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Dans une conférence organisée le 18 décembre dernier, le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a lancé l’idée d’un nouveau projet de « réorientation » des méthodes des productions agricoles, visant d’un même mouvement à plus d’efficacité économique et à plus d’efficacité environnementale.
Ainsi, le projet « agriculture : produisons autrement » constitue une nouvelle impulsion intéressante visant à jeter les bases d’un nouvel avenir agro-écologique. Le renchérissement des prix du pétrole et donc des intrants comme les engrais, les produits phytosanitaires, des carburants, doit amener à réfléchir sur la diminution de ces coûts de production par de nouvelles méthodes agroculturales. La santé des agriculteurs en dépend également.
En même temps, la réduction de l’utilisation de ces intrants répond à un besoin de préservation et d’amélioration de la biodiversité et participe à la revitalisation des écosystèmes. De même, l’acte de production agricole qui, traditionnellement, participe à la régénération de la biodiversité doit pouvoir préserver toutes les ressources naturelles qui le rendent possible : la terre, l’eau, l’air, les paysages. Si le projet du ministre de l’agriculture permet une mobilisation en ce sens pour combiner production et réponses aux besoins alimentaires en qualité et en quantité, avec les nouvelles exigences environnementales et de santé, un pas serait franchi vers une économie plus respectueuse de l’environnement, de la santé humaine et la revitalisation de nos territoires.
Cependant, il reste deux lourdes questions sur lesquelles je débats avec le ministre. D’abord, comment vanter un possible nouveau modèle agro-écologique français alors que les traités européens obligent à la liberté totale de circulation des marchandises, c’est-à-dire à l’augmentation d’importations de produits agricoles ? Celles-ci sont produites à partir de destructions d’espaces naturels, pourtant vitaux pour l’humanité, en Asie ou en Amérique du Sud, transportées par avion ou bateau qui ont des effets négatifs pour l’environnement. D’autre part, arrivent sur nos territoires des denrées agricoles et alimentaires bourrées de pesticides divers ou autres médicaments pour les animaux. Autant de produits obtenus à partir de normes environnementales bien plus faibles que les nôtres. De surcroît, ils arrivent sur notre territoire souvent à des prix de braderie. Il est par exemple interdit de produire du maïs ou du soja génétiquement modifiés ici, alors que nous en importons à tout va. Ce qui rend la plupart du temps incompréhensibles les tracasseries faites ici aux producteurs. Il faudrait donc bien affronter ces enjeux, sans quoi tout effort fait ici sera annihilé par la loi de l’argent et de l’économie marchande capitaliste.
L’autre enjeu décisif, manquant dans le projet du ministre, est celui de l’être humain au travail et de la rémunération de celui-ci. Les travailleurs de l’agriculture souffrent aujourd’hui, à un point qu’on imagine peu. Ceci se passe dans un silence assourdissant. Si on consacrait autant de temps d’antenne aux souffrances des paysans, à la dureté de leur vie, qu’il y en a sur les frasques de M. Depardieu, cela provoquerait surement un sentiment de révolte. La pression vient des banques, de la baisse des prix, de l’insécurité face à l’avenir, et encore plus de l’insécurité pour les enfants qui bien souvent ne pourront pas reprendre un capital accumulé par des générations de paysans, qui lui-même se dévalorise aujourd’hui. Voici une des questions essentielles qui devrait être à l’ordre du jour, dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune en cours.
Celle-ci ne prévoit pas d’instrument de sécurisation de prix stable, garanti et rémunérateur du travail agricole. Le gouvernement, en lien avec le mouvement syndical et rural paysan doit agir avec plus de fermeté pour un projet nouveau de création de prix minimum, assurant un revenu pour une quantité moyenne de production et pour négocier de nouveaux systèmes de protection aux frontières, se combinant avec l’invention de nouveaux mécanismes de coopération internationale, respectueux de la possibilité pour tous les paysans et les peuples à produire pour se nourrir eux-mêmes. Ce sont sans doute des volets indispensables au projet « produisons autrement ».
15/01/2013
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merci pour ce billet. une des dernières choses qui me donne un peu d’espoir en termes d’alimentation c’est ceci …
http://maviedurable.org/2013/01/17/des-potagers-dinterieur/