- Views 884
- Likes 0
Les travailleurs agricoles sont, en cette fin de printemps, insérés dans un innommable tourbillon. La sécheresse qui touche désormais une soixantaine de départements, dans d’autres endroits les orages et la grêle ont détruit les récoltes de fruits, la flambée de certains prix de matières premières céréalières qui aggrave encore la situation des éleveurs, les intoxications dues à une bactérie rare – Escherichia coli – commencées en Allemagne, la tentative de relance de production de farines animales. Il semble, à l’heure où ces lignes sont écrites, difficile d’établir les origines du développement de la bactérie qui a touché près de 2000 personnes. Les explications varient pour l’instant. Mais des dégâts considérables sont produits chez les producteurs de fruits et de légumes. Quant à la fabrique de farine animale pour l’élevage de poissons, est ce bien nécessaire, bien raisonnable et bien sécurisant dans l’actuel climat ?
Ceci a lieu au moment même où le Parlement européen discute d’un rapport préparatoire à la prochaine réforme de la Politique agricole commune.
Malheureusement, les orientations jusqu’alors proposées ne tiennent pas compte des grands enjeux actuels. Ceux qui devraient combiner la rémunération correcte du travail paysan, plus les investissements nécessaires et ceux de l’impérieuse nécessité de changer progressivement le modèle agricole pour une politique agricole, alimentaire et environnementale.
Si l’agriculture est touchée par le développement de l’ultra-capitalisme et les modifications climatiques qui s’annoncent, il faut bien inventer un projet non plus pour l’argent mais pour les êtres humains. Préserver l’homme en défendant la nature. Protéger la nature pour sécuriser l’homme, à tout point de vue. Ce n’est pas le laisser faire au service des puissances d’argent qui peut constituer un avenir. Tout au contraire, il faut revenir à des mécanismes de régulations, à la mise en place de prix minima, à des systèmes de stockage publics, à des incitations pour des cultures économes en engrais, en eau, limitant les intrants phyto-sanitaires, en inventant de nouveaux assolements pour sécuriser les fourrages.
Dans l’immédiat, le gouvernement et les autorités européennes doivent organiser la solidarité et empêcher la décapitalisation comme je l’ai réclamé ces dernières semaines. A plusieurs reprises, dans ce journal et depuis bien longtemps, nous avions demandé un débat et des initiatives concrètes pour un plan national de l’eau. C’est plus que jamais à l’ordre du jour. De même la coopération entre équipes de médecins, de chercheurs, avec les agriculteurs et les consommateurs doit être renforcée pour assurer la sécurité sanitaire maximale des aliments. Cette coopération devrait devenir mondiale pour être efficace.
L’urgence, s’il ne pleut pas, est d’organiser la solidarité. C’est de la responsabilité du gouvernement qui doit entendre les organisations professionnelles et syndicales. Le droit de vivre décemment pour les travailleurs paysans va de pair avec le droit à l’alimentation pour toutes et tous.
.
[twitter-follow screen_name=’PatrickLeHyaric’ show_screen_name=’no’]
0 commentaires
Je dirais plutôt que les orientations choisies ne tiennent pas compte des graves erreurs du passé ; pour construire l’avenir, il faut se tourner vers le passé, mesurer les erreurs, afin de ne pas recommencer.
Je dis non aux farines animales, et je n’achèterai pas de poissons d’élevage ; que l’on arrête de prendre les gens pour des andouilles, même s’ils ont la mémoire courte….pas tous !
En ce qui concerne la bactérie, un toxicochimiste a une autre piste, dont on ne parle pas :
http://www.sudouest.fr/2011/06/03/le-sol-a-l-origine-du-mal-416231-4720.php
Il serait bon d’inviter Pierre Rabhy de toute urgence :
http://www.colibris-lemouvement.org/index.php/TH/Pierre-Rabhi#