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S’il fallait une preuve que patronat et ministres n’ont que faire des valeurs humaines, un bel échantillon nous en a été servi durant ces fêtes de Pâques. Alors que les « forçats du coronavirus », ces combattants du quotidien, prennent d’énormes risques pour tenir le pays et soigner leurs semblables tout en comptant des décès, que des milliers de familles sont endeuillées, que d’autres sont terrassées par l’angoisse, voici que resurgit la petite musique des disques rayés des prétendus « premiers de cordée » s’acharnant contre « les premiers de corvée ».
Il faudra faire « des efforts » piaillent-ils en coeur. Qui ? Pas eux. Les travailleurs qui déjà souffrent et sont si mal rémunérés. Le président du MEDEF explique doctement qu’« il faudra se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant plus, la création de croissance supplémentaire ». La sous-ministre de l’économie surligne en rouge le propos pour l’officialiser : « Il faudra certainement travailler plus que nous ne l’avons fait avant ». Ils préparent la stratégie du choc, celle du grand bond … en arrière, réclamée par l’oligarchie qui compte bien profiter de l’état de sidération et de peur du pays. Voilà sans doute ce qui explique mieux pourquoi les décrets de l’ordonnance du 25 mars dernier portant « mesures d’urgence en matière de congés payés, de durée du travail et de jours de repos », courant jusqu’au dernier jour de cette année, ne sont toujours pas publiés. Sans doute pour laisser la possibilité, à la faveur de la dramatique crise sanitaire et au nom « des efforts », de détruire la totalité du droit du travail français et de renforcer la surexploitation du travail, en contravention avec les conventions internationales que notre pays a signées. Les oreilles du patron des patrons et ceux de quelques ministres sont-elles bouchées à tel point qu’elles leur interdisent d’entendre les manifestations de soutien populaire envers ces combattants, ce prolétariat : blouses blanches, caissières, livreurs, routiers, personnels d’entretien et de propreté, ouvriers et ouvrières à la tâche et petits entrepreneurs. Pas plus qu’ils n’ont entendu le discours progressiste du pape.
Toutes celles et tous ceux que les pouvoirs ont fait marcher à l’ombre depuis des décennies sont précisément celles et ceux qui doivent aujourd’hui obtenir leur dû. Laisser faire les tenants du capitalisme signifierait une cure d’austérité d’au moins un demi-siècle qui aggraverait tout. Seul le progrès social et environnemental peut nous tirer d’affaire, en posant les bases d’une autre société où primerait le développement humain à l’opposé de l’accumulation capitaliste.
Ce dont à besoin le pays immédiatement c’est d’une conférence sociale d’augmentation des petits salaires et des prestations sociales, d’abolition des contrats précaires, d’embauche massive et de formation des travailleurs, combiné à un haut niveau de sécurité sociale, de sécurité de vie, avec de nouveaux services publics. Ceci dans le cadre d’un vaste plan visant à la souveraineté industrielle et numérique, à la sécurité sanitaire et alimentaire, au progrès écologique, culturel et éducatif.
Celles et ceux qui sont applaudis le soir à 20h doivent accéder au pouvoir dans l’entreprise, les services jusqu’au sommet de l’Etat. Il faudra rendre coup pour coup à la canonnière de Pâques.