Les dangers du traité de libre-échange Mercosur

le 2 juillet 2019

Qu’est-ce que l’accord avec le Mercosur ?

L’accord avec le Mercosur est un grand accord commercial avec les géants agricoles d’Amérique du sud regroupés dans un bloc commercial qui rassemble le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay.

Il crée une vaste zone commerciale de libre-échange Union-européenne – Mercosur qui englobera 800 millions de personnes. Dans cette zone 93% des produits sud-américains pourront rentrer sur le territoire européen sans restriction ni droits de douane et 91% de produits européens pourront le faire dans l’autre sens. Il permettra aussi un accès facilité aux marchés publics sud-américains et services tels que les télécommunications et les transports.

Pour les exportateurs européens de services ou de produits industriels comme l’automobile, les machines-outils ou la chimie, c’est considéré comme une bonne nouvelle, car ce sont à terme 4 milliards d’euros de droit de douanes en moins, c’est aussi autant de perdu pour les États sud-américains et la contrepartie demandée par le Mercosur est lourde de conséquences.

En quoi cet accord est dangereux ?

En échange de l’ouverture des marchés sud-américains sur les services et produits industriels, le Mercosur obtient des concessions significatives sur l’agriculture. Les restrictions dont nous disposions pour protéger nos filiales d’élevages de bœufs notamment, de poulets et de porcs volent en éclat. C’est toute l’agriculture européenne, notamment les petites exploitations, qui sont menacées de fermeture face à la concurrence des géants sud-américains. C’est la consécration d’un modèle productiviste avec des fermes-usines géantes pourtant responsables d’une misère sociale terrible au Brésil – qu’on pense au mouvement des paysans sans-terre -, et qui va accélérer la déforestation de l’Amazonie pour produire toujours plus pour le marché européen.

Par cet accord, les dirigeants européens pourtant en partance décident de transférer une partie de notre souveraineté alimentaire au Mercosur. C’est tourner définitivement le dos au modèle de l’agriculture paysanne en le soumettant à une concurrence sud-américaine imbattable.

Il confirme une tendance entamée avec l’accord avec le Canada et le Japon : celui de la segmentation de notre agriculture. Nous aurons d’un côté une agriculture à haute valeur ajoutée avec des appellations européennes protégées (comme le Roquefort, le jambon de Parme, la Feta…) exportées plus facilement au Mercosur ; et de l’autre côté une agriculture de produits de base, les céréales, les viandes que nous sous-traitons aux géants agricoles en échanges de l’ouverture de leurs marchés.

La Commission a beau jeu d’annoncer que 351 appellations européennes seront légalement protégées dans les pays du Mercosur, mais pour tous les petits éleveurs français qui font des viandes de qualité sans être couverts par ces appellations c’est la fin face aux géants sud-américains, comme le groupe brésilien JBS, premier producteur de viandes au monde.

Au final on peut résumer cet accord à des voitures allemandes contre du bœuf brésilien élevé sur des pâturages conquis sur la forêt amazonienne.

Peut-on croire à la « vigilance » de Macron ?

Non car les concessions sur l’agriculture ont déjà été faites sur le bœuf il y un an lorsque le gouvernement français n’a pas bloqué l’offre de la Commission d’un quota de 99 000 tonnes de bœuf sud-américain sans droits de douane. Les producteurs agricoles du Mercosur sont déjà très bien structurés pour l’export, donc ils pourront très rapidement occuper les marchés obtenus et les inonder. Face à cela, les mécanismes européens de protection sont beaucoup trop lents, et les petits producteurs européens déjà trop fragilisés par la libéralisation des marchés agricoles. C’est leur mort assurée.

Pareil pour l’environnement, le Président Macron et la Commission peuvent clamer autant qu’ils le veulent que les parties signataires s’engagent à respecter les accords de Paris, les chapitres « développement durable » des accords de commerce de la Commission ne contiennent aucune obligation légale environnementale, contrairement aux parties commerciales. Enfin qu’attendre de son interlocuteur brésilien, Jair Bolsonaro élu avec le soutien de l’agro-business et dont les premiers actes au pouvoir ont été de défaire les protections environnementales et de faciliter la déforestation de l’Amazonie ?

Cet accord est-il anti-démocratique ?

Il l’est des deux côtés de l’Atlantique. Côté européen les négociations ont été faites sur la base d’un mandat de négociation datant de 1999 ! Depuis ces 20 années à aucun moment la Commission n’a cherché à actualiser son mandat auprès des gouvernements européens ou auprès du Parlement européen.

Côté sud-américain l’aboutissement des négociations est le fait de deux hommes. Jair Bolsonaro est arrivé au pouvoir au Brésil après un coup d’État judiciaire qui a mis Lula en prison avec le soutien des lobbys évangélistes et des gros producteurs agricoles. Mauricio Macri, le président argentin, va surement perdre les élections face à Christina Fernandez Kirchner et se hâte de signer cet accord avant de quitter le pouvoir.

Cet accord doit encore être validé par le Parlement européen et l’Assemblée nationale. Pour notre agriculture, pour la lutte contre la déforestation en Amazonie, pour la qualité alimentaire, pour le respect de la démocratie en Amérique du Sud comme en Europe, nous devons l’arrêter.


2 commentaires


Moreau 2 juillet 2019 à 19 h 47 min

Mon avis est très favorable à la réalisation de grands accords commerciaux sobres et riches pour la meilleure destinée des Peuples de la Terre qui sont tous interdépendants, par l’Union Européenne multilatéraliste sans distinction d’origine, de race, ou de religion ; sous réserve et c’est fondamentale que l’Union Européenne ait un droit de regard sur la politique agricole ou de production de la nation économique (Les pays de Mercosur forment une nation économique en passant cet accord), nation économique avec laquelle elle réalise cet accord, et que les bases pour ce droit de regard figurent bien dans l’accord. Tous les Peuples de la Terre sont interdépendant et le multilatéralisme est ce qu’il y a de mieux pour vivre en réalisant la meilleure destinée des Peuples pour la meilleure destinée de toute l’Humanité. L’élevage de bovins, de porcs, de poulets, et ceatera, ça nécessite d’avoir des pays très verts et des productions de céréales. C’est pourquoi, le progrès économique par accord de libre échange doit être progrès économique écologique voire il doit mettre fin à 100% par exemple à la déforestation de l’Amazonie.
Le métier d’agriculteur peut amener l’agriculteur dans sa vie à arrêter les élevages de moutons, de boeufs, et autres ; pour cultiver des vergers par exemple sur les terres ; et ici et là en France, malgré la progression de divers vergers, on manque de poiriers et de cerisiers. Beaucoup de gens mangent très peu de fruits parce qu’ils sont vendus à des prix inabordables dans les grande surfaces notamment mais aussi sur les marchés. De nombreux poiriers et de nombreux cerisiers aimeraient vivre les racines dans la terre ici et là en France ; pour combler la population de fruits ; et ce serait meilleur pour plus d’oxygène dans l’air.
Mon avis est autant favorable à l’économie locale qu’au multilatéralisme.
Donc cette politique agricole de libre échange de l’Union Européenne n’est pas inepte à condition que l’accord soit économique et écologique, sobre et riche, et d’avoir une politique agricole d’économie locale partout en Europe ; celle-ci pouvant effectivement faire changer d’activité de culture ou d’élevage à tout agriculteur.
Je pense qu’il faut optimaliser un tel accord, sans penser à le détruire, car je ne vois pas pour quelles raisons si tout est fait, si tout es mis en oeuvre, il faudrait l’arrêter. La politique agricole française n’est plus dans son cadre hexagonal depuis longtemps, il y a eu la politique agricole commune, celle-ci était inférieure à la vision, la vision étant un peu moins ancienne que la politique agricole commune et sa réalisation souffrant de retards. Je pense qu’il n’y a pas meilleur encouragement pour réaliser le progrès écologique pour les Peuples d’Amérique du Sud que de vivre en république universelle qu’est la Terre sans être mondialiste et sans être démondialiste.

Moreau 2 juillet 2019 à 20 h 02 min

Une base écologique forte, irréversible, doit exister dans chaque accord important de libre échange pour accélérer le retour au régénèrement climatique et dire adieu au réchauffement climatique ; et tout accord important de libre échange doit être sobre et riche, et adieu le capitalisme excessif, l’austérité pour les pauvres gens, et ceatera… Et vive la vie selon l’interdépendance des Peuples telle qu’ils souhaitent la réaliser pour la meilleure destinée de l’Humanité.

Répondre à Moreau Annuler la réponse

Commentaire

Nom *

Les champs marqués * sont obligatoires

Email *

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Restez en contact

Inscrivez-vous à la newsletter