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Plusieurs mois après avoir fait chauffer la marmite de la polémique, le président de la République a enfin prononcé son discours sur le fameux « séparatisme ».
M. Macron a eu beau tenter de circonscrire son propos en précisant que son discours ne concernait que l’islamisme politique, le mal est fait. La vaine polémique qui a enflé durant tout l’été, alimentée par le ministre de l’Intérieur et son concept « d’ensauvagement, » relayée par des médias complices, a fini par pointer un doigt accusateur sur l’ensemble de la population musulmane de France. Comment ne pas y voir la stratégie éprouvée des clins d’yeux répétés à l’électorat de droite, celui que le président cajole dans la perspective de la prochaine élection présidentielle ?
Et l’on se demande comment un texte de loi sur le séparatisme pourrait passer la censure du Conseil constitutionnel s’il ne vise qu’une religion, quand bien même s’agit-il d’une religion particulièrement exposée au travestissement fanatique.
Le propos du président est inquiétant à plus d’un titre. Mesure-t-on la gravité des propos et des projets ? Il a concédé avoir hésité à instaurer pour l’Islam un régime concordataire, c’est à dire à une mise sous tutelle étatique d’un culte. Autrement dit le président a longuement hésité à pulvériser la loi de 1905 instituant la séparation des Eglises et de l’Etat, votée un 9 décembre, date opportunément choisie pour faire passer le futur projet de loi en Conseil des ministres… Quel aveu ! Mais le dire de la part de celui qui doit être garant de nos lois fondamentales – et celle sur la laïcité en est une – revient à donner le feu vert à l’ouverture d’un tel débat dont on ne sait pas où il se terminerait. D’ailleurs son propos transpire de cette réflexion.
En effet, cette volonté concordataire s’est ensuite manifestée dans la volonté de créer un « Islam des Lumières », expression baroque qui voudrait faire dire aux cultes des choses qu’ils ne disent pas. Bien au contraire ; Il y a bien une antinomie entre les philosophies des lumières et les cultes. Souhaiterait-on un catholicisme des Lumières, un judaïsme des Lumières, un bouddhisme des Lumières ? Voilà qui cache mal la volonté de caporaliser toute une religion en usurpant l’héritage de la pensée critique, pour le coup rabaissée au qualificatif d’un culte. L’islam deviendrait dès lors « partenaire de la République », via ses institutions représentatives. Si la promesse a finalement été faite que la loi de 1905 resterait heureusement intacte, nous y voyons un accroc important dont il faudra mesurer les conséquences.
Si le diagnostic sur l’Etat de la société, le fameux terreau sur lequel prospère la gangrène fanatique est assez juste, on ne peut que rire des solutions préconisées. Dans son dernier développement, le Président en appelle à « faire aimer la République » en précisant qu’aucun décret ni aucune loi n’y parviendra. Comme cela est facile… Il y aurait donc des lois pour défaire les libertés, mettre en concurrence les territoires et les travailleurs, mais aucune pour élever la République et la contraindre à respecter ses promesses de liberté et d’égalité dans les entreprises et les quartiers? Des lois pour battre en brèche l’unité territoriale et l’universalité de la loi, et aucune pour mailler les territoires de services publics performants et divers ?
L’ode à l’école publique prête tout autant à sourire quand on sait dans quelles conditions les enseignants sont appelés à exercer leur métier, le manque de moyen criant dont ils disposent, et l’affaiblissement de leurs missions. Toute cette rhétorique emphatique ne sert qu’à masquer une impuissance calculée et à laisser filer la situation car elle arrange bien les puissances d’argent qui n’ont que faire des quartiers populaires, de leurs logements délabrés, du chômage et de la grande pauvreté. On déplace le débat sur le séparatisme pour ne pas aborder ces sujets fondamentaux même si je suis de ceux qui considèrent que des minorités empoisonne la vie des travailleurs des quartiers et que des forces obscurantistes doivent être combattues. Mais ce sont bien les pouvoirs successifs qui ont produit cette situation qui perdure quand on continue de chasser les travailleurs et leurs enfants des centres ville pour les entasser dans les périphéries qu’on appelle « les banlieues » ; des lieux où on met « au ban » les plus démunis. S’il importe tant au pouvoir que les salariés effectuant des missions dites de services public déléguées à des entreprises privées soient contraints à respecter l’obligation de neutralité, on se demande pourquoi refuser de les incorporer au sein de la fonction publique. Voilà qui serait bien plus clair, simple et efficace que cet empiétement sur la sphère publique qui laisse présager de futures dérives.
Enfin, si ce texte de loi ne vise, sous le vocable démagogique de « séparatisme » qu’à prévenir les actes terroristes, on s’étonnera qu’aucun bilan n’ait été tiré des 28 lois adoptées depuis 30 ans censées y concourir.
Nous devons initier un débat populaire autour de ces projets en lien avec les populations en faisans œuvre de pédagogie et d’écoute pour bâtir ensemble des actions communes.
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Par Patrick Le Hyaric
Publié dans la Lettre du 04 octobre 2020.
3 commentaires
sur la loi 1905,ma mère m’souvent racontée cette date ils étaient heureux sutout les pesonnes qui enseignaient dans leécoles religieuse , de ne plus être habillées en religieuse.
Faisons une action contre une loi liberticide.
Bonjour.
Quelle perte de temps que ces débats à la carte. dispersé sans réel base commune. Comme toute grève isolé sans liens. Autant de coups d’épée dans l’eau qui dispersent les forces sans synergie. La nébuleuse de gauche toujours éclaté.