Quelle  boussole ?

le 28 avril 2021

L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 29 avril 2021 – par Patrick Le Hyaric.

Tel qu’il s’expose à nous, le paysage politique a des aspects plus qu’effrayants. 89 % des électeurs ayant voté pour l’extrême droite au premier tour de la présidentielle de 2017 déclarent d’ores et déjà qu’ils le referont en 2022. Il s’agit de loin de l‘électorat le plus déterminé… et nombreux. Les différents courants réactionnaires totalisent ainsi près des deux tiers de l’électorat.

Ici est posé un problème majeur : le peuple de gauche, dans sa diversité, se lèvera ou se relèvera-t-il face à une droite, certes diverse, en compétition, et parmi laquelle il convient désormais de ranger l’essentiel du macronisme, mais portée par un même vent mauvais soufflant sur l’ensemble du monde, et par rafales en Europe ?

Ce bloc de droite trouve son point d’équilibre à la frontière de l’extrême droite : racisme de plus en plus décomplexé, autoritarisme et nationalisme se conjuguent avec l’adoubement des logiques du capitalisme financiarisé et mondialisé. Désormais, une majorité des électeurs de la droite classique se dit prête à des alliances avec l’extrême droite, tandis que l’OPA réalisée sur le mot République par une droite délestée de son héritage gaulliste vide continuellement de son sens social et égalitaire cette reconquête de 1945. Et le processus isole de plus en plus une gauche engoncée dans des débats picrocholins instrumentalisés par ses adversaires.

On nous rétorque que l’extrême droite au pouvoir serait de toute façon cornaquée par les institutions, contrainte à des alliances et compromis qui rabaisseraient ses ambitions néo-fascistes. C’est faire l’impasse sur ce qu’un tel scénario réveillerait dans notre pays, qui n‘a été immunisé contre les idées et pratiques d’extrême droite que par la désormais lointaine période de la Libération. On constate déjà la résurgence de comportements séditieux dans les hautes sphères de la réaction, tels ces officiers retraités appelant par voie de presse à un retour à l’ordre moral par reprise en main militaire.

Pour lutter contre l’influence hégémonique des droites, la gauche doit retrouver le sens de l’Histoire, des travailleurs manuels et intellectuels et de l’intérêt général, en opérant sur plusieurs fronts. Elle doit  revenir vers les travailleurs et habitants des quartiers populaires, les gens de peu pour élaborer avec eux des issues novatrices anticapitalistes, progressistes et transformatrices. Ce qui suppose de désigner clairement l’adversaire : le capitalisme qui exploite, spolie et aliène.

La force communiste, avec d’autres, peut ici jouer un rôle décisif pour porter un processus démocratique et unitaire réinventé. La question sociale doit être replacée au cœur du débat public. Ce ne sera possible  qu’en créant les conditions d’une souveraineté populaire, en défendant la reprise en main des outils productifs vendus au capital transnational, avec des initiatives pour reprendre le pouvoir à la finance, une politique de réindustrialisation et le redéploiement d’une agriculture paysanne. Ceci ne peut se penser que dans le cadre d’une transition environnementale qui nécessite recherche, formation, nouveaux services publics et nouveaux métiers et emplois. Le travail, son sens, son accès pour toutes et tous, sa rémunération doivent s’inscrire au cœur d’un projet post-capitaliste. La défense des libertés démocratiques doublement piétinées par la gestion de la pandémie doit également figurer parmi les priorités. L’état d’urgence sans cesse reconduit dans un silence de plomb favorise l’hypothèse d’un gouvernement de type autoritaire.

L’après-pandémie, à partir des enjeux de la santé et de la vie humaine, appelle à construire un audacieux projet démocratique, social, écologique, dans une démarche unitaire visant le rassemblement populaire. L’enjeu des pouvoirs d’intervention et de gestion des travailleurs et des citoyens devient fondamental. On ne peut rester contempler le désastre qui s’avance.


10 commentaires


Moreau 28 avril 2021 à 21 h 36 min

On aurait besoin de vrai socialisme universaliste, de vrai communisme universaliste, plus que de défaitisme ; il y a trop de défaitisme venant de la gauche et pas assez d’alternative(s).
Il y a je crois un niveau élevé d’intentions d’abstentions en nombre important pour 2022 si tout suit sans changement significatif comme il y en eu un en Amérique du Nord qui n’est pas ce qu’il faudrait mais qui se remarque, l’Amérique du Nord accusait un retard politique la plongeant dans l’extrémisme, elle refait surface. Pour la France et l’Union Européenne : l’absence d’une alternative socialiste vraie socialisme ; et l’absence d’une alternative communiste vrai communisme ; plongent les pays dans l’extrémisme de droite. La gauche ne rassemble qu’avec un vrai programme comme les 110 propositions de 1981 et des bons candidats authentiques qui ne laisseront pas tout tomber ; si tout continue à n’être que des utopies et des défaitismes quasiment ; c’est l’abstention des uns, et l’extrémisme des autres ; c’est désastreux.
La gauche… Sans passer au syndicalisme du vingt et unième siècle des Travailleurs et des Consommateurs, sans passer au vrai socialisme, le socialisme universaliste ; sans passer au vrai communisme, le communisme universaliste ; elle n’arrête plus de plonger sans refaire surface ! Elle s’enlise !

alain harrison 4 mai 2021 à 5 h 36 min

Ce socialisme communisme universaliste.
Comment s’y rendre ?
Et surtout comment organisé ce passage sans être récupéré comme il l’a été.

Considérant qu’il faut tirer les leçons de l’histoire, et tout particulièrement de la tragédie du stalinisme, qui a vu des régimes d’exploitation totalitaire, capitalisme d’Etat, se revendiquer honteusement du communisme, le collectif PLATEFORMEJAUNE a fait le choix de préciser sa vision du fonctionnement des nouveaux organes de pouvoir prolétarien : les comités. En effet, nous mettons en perspective la nécessité de la domination politique du prolétariat qui ne se confond avec la prise du pouvoir par une nouvelle bourgeoisie politique, même issu de nos propres rangs. Nous, militants révolutionnaires, nous ne voulons pas remplacer les actuels politiciens . Notre ambition est de substituer les cliques politiciennes et aux lobbys capitalistes la pleine et entière souveraineté des travailleurs et consommateurs associés. C’est pour cette raison que nous proposons des garanties :

Droit permanent de révocabilité par les comités des délégués,

Établissement de mandat impératif

Aucune rémunération accordée pour l’exercice de la fonction de délégués, avec la mise en place d’un système de détachement. Les délégués restent liés et directement responsables devant les organes de gestion ouvrière auquel ils sont rattachés.

En aucun cas, ils ne peuvent être cooptés par des partis ou des syndicats.

PLATEFORMEJAUNE met en garde contre une certaine extrême gauche opportuniste qui se réclame du maoïsme, du trotskisme, du marxisme, du léninisme, de l’anarchisme, qui veut s’arroger le privilège de décider à notre place : ce qui laisse la porte ouverte à toutes les dérives et une autoroute à la restauration du capitalisme, ce qui a été constaté pendant un siècle de révolution trahie. Nous voulons une libre fédération des travailleurs consommateurs associés organisée en comité d’atelier, de service dans les entreprises, comité dans les territoires et lieux de vie.

Contrairement à la mystification actuelle de la « démocratie représentative » fondée sur un dogme religieux : «le suffrage universel » présenté comme équitable, les délégués ne seront pas désignés par une population d’électeur passif, mais par ceux qui y participent activement : seuls ceux qui sont présents aux réunions des comités régulièrement auront un droit de vote et décision. Il s’agit de définir des modalités pratiques pour permettre à toutes et tous de participer notamment en définissant une limite raisonnable sur la dimension de chaque comité afin de permettre des débats pertinents et des décisions pertinentes. Les comités doivent être de dimension raisonnable pour permettre un débat construit de l’ordre de 10 à 30 membres: on ne peut pas organiser des débats de fond à 50, 100, 1000 personnes et encore moins à des millions de personnes.

Jean-Pierre 2 mai 2021 à 19 h 05 min

Parler de force communiste et de présidentielle en s’abstenant de citer une seule fois le nom de notre candidat et secrétaire général qui porte cette candidature et incarne notre visée, une sacrée gageure. Il s’appelle Fabien Rousse. Je le précise car seules les camarades très au courant de la vie de notre parti peuvent le savoir.l

alain harrison 4 mai 2021 à 5 h 40 min

Le PCF ????

La leçon du PS ???

Le problème réside tout d’abord dans l’ignorance des obstacles.

Jean-Pierre 2 mai 2021 à 23 h 57 min

je vois que mon second commentaire, absolument pas injurieux, mais démontrant les censures de cet éditorial, a été lui-même censuré.

Aussi, Monsieur Patriuck Le Hyaric ( je vous appelle ainsi; car personnellement, je suis communiste, mais quant à vous, j’en doute), je vous deùanderai s’il-vous-plaît d’effacer tous mes commentaires. Tous ! c’est ma seule exigence:! je pense avoir au moins le droit de retirer ma propre parole, et non pas de vous laisser choisir ce qui vous arrange.

Ensuite, mais seulement une fois que vous aurez effacé toutes mes contributions, je quitterai ce pseudo-blog.

alain harrison 4 mai 2021 à 5 h 47 min

La communisme est né de l’analyse de Marx. NON OUI

Gaillard 3 mai 2021 à 10 h 07 min

Je lis avec beaucoup d’intérêt tes rubriques quotidiennes car mes convictions socialistes sont toujours affirmées en dépit et contre les dérives centristes , voire droitières du PS. Mais comment les idées excellentes que tu exprimes pourraient être prises en considération par la gauche dans son ensemble alors que ses responsables actuels campent sur des positions liées exclusivement à leur égo! Je suis trop âgé maintenant pour reprendre, à mon modeste niveau, une activité militante, mais je fais le voeu que les “forces populaires” trouvent enfin la voie d’un vrai rassemblement à gauche!

alain harrison 4 mai 2021 à 4 h 50 min

«« L’enjeu des pouvoirs d’intervention et de gestion des travailleurs et des citoyens devient fondamental. »»

De quoi se souviennent la majorité du peuple Français ?

Des trente glorieuse.
Du désastre de deux Guerres.

Et sont-ils à même de faire des liens ?

alain harrison 4 mai 2021 à 5 h 00 min

«« tels ces officiers retraités appelant par voie de presse à un retour à l’ordre moral par reprise en main militaire. »»

L’idéologie militariste, quelle belle affaire. Y a pas si longtemps on avait des gouvernements de Colonelles. L’ordre et la loi avec la morale ecclésiastique comme couvert (militarisme et fascisme) l’intolérance annoncé.

alain harrison 4 mai 2021 à 5 h 23 min

«« Elle doit revenir vers les travailleurs et habitants des quartiers populaires, les gens de peu pour élaborer avec eux des issues novatrices anticapitalistes, progressistes et transformatrices. »»

Les GJ, les Zadistes,………

Quelles voies prendre pour rendre légitime et légale (Droit International), du moins aux vues de l’ONU, qui demeure encore (à espérer) une institution respectable par les populations.

Et puis des figures significatives pour remuer un peu la conscience ???

80 % enclin vers la droite %. L’amnésie règne ? Société aliénée ?

IL semble que l’Éducation ait raté sa vocation ? Et dans l’ensemble du Monde.

La Crise (est globale) dans laquelle nous sommes, nous indique clairement que le changement ne peut être cosmétique, ce que le néo-libéralisme nous promet (le transgenre technologisé ?)
Cette dernière remplace les promesses fabuleuses des années 60 ?)
Un Ancien Monde, mais technologisé.

Cette instrumentalisation du nouveau monde, c’est vraiment de la m…….

Je crois que pas grand monde catche : avoir une vue d’ensemble

Je crois que personne en fait.

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