Pour l’honneur des Kurdes et le nôtre

le 15 octobre 2019

Des Kurdes syriennes font le V de la victoire pendant une manifestation contre les menaces turques dans la ville de Ras al-Aïn (AFP)

La lâche décision de « l’égocrate » de la Maison Blanche de quitter le Kurdistan syrien pour laisser les mains libres au non moins « égocrate » d’Ankara affecte douloureusement tous les démocrates et partisans de la paix.

Avant d’être fragilisé dans les urnes avec la perte des villes d’Ankara et d’Istanbul, le despote turc s’était déjà livré à l’embastillement de dizaines de milliers d’opposants et de parlementaires dont ceux du Parti démocratique des peuples et leur coprésident Selahattin Demirtas.

Le voilà qui exerce un odieux chantage à une invasion de réfugiés, exercé contre une Union européenne peureuse et objectivement complice d’une dérive dictatoriale. Il a désormais toute latitude pour enfreindre le droit international, prendre possession d’une partie du territoire syrien et mener une guerre de nettoyage ethnique contre les populations kurdes. Il faut arrêter cela !

Les paroles sans actes, les moulinets diplomatique ici et dans toute l’Europe n’y suffiront pas. Comment la France – et quelques autres – peut-elle être crédible en restant affiliée à la même organisation militaire, l’OTAN, sous commandement nord-américain ? Elle se retrouve au cœur d’un paradoxe : être à la même table que les bourreaux des Kurdes en prétendant les défendre. Quel cynisme ! La logistique de l’Otan, les accords commerciaux et militaires avec la Russie, encouragés par la pusillanimité européenne, constituent un faisceau d’intérêts, de connivences et de veulerie protégeant M. Erdogan et son ambition impérialiste.

Abandonner lâchement les kurdes qui, sur le terrain, ont été parmi les meilleurs artisans des défaites de Daesh, revient à redonner du souffle à cette bête fascisante, voire à créer des jonctions entre les différents groupes djihadistes de la région couvés par le régime turc. Avec le double risque d’une guerre d‘extermination et d’une emprise nouvelle du fondamentalisme barbare au Moyen-Orient. Les propos d’Erdogan appelant à transférer dans le Rojava des millions de réfugiés syriens au sein desquels se trouveront sans aucun doute des fractions islamistes violemment hostiles aux populations kurdes ne sont pas que des avertissements. C’est bien du nettoyage ethnique d’un peuple qui s’est construit aux sources du Tigre et de l’Euphrate depuis des siècles dont il est aujourd’hui question et auquel auraient à répondre les puissances occidentales.

Les kurdes forment un peuple uni par une langue, une culture, une identité forgée dans l’adversité de 40 millions d’individus éclatés dans quatre pays. Victimes continues de l’impérialisme ottoman, ils sont parvenus à la faveur des deux guerres mondiales à créer leur propre état, détruit à plusieurs reprises par l’action complice de puissances régionales qui n’ont jamais manqué d’exercer sur eux une féroce oppression. Animés par un désir farouche de liberté et d’égalité, ils ont pour la plupart épousé l’espérance émancipatrice du communisme. Cet héritage les pousse aujourd’hui à réclamer plus d’autonomie et la reconnaissance de leurs droits culturels, sociaux et politiques. Des droits qu’ils mettent au service d’une conception progressiste de la société. Ce sont elles et eux qui inventèrent sur cette terre marquée par le despotisme, le tribalisme et le féodalisme un modèle politique égalitaire, démocratique, anticapitaliste et féministe exemplaire.

Laissés seuls face à leur pire ennemi, ils n’ont pour l’heure que leur courage et leur combativité à faire valoir. La Russie semble plus occupée à garantir ses propres intérêts et nul n’a oublié les assauts djihadistes couverts par Vladimir Poutine contre les populations kurdes à Afrin. C’est pourtant cette Russie qui, avec d’autres puissances, dont la France, pourrait se porter garante de la sécurité des populations kurdes.

Dans l’immédiat, la France et l’Europe se doivent de multiplier les actions pour obtenir une zone d’exclusion aérienne et mobiliser une force internationale, sous l’égide des Nations-Unies, de protection de la frontière et du peuple kurde. Rien ne doit être négligé pour empêcher Erdogan de creuser la tombe des kurdes.


1 commentaire


alain harrison 20 octobre 2019 à 6 h 13 min

Bonjour.

Le même modus operandi décliné en autant de stratégies selon les régions du monde.

18 octobre 2019
Le Venezuela entre au Conseil des droits de l’homme de l’ONU
Appuyé par 105 pays, Maduro choque gravement Le Monde
Vladimir MARCIAC
Vous n’êtes pas de l’espèce des poissons rouges qui auraient oublié que Maduro était condamné naguère par la « communauté internationale » ?
Celle-ci reconnaissait, nous disait-on, le putschiste Juan Guaido comme le président légitime du Venezuela. Vous ne pouvez pas l’avoir oublié car les médias l’ont martelé.
Le Grand Soir

Sur les droits de l’Homme Monde versus Lemoine.

Le Monde:
INTERNATIONAL
VENEZUELA
Le Venezuela entre au Conseil des droits de l’homme de l’ONU
Le vote intervient après la création d’une commission sur les exécutions extrajudiciaires.
Par Carrie Nooten Publié le 18 octobre 2019 à 11h04 – Mis à jour le 18 octobre 2019 à 12h41
Le Monde.

Réponse: Maurice LEMOINE

18 octobre 2019
“Droits-de-l’homme-au-Venezuela” : aux “sources” de la désinformation, par Maurice Lemoine
Maurice LEMOINE
Le Grand Soir

Incroyable, les perversités des ONG, des médiats occi… et même de certains gauchistes respectés (que je ne nommerai pas ici,parce que je ne suis pas au parfum comme certains le sont, mais les controverses finissent par noyer les bonnes volontés dont je crois faire parti)
Mais sautons dans le vif du sujet.

19 octobre 2019
En Équateur, l’insurrection populaire a été vaincue.
Attilio BORON
ATILIO BORÓN : En Équateur, l’insurrection populaire a été vaincue. 16/10/2019 “….ce qui s’est réellement passé, c’est une défaite de l’insurrection populaire, dont l’énorme sacrifice a été offert sans rien de concret en échange. Et, pour couronner le tout, à une fausse table de négociations…”
Le Grand Soir

Ce qui s’apparente à toutes les tactiques perverses du capitalisme fasciste (un pas vers le nazisme : l’un est informelle, l’autre est pragmatique, calculé…….).

Et Macron est sur le chemin d’une nouvelle consolidation du système libéral-capitaliste sauvage.
N’oublions pas que la crise de 2008 et l’après n’a été qu’une consolidation managériale du système financier ($US).
Les BRICS sont-elles en mesure de renverser la vapeur, et d’initier un nouveau paradigme économique ?
Je crois que cette question devrait être posée parmi les nombreuses plates-formes de la Constituante Citoyenne Souveraine.

Mais, pour revenir à un parallèle entre les diverses tactiques perverses pour renverser les gouvernements progressistes (à connotation socialiste, plutôt modéré),que ce soit le cas de l’Équateur (l’article-ci), l’emprisonnement de M. Lula, la trahison magistrale de Mm. Bachelet (Michelle Bachelet Haut-Commissaire aux droits de l’homme …) pour nous remettre en tête l’étendue des faux gauchistes qui noyaute la gauche. Pensons à la Grèce, Hollande et j’en passe. Y paraît que le gouvernement de Macron est à gauche.
Faut le faire. Ce parti de “gauche”, ni de droite ni de gauche. Le lavage de cerveau a atteint des sommets décidément.

Donc, pour faire le ménage et mettre un frein à l’infantilisation des peuples, la Constituante Citoyenne Souveraine ne serait-elle pas l’instrument approprié. La Constituante est un outil. Le nouveau pacte social et le nouveau paradigme économique aussi.
Comment combattre l’infantilisation qui a gagné les classes moyennes (le consumérisme….) ? Par l’auto-éducation et les prises de conscience sur notre condition humaine (notre société est le milieu qui doit aussi être remis en question). La Constituante est peut-être le premier pas ?

Krishnamurti : la liberté n’est pas à la fin, elle réside dans le premier pas.

La liberté exige la responsabilisation, l’intégrité (et non le girouettisme) et l’honnêteté intellectuelle.

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