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La grande question de la rémunération du travail frappe à la porte, partout et avec insistance !
Certes le complexe médiatico-politique tente de l’ensevelir sous les tas de boues identaires, de chasse aux chômeurs, de traque aux sans-papiers, de rejet des réfugiés, de haine du pauvre, tous coupables de tous les maux…
Mais pourtant, la question de l’augmentation des salaires, tel un spectre, hante l’Europe… Au sommet même des institutions européennes, on débat d’une directive sur « les rémunérations minimales » qui pourrait s’appliquer dans tous les États membres. Une autre directive européenne en gestation vise à contraindre les entreprises de plus de 250 salariés à rendre publiques les informations d’écart de salaires entre les hommes et les femmes. Et si celui-ci dépasse 5%, l’employeur serait contraint d’engager des discussions avec les représentants des personnels.
Ceci ne suffira évidemment pas à obtenir l’égalité salariale. Mais que les institutions européennes soient contraintes d’en débattre est le révélateur des aspirations populaires et un point d’appui sérieux pour obtenir réparation de cette injustice qui n’a que trop durée : un écart moyen des salaires entre femmes et hommes encore aujourd’hui de 14,1%.
Et, pendant qu’en France le pouvoir libéral, la droite et l’extrême droite veulent enterrer ce débat sous des tonnes de faux débats nauséabonds, en Espagne, la ministre communiste du travail Yolanda Diaz a augmenté le salaire de base d’un tiers et fait un pas de géant vers l’égalité de rémunérations entre les femmes et les hommes.
En Allemagne, le nouveau gouvernement, que l’on ne peut qualifier de « révolutionnaire », décide d’une augmentation du salaire minimum de 25%, qui passera de 9,60€ à 12€ de l’heure.
Des avancées sont donc possibles ! Curieux que tous ces laudateurs du « modèle » allemand qui se satisfont en France d’un smic horaire de 9,60€ soient si silencieux sur cette décision.
Pour éviter le débat sur cet enjeu social urgent, le pouvoir, la droite et l’extrême droite, inventent les uns le chèque temporaire, loin de compenser les pertes réelles de pouvoir d’achat, les autres la diminution des cotisations sociales qui, en apparence, ferait augmenter le chiffre inscrit au bas de la feuille de paie.
Autrement dit, ils font tout pour éviter les augmentations de salaires alors que les profits des grandes entreprises battent des records et que les prix des produits de première nécessité s’envolent.
Rappelons que les cotisations sociales sont une part du salaire différé que l’on retrouve au moment de la retraite ou dans la protection sociale. Les réduire, pour masquer le refus d’augmenter les salaires, c’est s’attaquer à notre système de sécurité sociale en vue de l’offrir aux carnassiers des assurances privées. Or, le débat principal devrait porter sur la répartition, entre le capital et le travail, de la valeur des richesses produites. En dix ans, de 2009 à 2019, selon l’institut de la statistique, la part des profits dans la valeur ajoutée produite dans notre pays est passée de 31,8 % à 33,5%. Le capital s’est donc enrichi grâce, d’une part, à la diminution de la part des salaires dans la valeur ajoutée et d’une autre, par une considérable baisse de sa participation au bien commun qu’est la sécurité sociale.
Sur la même période, la part des cotisations employeurs est passée de 15,2% à 14,5% de la valeur ajoutée. Ces deux mécanismes, ôtant du salaire direct et indirect aux travailleurs, ont permis une augmentation des profits de 166 milliards d’euros. Les chiffres dépassent l’entendement ! En dix ans, les profits sont passés de 556 milliards à 722 milliards d’euros. C’est ce que les candidats à la pérennisation du système veulent amplifier en faisant payer les manques à gagner de la sécurité sociale par des augmentations de CSG ou de TVA.
L’argent existe donc pour une autre cohérence, à partir d’une meilleure rémunération du travail. Cela commence par une nouvelle répartition des richesses au service du travail, notamment celui des agents publics dont on mesure l’utilité, à l’hôpital ou à l’école.
Au-delà, un nouveau processus productif devrait être mis sur la table. Il s’agit d’innover afin de produire autrement, à la fois en augmentant la valeur ajoutée créée par un vrai plein emploi et un nouveau développement des investissements productifs, dans les nouvelles technologies, le numérique et la transition environnementale, tout en reconquérant des bases industrielles et agricoles.
Une augmentation des petits et moyens salaires comme des pensions de retraites est durablement possible.
Cela nécessite un processus démocratique de planification du développement humain et matériel au cœur duquel le travail, la formation et la rémunération seraient garantis tout au long de la vie. À cette fin, des ressources bancaires et la valeur ajoutée aujourd’hui accaparées par les jeux spéculatifs seraient mobilisées pour l’œuvre de création du travail. C’est une autre cohérence : celle d’un processus de dépassement du capitalisme qui est donc de pleine actualité.
Patrick Le Hyaric
Le 09/12/2021
2 commentaires
Si la politique de gauche espagnole et allemande améliore la justice salariale en étendant cette ambition à l’ensemble de l’Union Européenne et donc à la France de la faire sienne, je pense que ça va dans le sens du progrès général réel. Bravo pour ce communisme universaliste européen.
Bonne intervention et enfin parler de Fabien Roussel qui fait un travail remarquable et courageux ds une gauche défaitisme
Il faut remettre les communistes au centre pour avoir une vraie politique de gauche