Résister au tsunami du chômage, respecter le droit au travail

le 25 octobre 2012

.

Le violent ouragan qui s’abat sur notre industrie et l’emploi n’en finit pas. De l’agro-alimentaire à l’automobile, des banques et assurances au commerce, de l’énergie à la chimie, du textile aux transports, de la presse aux télécommunications, un rouleau compresseur contre l’emploi et la production broie les activités et la vie de centaines de milliers d’êtres humains, de familles.

Le laminage de grands secteurs économiques a pour effet de détruire des petites et moyennes entreprises, étranglées dans le double étau des prix que leur imposent les multinationales, devenues donneuses d’ordre, et la difficulté d’accès à un crédit à un taux acceptable, c’est-à-dire non usuraire et donc favorable à l’activité productive et à l’emploi.

Les procédures judiciaires de faillite s’amplifient de mois en mois et n’ont jamais connu un tel niveau. De Doux à Pétroplus, de Technicolor Angers à Navimo, les tribunaux jugent aujourd’hui au regard de règles comptables qui font fi des vies humaines, de celle des territoires.

L’essentiel des destructions d’emplois et d’activités provient de la diminution des débouchés tant chez nous qu’à l’exportation, elle-même due à la baisse du pouvoir d’achat et à la compression des salaires partout en Europe. La poursuite de l’austérité salariale et des retraites, combinée aux gains de productivité, accaparée par les propriétaires des entreprises et leurs actionnaires, annonce l’amplification de la déflagration de l’emploi et du travail dans les semaines et les mois à venir.

Les grandes entreprises ont décidé de faire d’importantes économies sur le travail vivant en augmentant leur taux de rentabilité au cœur même de la crise pour une meilleure rétribution du capital au détriment de celle du travail, dans toutes ses composantes, qu’il s’agisse des salaires, de la protection sociale ou de la formation. Cet objectif les conduit à détruire des capacités de production sur nos territoires pour surexploiter le travail ailleurs, là où le salariat est victime de droits sociaux à minima. Un formidable chantage s’exerce sur le monde du travail et de la création pour qu’il accepte- lui qui ne porte aucune responsabilité dans les causes de la crise- la remise en cause des droits sociaux et humains, le chômage, la précarité, la flexibilité du travail, l’abaissement de la fiscalité des puissants et  de la contribution à la protection sociale publique. Cette dernière subit des attaques particulièrement vives. Sans cesse présentée comme un coût qui pénaliserait les entreprises, elle n’est en réalité qu’une part de salaires socialisée, issue de la production de richesses des salariés. Or, précisément, le mal provient du fait qu’une proportion de plus en plus grande de ces richesses produites dans les grands groupes est accaparée par la rémunération d’actionnaires. L’an passé, les quarante plus grandes entreprises ont réalisé 74 milliards d’euros de bénéfice net et ont reversé plus de la moitié de cette somme en dividendes. Il y a donc bien une confiscation des richesses produites. Sa diminution ou sa progression fait l’objet d’une lutte de classe qui, pour l’instant, loin s’en faut, n’a pas désigné son vainqueur.

L’autre mode de prélèvement sur le travail s’opère par le haut niveau des taux d’intérêt sur le secteur productif, pudiquement nommés frais financiers. Ceux-ci ont atteint l’astronomique somme de 309 milliards d’euros, soit bien plus que le double des prélèvements sociaux de solidarité. Dans ces conditions, il est totalement aberrant et contre-productif d’envisager un nouveau transfert de trente à quarante milliards de prélèvements sociaux sur le travail et les consommateurs pour alléger encore la contribution des grandes entreprises aux biens communs. C’est bien à la loi de la finance qu’il faut s’attaquer, à  l’exploitation des salariés et au coût du capital. Ne pas le faire rendrait illusoire l’inversion de la courbe du chômage dans un an, les destructions d’emplois prenant dès lors nettement le dessus sur les créations, comme on le voit aujourd’hui. En même temps, notre pays doit parler fort au Conseil européen pour obtenir une réorientation profonde des politiques européennes, à commencer par le changement du rôle de la Banque centrale européenne et de l’euro. Le maintien d’un euro dit « fort » pour attirer les capitaux est néfaste pour l’emploi et l’activité industrielle puisqu’il pousse aux délocalisations en zone dollar. Il est aussi indispensable de sortir de ces concepts mortifères de «libre échange intégral » ou de « l’économie ouverte ou la concurrence est libre » et d’imaginer de nouveaux projets de coopération et de protection du travail, de la recherche et de la culture.

Faire cesser l’actuel tsunami contre l’emploi et la production nécessite donc des changements profonds de structure, en commençant par ne pas laisser les chefs d’entreprises et les gros actionnaires continuer à décider seuls du devenir des activités en octroyant des droits et pouvoirs nouveaux aux salariés dans la gestion de leur entreprise.

Gouvernement, Parlement, élus des régions et départements, syndicats devraient se donner le pouvoir de  décréter un moratoire suspensif de tous les plans de licenciements, de réduction d’activité ou de fermeture d’entreprise et d’organiser, durant ce temps, des tables rondes  de concertation pour sauver l’emploi en étudiant les contre propositions des syndicats, en utilisant autrement le crédit, dont les taux doivent être nettement abaissés, voire devenir négatifs dans certains cas, dès lors qu’il s’agit de protéger des productions, des territoires, d’aider à la formation, à la recherche ou aux innovations. Il est urgent de faire un inventaire des besoins d’emplois et d’activités industrielles, agricoles, agro-alimentaires nouvelles et de services publics en mobilisant les fonds européens, la Banque publique d’investissement, la Caisse des dépôts, la Banque européenne d’investissement pour des crédits nuls ou négatifs en faveur du travail, du développement humain et écologique. Urgent aussi d’examiner quels sont les secteurs décisifs de l’économie et de la finance  qui appellent un contrôle public et social. A l’échelle du pays, à celle de l’Europe, cela constituerait un formidable plan de relance !

L’inversion du chômage est à ce prix, sinon le tonneau des danaïdes des suppressions d’emplois et d’activités poursuivra son œuvre destructrice, à l’origine de bien des maux qui affectent la société. Ceux-là mêmes qui servent de terreau à la droite et à son extrême nauséabonde.

25/10/2012


0 commentaires


Dwaabala 26 octobre 2012 à 10 h 11 min

Bonjour,

Au constat lucide :

«La poursuite de l’austérité salariale et des retraites, combinée aux gains de productivité, accaparée par les propriétaires des entreprises et leurs actionnaires, annonce l’amplification de la déflagration de l’emploi et du travail dans les semaines et les mois à venir.»

s’opposent les vœux :

«Gouvernement, Parlement, élus des régions et départements, syndicats devraient se donner le pouvoir…»

«… À l’échelle du pays, à celle de l’Europe, cela constituerait un formidable plan de relance !»

Vœu pour vœux, on préfèrerait apprendre qu’il existe un mouvement des masses qui cherche la bonne voie.

Bilan pour constat, la démoralisation du peuple résulte de l’expérience vécue depuis des décennies de la ligne unitaire social-démocrate.
La social-démocratie est devenue aujourd’hui social-libérale, donc peut être confortablement contestée (par le non ou l’abstention) du même point de vue réformiste social-démocrate.

Fiasson Roger 27 octobre 2012 à 7 h 59 min

Tout à fait d’accord avec ces appréciations. Mais comment les faire connaitre.L’HUMA bien sur mais sa diffusion est ce qu’elle est. Le prochain congrès ne devrait-il pas définir une stratégie de diffusion de nos idées par la distribution de bulletins locaux dans les boites aux lettres.

Répondre à Fiasson Roger Annuler la réponse

Commentaire

Nom *

Les champs marqués * sont obligatoires

Email *

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Restez en contact

Inscrivez-vous à la newsletter