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L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 03 au 06 juin 2021 – par Patrick Le Hyaric.
Après une longue année de confinements, la création culturelle est en grande souffrance et avec elle celles et ceux qui la font vivre. La dépendance aux écrans s’est accompagnée d’un affaiblissement considérable du spectacle vivant tandis que les grandes plateformes numériques comme Amazon ou Netflix ont profité des évènements pour lancer des offensives à visée monopolistique sur les contenus audiovisuels et cinématographiques.
On apprend donc qu’Amazon vous livrera non seulement vos paquets, mais s’occupera également de votre santé avant de vous proposer les films que vous pourrez voir demain. Le capital déteste le monopole public mais encense le monopole privé, dont la fusion annoncée entre TF1 et M6 est l’un des derniers avatars. Le mot « concurrence » n’est pour eux qu’un vulgaire gargarisme.
Ces stratégies capitalistes ne sont aucunement guidées par l’exigence de qualité, la diversité des expressions ou le pluralisme des idées. Pas plus qu’elles n’ont vocation à contrebalancer l’influence du modèle nord-américain puisqu’il s’agit, pour l’essentiel, d’en copier les recettes. Nous assistons au contraire à une uniformisation spectaculaire de l’offre culturelle au détriment des formes de création originales et indépendantes.
Dans ce contexte et au moment où certaines salles rouvrent avec des jauges d’un tiers, laissant nombre de professionnels et intermittents du spectacle sur le carreau, le président de la République n’a rien trouvé de mieux que de lâcher une obole de 300 euros aux jeunes adultes de 18 ans, baptisée « Pass Culture. »
Cette véritable subvention au marché des biens culturels conduit à laisser la jeunesse du pays, et singulièrement la jeunesse populaire, seule face à l’industrie de la culture et du divertissement, à l’opposé d’une politique d’émancipation. L’opération n’est qu’une manière de perpétuer les assignations sociales, de reproduire les schémas mentaux imposés par les géants du divertissement. Pourquoi ne pas avoir rendu gratuits l’accès aux musées, diviser pas deux le prix des livres ou des places de cinéma, subventionné fortement la relance des concerts et des spectacles vivants ?
On sait l’ombre des élections propice à ces saupoudrages d’argent public qui n’ont rien d’une politique publique. Mais « consommer de la culture » doit il être l’horizon d’une politique publique, surtout après une année d’enfermement et de face-à-face solitaire avec les GAFAM ?
La mesure est d’autant plus contestable que les géants du divertissement comme du digital ont fait de la jeunesse une cible de choix. Or chacun sait que la découverte de pratiques et d’expressions artistiques originales peuvent, à cet âge, ouvrir des horizons et bouleverser des existences. L’enjeu n’est rien de moins que de déjouer la fatalité des conditions sociales par la confrontation avec des œuvres exigeantes vers lesquelles la jeunesse populaire n’irait pas spontanément.
Une politique culturelle n’a pas vocation à mettre ses pas dans ceux du marché. Elle doit au contraire en contrebalancer les effets pour sortir les jeunes des griffes de l’industrie du divertissement vers laquelle, et c’est bien normal, la plupart iront dépenser ces 300 euros.
Il aurait été bien plus approprié d’utiliser cette montagne d’argent public pour financer des dispositifs d’accompagnement avec des artistes, des médiateurs culturels, l’initiation aux pratiques artistiques par l’éducation culturelle. Cela aurait non seulement contribué à élargir l’horizon d’une jeunesse douloureusement affectée par la pandémie, mais aussi de remettre en selle les milliers d’acteurs culturels qui, dans le spectacle vivant plus qu’ailleurs, redoutent de ne pas pouvoir reprendre leur activité avant de longs mois, voire de longues années. Il est urgent de se réoccuper de l’exception culturelle !
3 commentaires
Plutôt que des incriminations et des parallèles subjectifs, il faut un grand débat national pour la culture populaire majeure ; sans quoi tout n’est que populismes et calculs :pour qu’une population puisse être une population de citoyennes et de citoyens souverains au nom de la république universaliste, il faut la démocratie participative citoyenne entière réelle , il faut aussi la liberté d’expression qui passe par la liberté de création et par un associatif de la culture populaire majeure servi par les Hommes politiques sans rien imposé qui ne soit accepté par les Poètes ; la période actuelle est idéale avec bientôt des nouvelles grandes élections, les élections régionales françaises ; et dès l’année prochaine l’élection présidentielle que tout le monde souhaite du meilleur et plus haut niveau.
Oui c’est vrai hélas, toute une culture mineure industrielle voulue distrayante et divertissante est contraire à l’émancipation, au respect de la personne humaine, au respect de la personnalité ; au respect de l’émancipation. Sur ce point Patrick Le Hyaric je vous rejoins entièrement. Mais dois-je rappeler que les deux spécificité de la gauche, la spécificité socialiste et la spécificité communiste n’ont pas malgré deux espoirs qui furent donnés, un par Martine Aubry, l’autre quelques communistes entre 2007 et 2014 ou 15 avant qu’ils soient dissipés ; un programme politique digne de ce nom respectif avec un premier chapitre sur la République et un second chapitre sur la culture réelle, la culture populaire majeure correspondant aux intérêts majeurs des citoyennes et des citoyens, le progrès réel de la culture qui ne peut pas être autre que celui faisant appelle à la classe créative et à son associativité, ainsi qu’au service tant de la majorité présidentielle universaliste que d’une opposition républicaine authentique universaliste, que des responsables des régions qui ensemble sont responsables de l’interrégionale et ainsi de la culture populaire majeure internationale eux aussi.
Nous sommes passé d’un siècle précédent à celui-ci et toutes les grandes élections sont liées. Et tout ce qui concerne la culture française et européenne doit être lisible et audible pour être connu.
Assez de ne parler que “des Intermittents du spectacle” impossible à évaluer en province tant qu’il y a du désert culturel dans des communautés de communes ; les polémiques inintelligibles pour un grand nombre de personnes en France dégoûtent et écoeurent de la participation aux élections et font même faire faire des votes extrémistes à certains.
Il faut parler aussi d’une informatisation pour tous sur deux bases et plus je dis deux en pensant à l’éducation et à la culture réelle de l’âge d’aller à l’école à la dernière heure de passage sur la Terre.
Il est très paradoxal de parler vrai et juste en communiquant la vérité douloureuse sur le divertissement et la distraction ennemie de la personnalité humaine autant que de l’émancipation humaine ; et continuer des corporatismes comme avant en somme, et même continuer la fête de l’Humanité comme avant alors qu’elle aussi a fait partie du divertissement et de la distraction réduisant systématiquement avec tout un système non corrigé malgré l’alternance historique de 1981 à 1995, comme il aurait dû être changé entre 1995 et maintenant pour peu de remettre au travail sérieux pour que tiennent ses promesses le programme de l’Union de la Gauche de 1981.
La vie culturelle si nous parlons de celle dont je parle le plus souvent et très souvent, c’est la vie culturelle de la culture réelle (Poésie Créations et Pensées), écriture, partage, échanges, destinés à la culture populaire majeure, et la vie d’associativité est surtout possible sans argent ; ça n’est pas du tout le marché voire ce que certains nomme l’économie de marché. Les gens peuvent éprouver de la distraction, du divertissement, avec la culture-marchandise ; le bénéfice de la Poésie est essentiellement du bénéfice d’humanité réelle, de salut de son âme et de salut pour l’Humanité. Sans la Poésie comme sans l’Ecologie qui est à son origine une poésie, il n’y aurait pas d’initiative pour aider l’Humanité menacée par de grands dangers, de grands risques…
La culture réelle, culture populaire majeure de toute une classe créatrice mal insérée comptant des renoncements déjà, c’est de la richesse personnelle Créations et Pensées de l’Art majeur mais populaire au vrai sens, avec recherche de partage et d’échanges culturels humains riches, et de la vraie vie d’associativité fraternelle universelle par et pour le partage et les échanges de créations et de pensées poétiques et artistiques populaires majeures qui font partie de la vraie nature des Hommes. C’est ainsi que la France est passée du Printemps des Poètes non officiel pendant longtemps au Printemps des Poètes officiel depuis quelques années. Le progrès réel de la culture s’évalue justement à ce qu’elle ne demeure pas distrayante et divertissante et bien discutable si c’est tout ; et le progrès de la république authentique s’évalue aussi au progrès réel de la culture réelle, culture populaire majeure ; au progrès réel des créations, des pensées d’art, des partages et des échanges. Ça n’a rien à voir dans la crise de la culture en pleine crise générale avec une crise sanitaire en plus, avec le business.