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Comme il est de tradition, nous adressons à chacune et chacun d’entre vous, ainsi qu’à vos proches, nos vœux les meilleurs pour l’année qui commence. Plus que jamais, leur réalisation, alors que sévit une crise durable d’une exceptionnelle ampleur, va demander beaucoup de réflexions, d’inventivité, de confrontations d’idées donnant corps à des actions unitaires pour qu’évolue du côté du monde du travail et de la création le rapport des forces économiques et politiques. Aucun domaine de la vie en société n’échappe à l’affrontement qui s’aiguise entre d’un côté, l’immense majorité de la population et, de l’autre, le monde de la finance et des puissants, soutenu en France, en Europe et dans le monde par des institutions taillées sur mesure. Qu’il s’agisse de la santé, de l’emploi, du pouvoir d’achat, de l’éducation, de la culture, de la préservation écologique, de la paix, rien ne peut évoluer dans le sens de la priorité aux êtres humains si, comme c’est le cas aujourd’hui, dominent les conceptions des oligarques que leurs intérêts égoïstes poussent en permanence à surexploiter des populations fragilisées par le recul de leurs droits et la multiplication du nombre de privés de travail et de pauvres avec son lancinant cortège de ferments de division. Que les victimes décident de se rassembler dans la recherche d’un processus inédit de transformation sociales et écologiques devient dès lors l’enjeu crucial de la période. Celui qui devrait, par delà les différences, mobiliser l’ensemble des forces qui se réclament du changement et du progrès.
La bonne nouvelle de la construction d’un super bateau au chantier naval de Saint-Nazaire ne parvient pas à cacher l’augmentation continue du chômage, les plans de licenciements et les fermetures d’entreprises. Par parenthèse, celles et ceux qui, depuis des mois, glosent autour d’une France “non compétitive”, viennent d’être puissamment démentis. Mais nous savons qu’une nouvelle avalanche de plans sociaux s’annonce pour cette nouvelle année parce que l’argent érigé en maître de l’humanité domine tout, détruit tout, sans jamais tenir compte ni de la valeur humaine ni de la nécessité de redresser le pays, en partant des atouts dont il dispose, au premier rang desquels la valeur et les compétences de ses salariés manuels et intellectuels, de ses chercheurs, de sa jeunesse impatiente de montrer tout ce qu’elle recèle en elle.
La solution n’est donc pas à rechercher dans un projet de plus grande “flexibilité du travail” comme veut l’imposer le grand patronat. L’avenir est au contraire dans l’inflexion vers un projet audacieux et révolutionnaire, celui d’une sécurité sociale du travail, incluant pour chacune et chacun, selon ses choix, des périodes de formation, de nouvelles activités sociales, éducatives, culturelles, permettant pour soi-même des évolutions dans le travail, en tenant compte des nouveaux défis, des progrès scientifiques et des innovations technologiques.
De même, après le refus d’augmenter le salaire minimum, il convient de défendre l’existence du SMIC, au moment où le Medef et des groupes d’expert “en libéralisme” préconisent de le supprimer pour que le revenu de solidarité active devienne la norme de base en deçà de laquelle il ne faudrait pas descendre. A ceci s’ajoute le projet de nouveau recul de l’âge de la retraite alors que le chômage des séniors explose. Ainsi, après la théorisation et la mise en application sans débat du fameux “pacte de compétitivité”, le recopiage du prétendu “modèle allemand” qui multiplie le nombre de travailleurs et de retraités pauvres deviendrait notre “nouveau” système social.
De plus en plus d’électrices et d’électeurs de gauche s’interrogent sur le fait qu’un Président et un gouvernement socialiste puissent appliquer avec tant de zèle des orientations défendues à grands cris par le MEDEF, directement issues des choix des institutions européennes. Non seulement leurs espoirs sont déçus, mais ils y voient, à juste titre, une négation des idéaux sociaux et républicains que défendait jusque là toute la gauche dans sa diversité.
Certains répondent que la crise oblige à mener une telle politique pour “redresser la France”. N’est-ce pas plutôt parce qu’on applique depuis des années de tels remèdes que la crise s’est développée ? Qu’elle s’amplifie chez nos voisins Grecs, Italiens, Espagnols ou Portugais qui subissent la violence de la super-austérité sans que leur pays ne se redresse ? Bien au contraire ! La sortie de crise passe précisément par l’abandon des choix d’austérité, de régression sociale et démocratique qui sont à son origine. Elle commande de rester fidèle aux idéaux de la gauche non pas pour revenir à des solutions du passé mais bien pour en inventer de nouvelles qui, cette fois, assurent la justice parce qu’appuyées sur une nouvelle répartition des richesses et des pouvoirs, de l’entreprise jusqu’au sommet de l’état et des institutions européennes et mondiales. Ainsi pourrait s’ouvrir, au nom de l’intérêt général, l’immense chantier de notre époque, celui des nouvelles manières de produire et de consommer, dans le cadre de la justice sociale et fiscale et d’une régénération d’une démocratie permettant à chacune et chacun de devenir maître des choix de la société. Si en 2013, le mouvement populaire s’engage dans cette voie, alors, oui, beaucoup de ses vœux seront à sa portée. Prenons garde à penser que la crise produirait une sorte de statu quo, que tout deviendrait immobile ou qu’un retour en arrière deviendrait possible….un jour. Non ! Au cœur de cette crise, se déchaînent les forces de l’argent de plus en plus libérées, contre le monde du travail et de la culture, et au-delà contre l’humanité et la nature.
Les classes dominantes ne considèrent pas la crise seulement du point de vue des risques dont elle est grosse, mais surtout comme une formidable opportunité pour changer à leur guise le monde, afin de valoriser toujours plus le capital au détriment de l’humain. Cette valorisation du capital passe par la destruction des droits sociaux et humains dans toute l’Union européenne et la perte des prérogatives des Etats et des peuples eux-mêmes. Tel est le sens des choix actuels impulsés par les institutions internationales et européennes.
Au nom de la justice et du progrès social et écologique, nous avons raison d’y résister. Mais la “résistance” seule n’ouvrira pas un nouvel avenir. Le statu quo ou le retour à ce qui a déjà existé dans des pays où la transformation sociale a échoué, où même à ce qui, hier, a “marché” en France, ne peuvent être notre guide pour de nouveaux futurs. Non ! Les classes populaires doivent prendre conscience que leurs intérêts sont devenues radicalement opposés a ceux des forces dominantes. Il n’y a pas de compromis historiques possibles entre elles et le capital. C’est a une rupture avec ces choix qui ont fait faillite qu’il faut travailler dans l’unité populaire la plus large. C’est à un processus inédit “d’évolution révolutionnaire” qu’il faut, ensemble, s’atteler avec pour finalité fondamentale “l’humain d’abord”. Tel est notre vœu le plus cher pour l’année qui commence.
Janvier 2013
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