le second tour n’en est que plus importante. Partout, il convient d’empêcher droite et extrême-droite de se saisir d’exécutifs départementaux et régionaux. Des listes de gauche et des candidatures communistes ont fait preuve d’une belle résistance. Elles sont les seules à proposer l’alternative que le système tente par tous les moyens de condamner. Leur donner de la force dimanche, c’est refuser l’abandon démocratique qui chemine à l’ombre de l’emprise capitaliste globale.
14 commentaires
Faire preuve d’une belle résistance c’est bien mais ça ne suffit pas ; pour régler tous ces problèmes énoncés, c’est très simple, il faut une reconquête sans populisme et sans isolationnisme du pouvoir par la gauche socialiste universaliste et par la gauche communiste universaliste, avec le meilleur programme des deux mouvements et de bons Candidats, féminins ou masculins, mais qui travailleront pour servir toutes les personnes vivant en France et dans l’Union Européenne car ce qu’il faut faire et le syndicalisme du vingt et unième siècle fait partie de ce qu’il faut faire ; si c’est le bien, ce sera bon pour la France et bon pour les pays de l’Union Européenne notamment. Moi, je suis entièrement contre la fausse république, il ne faut pas détériorer la république authentique avec la fausse république ; il faut la république du vingt et unième siècle et donc le progrès culturel réel pour une culture populaire majeure accessible, partagée, commune.
La république c’est une droite libérale universaliste, et deux gauches universalistes de préférence ; tout le reste, c’est de l’inutile et du dangereux car ça nuit à des vies humaines, ça les détruit ; l’Homme n’est pas de passage sur la Terre pour que sa vie soit détruite par des camps politiques, tout ne doit pas être autorisé en vraie république. Seul le progrès réel de la gauche peut mettre fin à tous ces problèmes déplorables et déplorés dont la série est bien longue. Il faut la vraie gauche, toute la vraie gauche, rien que la vraie gauche, c’est la solution commune à tous ces trop nombreux problèmes.
Souhaitons à l’Italie comme à d’autres pays de l’Union Européenne de passer à la langue française non par dédain à l’égard de la langue italienne mais pour la grande francophonie de l’Union Européenne qui trouvera ainsi plus de place dans le monde entier… Bienvenue dans la francophonie de l’Union Européenne pour t’inscrire dans l’anthologie de la culture populaire majeure Italie, de tout coeur avec toi… C’est la classe !
C’est d’avoir suivi les proses et d’avoir tellement peu suivi l’anthologie que la France fondatrice de l’Union Européenne est en difficulté même pour elle ; il faut passer du nombrilisme à l’universalisme.
“Le schisme entre la population et la représentation politique s’est considérablement amplifié depuis le piétinement du vote majoritaire des français contre le projet de traité constitutionnel européen en 2005.”
Le schisme, ça veut bien dire la division. Et bien que disait 2005 ? 2005 disait : EUROP’ ART ; pas EUROPA, pas FAUSSE RÉPUBLIQUE.
EUROP’ ART ; c’est ça la classe, et suivre les proses au lieu de suivre la Poésie, ça n’a pas été la classe comme le prouve 2021. EUROP’ ART, c’est l’Union Européenne des pays républiques universalistes membres, de la France visionnaire et fondatrice de l’Union Européenne.
Rien à voir avec la vue très courte des Extrémistes Puissants, tout est de la faute des camps politiques, le Peuple lui réhumanise heureusement.
Merci Patrick pour cette belle analyse. Je suis de la FI mais adhère parfaitement à tes propos.
Et le PCF est pour quelque chose de la situation actuelle. Il a laissé le “terrain inoccupé”! et à pris les chemins faciles des socialedemocrates!!!
Il ne faut donc pas s’étonner. Et surtout il faudrait tourner de cap.
Regrets profonds
Pas en totalite il y a beaucoup de Communistes au PCF , la très grande majorité mais aussi sortis en nombre du Parti , orphelins : la ça ne peut que changer avec Fabien et les Communistes reunis sur des bases solides et le retour des ecoeures qui nous ont manques pour le militantisme la présence et les Formations .
Tu termines par l ‘ emprise capitaliste.globale, pas si global que ça : Quid des pays socialistes à direction Communiste , Chine , VIet Nam , Cuba …Ou le socialisme , période si difficile avec toutes les contradictions et confrontations avec le capitalisme devenu depuis Lénine un stade suprême et tellement au 21 e siecle quee cet imperialisme est oblige pour sa survie de dicter et d obliger toutes leurs sanctions, embargos criminels à tous ces pays socialistes cités et même au dela.
Quant à cette UE toujours combattue, refusée par Nous les Communistes , veritable caniche avec l Otan des discours et diktats de l imperialiste en chief USA , UE et son traite mortifere dit giscard rejetes par le peuple DEBOUT en 2005 , est non légale légitime démocratiquement !
D ou le plus que malaise dans le peuple francais , ce deni de democratie reelle fait des ravages dans les consciences .
Et ce ne sont pas tous ces maastrichiens , donneurs de lecons , les ps et autres dits de ” gauche ” verdâtre compris qui arrangent la chose, au contraire ça aggrave les confusions .
Vivement Fabien 2022 et dans la foulée les Legislatives preparees des lundi 28 juin 2021 emmenées par téte de file par les Communistes àvec en union des NON anticommunistes c à d surtout pas un paquet socdemovertfi un mélange que le capital et ses médias affectionne .
La nous sommes tres loin du tout societal qui cache les enjeux reels a savoir l alternative socialiste a direction communiwte avec un PCF retrouvant ses couleurs .
Après tout Centenaire c.est pas grand chose et en meme temps beaucoup en regard de l Histoire .
L’une des trois alternatives pour que les Hommes puissent réaliser leur salut est le communisme universaliste et non tel ou tel autre qui ont alimenté des dictatures extrêmement difficiles à faire disparaître ensuite. Il n’y a pas de démocratie réelle s’il n’y a pas au moins plus d’une spécificité, les spécificités républicaines authentiques sont le libéralisme universaliste, le socialisme universaliste, le communisme universaliste ; et il ne faut plus ce fléau de la dévaluation de l’Homme par l’Homme qui pourrait finir en guerre civile, et toute guerre est une connerie.
L’âme de la démocratie, c’est l’amitié, pas l’adversité et les détestations, la fausse république, la fausse liberté, la fausse égalité, la fausse fraternité, la fausse justice qui détruit des vies humaines car tellement manquant de générosité intelligente. Ce n’est pas beau du tout les dictatures.
Il n’y a pas et il n’y aura pas un sauveur suprême, le monde n’est dominé que par des dictateurs, et il ne peut y avoir que des alternants plutôt bons ou des alternants pas assez bons en espérant ne pas tomber sous la dictature des pires.
Libéralisme universaliste, socialisme universaliste, communisme universaliste ; seul peuvent être la démocratie intelligente, démocratie du vingt et unième siècle ; les trois spécificités ont leur écologie et les trois écologies doivent parvenir à l’écologie universelle pour sauver la planète des Hommes. Il ne faut pas se raconter des histoires qui ne tiennent pas debout.
Un très bon communiste a bien montré la voie et cette voie en suivant l’anthologie de la Poésie, allait avec le communisme universaliste changer l’Europe et le Monde : Jean Ferrat.
Trois extraits de wikipedia :
Il (Jean Ferrat) sera un temps conseiller municipal et maire-adjoint de la commune. La fille de Christine, Véronique Estel, désormais majeure, les suitN 23.
Sans ambages, le poète déclare : « Il ne faut pas compter sur moi pour faire de l’anticommunisme »46.
Jean Ferrat reste engagé politiquement. En 1999, il est candidat sur la liste du PCF menée par Robert Hue aux élections européennes de 1999, inscrit sous le nom Jean Tenenbaum dit Jean Ferrat. En 2007, il soutient José Bové pour l’élection présidentielle. En 2010, il apporte son soutien à la liste présentée par le Front de gauche en Ardèche aux élections régionales52.
Cette liste était une excellente liste. Jean Ferrat, c’est l’excellence du vingtième et vingt et unième siècle.
Quand la voie pour réussir est ouverte par un poète comme Jean Ferrat, il ne faut des dérives populistes, et le Front de Gauche pouvait et devait pour ne pas avoir la révolution par l’abstention de 2021 évoluer en Union Populaire de coeur humain pour meilleur vingt et unième siècle.
Il ne faut jamais défaire ce que l’anthologie voire la lisibilité de la Création, fait. Et réhumaniser la France pour refaire la France, l’Europe, et le Monde, ça demande de repartir avec cet héritage Poésie.
Bonjour mon cher camarade.
Que faire alors quand la liste de “gauche” rend le tablier en PACA. Voter pour 2 listes aussi réactionnaires l une que l autre.j avoue que nous sommes nombreux et nombreuses a avoir décidé de ne pas aller voter .
Quid du résultat.??
Nous allons analyser point par point tous les resultats des communistes et dans les differentes conflgurations …!
Pour Paca tout faire pour éviter les fachos … ça a toujours été depuis 1933 , les brigades internationales contre franco et les nazis , .
.. Et la Resistance FTP , FTP/ MOI et avec le CNR des Jours Heureux !
Alors voter contre les fafs !
Tant que le gauche n’envisagera pas un Frexit, elle continuera à parler dans le vide …
Avec un retour au franc ?
Pour la £ c était plus facile pour eu , la £ étant plus appréciée, en valeur d échange que le € .
Pouvez – vous envisager ce qu il en sera du franc retrouve : un directeur communiste de la BdF pourrait vous le dire.
La gauche étant les Citoyens, pas les partis de la classe politique, elle ne parle pas dans le vide. Michel Berdaque est bien dans le commentaire de l’alerte civique en ce sens, que les forces vives du pays doivent toujours avoir le premier rôle déterminant et peuvent s’en trouver privées, dans une période négative mais historique. Jean Ferrat n’était pas pour le contraire du communisme, l’Angleterre n’est pas du tout un pays communiste au vingt et unième siècle.
Oui Michel Berdaque, je pense aussi que la population doit prendre entièrement bien conscience qu’il est très difficile de se débarrasser d’une dictature et la difficulté présente d’un vote ici ou là en 2021 en France, correspond à quelque(s) réalité(s) ; mais il faut aussi penser aux fausses républiques par leurs dérives totalitaires qui ont bien du mal à s’en extraire (Amérique du Nord, Brésil, Russie…).
La démocratie réelle n’est possible qu’avec la république authentique, avec une république factice, pire avec une fausse république, elle disparaît, elle n’existe plus ; et dans ces territoires tout n’est plus que fausse liberté, fausse égalité, fausse fraternité. L’union de la gauche, union populaire de coeur, trouve deux grands fondements : celui de la révolution perpétuelle socialiste universaliste, et celui de la résistance perpétuelle communiste universaliste comme il en ressort de certains adaptations à l’évolution française toute différente au fond que celle des autres pays avec une alternance inédite avec ses qualités et ses défauts ; il faut comme je l’ai écrit une union de la gauche du vingt et unième siècle, et révolution perpétuelle socialiste universaliste et résistance perpétuelle communiste universaliste forment une même Union Populaire de Coeur du vingt et unième siècle qui peut venir à bout de tous les extrémismes. Je pense que c’est ce que dirait aussi Jean Ferrat en 2021.