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Le métier de greffier est mal connu du grand public, pourtant il est un rouage essentiel de l’institution judiciaire. Sans ce personnel « de l’ombre » habillé en robe noir, pas de convocations aux tribunaux, pas d’accueil du public, pas d’orientations vers les bonnes procédures et les bonnes juridictions prodiguées aux justiciables, pas de contrôle du respect du droit, ni de rédaction et de suivi des décisions de justice…. Rien que cela !
Tout le monde comprend bien que si le maillon des greffiers est mal en point et vient à céder, c’est alors toute la chaîne judiciaire qui est cassée. A l’instar des intermittents du spectacle, sans qui aucun grand chanteur ne pourrait se produire ou aucun grand film ne se tournerait, si les greffiers manquent à l’appel, alors la justice ne peut plus se rendre.
Les greffiers sont en colère et apparaissent au grand jour !
Surcharge de travail, heures supplémentaires qui s’accumulent, conditions de travail qui se détériorent dans de nombreux tribunaux (il manque des stylos et du papier pour prendre des notes…), manque cruel de personnel (25% des postes de greffiers ne seraient pas pourvus à la Cour d’appel de Paris), prise en charge des procédures les plus simples pour soulager les magistrats…. les greffiers réalisent ce travail titanesque pour une paie de « misère ». Leur salaire avoisine les 1.372 euros nets par mois en début de carrière et dépasse légèrement les 2.000 euros à l’approche de la retraite.
Pourtant, ils attendaient beaucoup de la réforme pénale et du chantier de la « justice du 21ème siècle » lancée par la nouvelle Garde des Sceaux. Plus de moyens, plus de personnels, plus de reconnaissance ! Que nenni ! Christiane Taubira leur promet juste plus de travail pour le même salaire. Elle souhaite élargir leurs compétences, créer par exemple « un greffier juridictionnel aux missions élargies » qui pourrait prononcer un divorce par consentement mutuel. La réforme introduirait donc la justice sans le juge, et c’est le greffier qui trinquerait.
Un mécontentement qui grandit et que je soutiens !
Les greffiers sont aujourd’hui le symbole du malaise de l’ensemble de la fonction publique. Lésés, surexploités, moqués et critiqués par la droite et les libéraux qui considèrent que les fonctionnaires sont trop nombreux et trop payés, ils ont décidé de faire entendre leur voix avec leurs quatre syndicats.
Les politiques d’austérité initiées par la droite et continuées par ce gouvernement sont bien une ineptie économique et sociale. Le gel des salaires depuis 2010 qui fragilise en premier lieu ces fonctionnaires déjà sous payés, et le non remplacement d’un départ sur deux à la retraite handicapent lourdement les services publics et leur fonctionnement, maltraitant au passage usagers comme salariés.
Ils ne revendiquent pas la lune, juste d’être payés comme les conseillers d’insertion et de probation, c’est-à-dire de 60 euros de plus à 300 euros de plus en fin de carrière. On leur propose pour l’instant une vingtaine d’euros d’augmentation. Leur lutte est donc bien la nôtre. La qualité de la justice qui nous est rendue dépend de leurs salaires et de leurs conditions de travail.
Tous ensemble, retrouvons nous dans la rue, demain 1er mai et le 25 mai dans les urnes, en votant pour des députés du Front de Gauche qui placent les intérêts humains avant la rentabilité financière.
Par Patrick Le Hyaric
Directeur de l’Humanité
Député au Parlement européen
1 commentaire
Merci pour ce post! je tenais simplement à dire que pour qu’une justice puisse être complète, il faudrait que toutes les pièces qui la compose soient présente (greffier)! C’est un ordre tout à fait logique.