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Trois éléments appellent à se mobiliser pour défendre l’agriculture paysanne, les consommateurs, ainsi que l’emploi et le développement des territoires.
D’abord un rapport de l’observatoire de la fixation des prix et des marges des produits alimentaires remis au ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll. Ce document montre que l’indice des prix de l’alimentation a augmenté de près de 3% ces douze derniers mois, soit beaucoup plus que l’inflation. S’agissant des produits frais, le prix de la consommation explose puisqu’il augmente de 10,20%. Les spécialistes expliquent ces augmentations par la hausse des prix des matières premières. Ceci est vrai. Mais les revenus des éleveurs, producteurs de lait, d’œufs ou de viande n’augmentent pas. Quand en moyenne un consommateur achète pour 100 euros d’alimentation, 21 euros sont accaparés par le commerce, 11 par le secteur industriel et à peine 8 euros vont à l’agriculture.
Ainsi, la loi de modernisation économique votée par la précédente majorité de droite a fonctionné contre les producteurs agricoles et au bénéfice des profits des industries de la transformation et surtout de la distribution, où pourtant les salaires restent faibles. Voilà un bel exemple du concept de « compétitivité » si en vogue en ce moment. Une nouvelle loi visant à rééquilibrer le partage de la valeur ajoutée entre producteurs et les secteurs de la grande distribution est indispensable.
Le second fait a trait à une étude de l’indicateur dit « soutien global à la production agricole » (SGPA) qui montre qu’à l’opposé de ce qui se passe dans l’Union européenne les aides publiques à la production agricole ramenées à l’habitant ont augmenté de 130% en Chine, de 60% au Brésil et de 40% aux Etats-Unis. Et, en valeur absolue, les Etats-Unis versent 163 milliards de dollars pour l’agriculture, la Chine 154 milliards, le Brésil 38 milliards et l’Union européenne 101 milliards de dollars. Le budget agricole de l’Union européenne est stable depuis 2005, tandis que ceux des autres continents augmentent.
Au moment où on démantèle les prix de base garantis en Europe, le gouvernement est en train de l’inventer pour sécuriser ses agriculteurs. La politique européenne est à rebours de tout ce qui se fait ailleurs.
Ceci nous amène au troisième enjeu : celui du budget européen, et notamment celui consacré à la politique agricole commune. Une bataille de chiffonniers est engagée depuis plusieurs semaines pour l’abaisser encore, alors que la crise fait des ravages dans certains secteurs agricoles, pendant que d’autres, essentiellement les grands céréaliers, profitent de la spéculation. Il est indispensable à la fois de maintenir le budget agricole et de moduler les crédits publics selon les critères de l’emploi, de vie des territoires, d’amélioration de l’environnement et de la biodiversité, de la qualité alimentaire.
Ce sont là des enjeux décisifs de ce qui se discute aujourd’hui à la commission « agriculture et développement rural » du Parlement européen.
L’actuel projet de réforme de la PAC correspond de moins en moins aux objectifs de rémunération du travail, d’emploi et d’environnement. Le débat doit donc devenir public avec les syndicats, les associations, les agriculteurs, les salariés des industries agroalimentaires.
Les actuels projets peuvent encore affaiblir l’agriculture et les filières agroalimentaires, où l’emploi est de plus en plus menacé et les échanges commerciaux réduits.
Voilà trois grands éléments qui appellent à la vigilance et à de nouveaux choix politiques, économiques et sociaux.
27/11/2012
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