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La campagne engagée par M. Macron vise à résumer les élections européennes à un duel entre la cause des difficultés et ses symptômes, entre la poursuite d’un ultralibéralisme autoritaire et un national capitalisme porteur de haine et de divisions. C’est ce qu’ils appellent un choix entre « les progressistes » et « les nationalistes ».
Autrement dit, on étendrait à l’échelle européenne le duel du second tour de l’élection présidentielle française pour continuer d’avoir les mains libres pour poursuivre et aggraver l’austérité, élargir la précarité du travail, détruire les services publics en les offrant au capital privé, continuer à prodiguer des flots de parole sur l’environnement en laissant la main invisible du marché détruire la biodiversité et réchauffer l’atmosphère.
On ne peut laisser le mot « progressiste » être ainsi dénaturé, détourné, embarqué pour couvrir une sale œuvre qui n’aboutirait qu’à détourner de plus en plus de travailleurs, de privés d’emploi, de tout projet solidaire et coopératif, de l’idée européenne elle-même. Les conséquences en seraient dramatiques. Notre continent a besoin de coopérations et d’ententes pour résoudre les difficultés qui l’assaillent et résister au rouleau compresseur de la mondialisation capitaliste. L’extrême droite qui monte dangereusement dans toute l’Union européenne trouve du carburant dans ces difficultés. On ne peut la combattre efficacement qu’en s’attaquant aux politiques nationales et européennes qui les génèrent. Les poursuivre reviendrait à nourrir son ascension, jusqu’à la rendre irrésistible ! Seul un changement radical de ces politiques pourra inverser l’actuel cours mortifère des événements.
Le choix n’est donc pas entre M. Macron d’un côté, MM. Orban et Salvini de l’autre. La nouvelle peste brune s’alimente précisément de l’orthodoxie antihumaniste des traités européens visant à fortifier le capitalisme contre les droits sociaux, démocratiques et la justice environnementale. Le choix n’est donc pas entre Macron et Salvini mais entre l’un et l’autre, et un projet nouveau révolutionnant la construction européenne pour la mettre au service des solidarités entre les peuples, la promotion des biens communs humains et environnementaux. Un projet combinant accueil des exilés et réfugiés, refus de l’exploitation qu’ils subissent et projets ambitieux de coopérations avec les pays du Sud visant un co-développement solidaire et écologique. Avec un changement radical du rôle de l’euro, pour en faire une monnaie solidaire de coopération dans l’objectif de réduire les inégalités, d’augmenter les salaires pour un nouveau progrès social, contrant la dictature du dollar.
Les populations de notre continent ont le plus grand besoin d’une impulsion européenne pour garantir un travail à chacune et chacun, combiné avec l’accès à la formation et au logement tout au long de la vie. Ce nouveau développement pourrait être rapidement obtenu en lançant un fonds de développement humain et environnemental lié aux banques institutionnelles européennes, en taxant les mouvements de capitaux spéculatifs et en faisant une chasse résolue à l’évasion fiscale.
Révolutionner la construction européenne appelle une nouvelle union des nations et des peuples libres, associés et solidaires. Telle est l’alternative transformatrice que peuvent ouvrir les luttes et les prochaines élections européennes, tout le contraire d’une opération visant à se servir des extrêmes droites pour perpétuer les méfaits de l’Europe des marchands et de l’argent.