Ne laissons pas la République pourrir par la tête !

le 22 juillet 2010

Au fur et à mesure que se déroule la nauséabonde pelote de ce que l’on appelle désormais l’affaire « Woerth-Bettencourt » se déchire pour des millions et des millions de nos concitoyens un voile épais. Celui dont ils se doutaient depuis longtemps sans doute, mais sans vouloir y croire vraiment. Des liens si étroits, une connivence jusqu’à la consanguinité entre de puissants milieux d’affaires et le pouvoir sarkozien. Il y a dans ce scandale des symboles forts rassemblés.

C’est la première fortune de France, Mme Bettencourt qui gagne le SMIC toutes les trois minutes qui est au cœur d’une polémique digne d’une république bananière. Elle dispose d’un gestionnaire pour gérer son argent. Celui-ci agit au travers de multiples sociétés. Dans l’une d’elles exerce le mari de la fille de Mme Bettencourt. Celle-là même qui l’accuse de ne plus disposer de toutes ses facultés pour… s’occuper de son argent. On se demande pourquoi cette fille attaque ainsi sa mère ! Pour qui agit-elle ? Et dans l’une de ses autres sociétés, il y avait aussi l’épouse de l’ancien Ministre de l’argent, embauchée à la demande de son mari. Ce mari de Ministre faisait il y a un an des déclarations tonitruantes contre les paradis fiscaux, l’évasion fiscale, pendant que sa dame avait pour mission de placer la fortune de Mme Bettencourt de telle sorte que le magot puisse grossir en dormant justement grâce à l’évasion fiscale et aux paradis fiscaux. Toutes ces choses que dénonçait violemment le Président de la République lorsqu’il s’était soit disant mis en tête de « moraliser le capitalisme ». Au détour, on découvre que Mme  Bettencourt versait beaucoup d’argent aux forces politiques chargées de porter Monsieur Sarkozy au pouvoir suprême. D’ailleurs Mme Bettencourt était inscrite au club très huppé des donateurs qui se rendaient régulièrement à l’hôtel Bristol situé à deux pas de l’Elysée, baptisé « le premier cercle ». Ils se réunissaient à la demande de… M. Woerth. Et maintenant voilà qu’apparaît l’existence d’une multitude de partis de poche sans adhérents, dont la seule fonction est de collecter auprès de privilégiés de la fortune des fonds pour leur responsable, dont une bonne partie de membres du gouvernent. Le ministre du chômage vient ainsi d’être pris la main dans le sac à faire la quête auprès de financiers à … Londres. Tout ceci est légal nous dit-on ! C’est à voir. La seule question politique qui vaille est la suivante : dis moi qui te finance, je te dirais exactement qui tu sers. De fait, pour ne prendre que cette contre-réforme des retraites, les salariés seraient mis à contribution pour plus de 40 milliards d’euros, quand les privilégiés de la fortune ne participeront que pour 4 milliards. Le pouvoir sarkozyste a créé vingt deux taxes et prélèvements supplémentaires sur les familles quand il inventait ce bouclier fiscal qui a permis à cette même Mme Bettencourt de recevoir un chèque de 30 millions d’euros. Autant d’argent qui manque à l’école, aux hôpitaux, aux transports publics. Et pour parfaire l’injustice, on apprend maintenant qu’une députée UMP demande une augmentation de la CSG pour les retraités et la souscription d’une assurance dépendance.

C’est l’ostensible et violente politique de classes du pouvoir sarkozyste. Le Président de la République a fait sa campagne présidentielle sur le thème de la valeur Travail pour mieux camoufler son service aux privilégiés et pour faire basculer la France dans un ultra libéralisme échevelé jusqu’à renier les valeurs humaines de gaullisme. Certains parlent de nécessaire remaniement ministériel. C’est pour mieux camoufler ces données fondamentales et appeler à baisser la garde sur un enjeu de fond posé au peuple en son entier. Le régime sarkozyste est en train de pourrir par la tête. Mais se pose désormais la question de dépasser le système capitaliste financiarisé. Car il y a eu remaniement ! Le jour où M. Woerth s’est vu confier la tâche de démolir le système de retraite, en commençant par reculer l’âge de la retraite avec le projet d’aller à terme vers un système privé de retraite par capitalisation. L’enjeu est si important qu’ils ont décidé d’en faire « le marqueur » du quinquennat au service des marchés financiers. La politique de super austérité qui se prépare vise le même objectif. L’unité populaire dans l’action est donc plus que jamais indispensable pour faire reculer cette ultra droite. Ajoutons que les institutions de la République sont malmenées quand le pouvoir demande à l’administration fiscale de devenir contrôleur et contrôlé dans le dossier Woerth ; quand le procureur de Nanterre fait une enquête sous son seul contrôle et celui du ministère de la justice. Au bout du compte, la crise de la politique peut dégénérer en crise politique et institutionnelle grave. Il n’y a pas d’autre moyen de clarifier la situation sans réunir d’urgence une commission d’enquête parlementaire, de saisir si nécessaire la cour de justice de la République et de nommer un ou des juges d’instruction pour procéder à une ou des enquêtes. En même temps, l’exigence d’un grand débat public sur les retraites comme enjeu de civilisation doit monter avec force. A l’issue de ce débat, le peuple doit pouvoir donner son opinion par référendum. Autant de décisions politiques qui clarifieraient l’exécrable situation actuelle. Nous en appelons à la raison et à la justice. La France n’appartient pas a ces gens là. Il ne faut pas laisser la République pourrir par la tête.


0 commentaires


françois plet 22 juillet 2010 à 6 h 45 min

entièrement d’accord avec cet article, à un “détail” ( je mets des guillemets…..) près : il semble que les 30 millions remboursés à Madame Bettencourt ne concernent qu’une seule année, le total sur 4 ans étant de 100 millions…..
et me revient alors avec force la conviction de la nécessité absolue d’un projet politique pour notre pays , qui pour moi est le Front de Gauche ; sinon on court un risque à mon avis loin d’être négligeable : la récupération par l’extrême droite d’un écoeurement général, sous la forme du “tous pourris”

Patrick Albert 22 juillet 2010 à 7 h 42 min

Avant d’en appeler à un grand débat public sur les retraites et un référendum, il faut exiger que le retrait du projet de contre-réforme des retraites Woerth-Sarkozy.

MAHE Corinne 27 juillet 2010 à 17 h 08 min

…. et exiger des syndicats et des partis qu’ils refusent de discuter sur cette base.

surmely alain 22 juillet 2010 à 17 h 10 min

Sortir de la sarkozie par le haut

Merci à vous cher M.Le Hyaric de défendre cette chose que nous avons en partage,la res publica,car le fond de l’affaire c’est effectivement que la France ne leur appartient pas.Que peut et doit faire la gauche et,au-delà le rassemblement politique en rupture avec la sarkozie,pour sortir du capitalisme dérèglementé et financiarisé?Car c’est là le coeur du problème révélé de façon fracassante par cet affairisme.La question de l’alternative(à mon avis mal incarnée voire pas incarnée du tout par des gens comme MM.Strauss-Khan et Moscovici qui sont plutôt les continuateurs voire les sauveurs de ce système)est hautement politique.Elle suppose des alliances,les plus larges possibles,pour rompre avec cet ultra-libéralisme.Ces forces politiques existent sur l’échiquier politique-pas sous la forme de partis de poche comme vous le dites fort justement-mais la situation idéologique(et donc politique) est un peu enchevêtrée.Certains enjeux doivent être éclairés.Des connivences(pas seulement pécunières mais aussi idéologiques)doivent être éclairées d’une lumière crue s’il le faut(M.Strauss-Khan à la tête du FMI,M.Pascal Lamy à la direction de l’OMC,M.Didier Migaud présidant la Cour des comptes…etc).Toutes les formes d’ « arrosage politique »-un peu à la façon de feu M.Bettencourt- doivent être dûment mis en lumière,sans complaisance vis-à-vis de prétendus « amis »,ni renoncement à ce qui fait le sens et l’honneur de la Politique.En revanche,certains experts ou personnalités politiques comme MM.Jean-Luc Gréau et Dupont-Aignan sont bien plus proches des positions politiques que vous défendez que celles des tenants du social-libéralisme(minoritaires si l’on en croit certains dirigeants du PS mais ayant une voix prépondérante de toute évidence).Ce capitalisme,et je dis bien ce capitalisme,c’est-à-dire le capitalisme hautement financiarisé, fondé sur le marché dérégulé,est mortel pour le travail(dont la valeur aurait été restauré !!?) et les travailleurs,l’économie réelle,pour la Politique,pour les droits des gens(sociaux,humains..etc), les services publics,le civisme,la bonne gestion des finances publiques.Ce capitalisme débridé qui nous envoie presque tous dans le mur est incarné aujourd’hui par la sarkozie.

Or nous sommes majoritaires dans le pays à ne plus en vouloir.C’est à vous,les représentants du peuple,les élus,les responsables politiques,qu’il revient de former les alliances politiques nécessaires pour en sortir.Ce n’est pas facile mais si l’on prend conscience de la gravité de la situation actuelle c’est possible,sur des objectifs communs a minima(parmi lesquels la rupture avec CE capitalisme mis en échec,qui plus est,par ces marchés financiers c’est-à-dire victime d’une sorte d’implosion).On se devra même,peut-être,d’envisager un gouvernement d’Union nationale ou quelque chose dans ce style.Pour vous faire part de mon sentiment de citoyen(non sondé),militant associatif depuis de nombreuses années,fidèle électeur de gauche,je ne voterai pas pour M.Strauss-Khan si ce représentant(ou un autre)du social-libéralisme représentait aux élections futures l’ « alternative politique ».L’exemple britannique ou celui de la Grèce devrait amplement suffire pour étayer mon propos.En revanche,je ne serais pas hostile à M.Dupont-Aignan.Parce que l’enjeu n°1 est économique(rôle de la puissance publique,des services publics,de la place de la finance dans l’économie,le recours à un protectionnisme social et écologique,la nationalisation du crédit,le statut des banques centrales,la validité des traités européens,la réindustrialisation).Maintenant il faut rompre avec certains consensus,avec une idéologie dominante,avec une « pensée unique »(quelques exemples :le libre-échange monétarisé est porteur de démocratie,l’absence de règles dans la vie économiques profite à la vie économique et aux sociétés,la financiarisation à toute vapeur de l’économie crée de la prospérité et enrichit les sociétés humaines) qui,en apparence rassemblent les gens,alors qu’ils clivent énormément.Le reste n’est que diversion ou manœuvre dilatoire.Beaucoup sont prêts à apporter leur contribution à ces nouvelles et larges alliances dans la perspective d’une alternative politique et non d’un miracle en 2012.Parce qu’il y a urgence économique et politique.Parce qu’il faut sortir de l’impasse.

poidevin michèle 23 juillet 2010 à 0 h 57 min

Quand la tête pourrit,l’Homme meurt .C’est ce que nous vivons: la chronique ,annoncée par vous même et ceux qui luttent pour que la société donne ,à chacun la chance de vivre un monde meilleur, de la MORT de la République;Il ne s’agit même plus de dénoncer le capitalisme-ce fondement de nos sociétés dont la valeur suprême: le profit conduit à toutes les dérives-mais de rétablir les valeurs de notre républque qui furent chantées par Goethe.
Egalité:aucun de nos dirigeants n’en connaît le sens ;les pauvres s’appauvrissent les riches s’enrichissent;les services publics sont kidnappés au bénéfice (et,je ne fais pas de jeu de mot) des multinationales qui nous font les poches avec l’approbation du gouvernement et ne participent d’aucune sorte à la croissance du PIB;ils exploitent notre force de travail et certains de nous dorment dans leur voiture,incapables de s’offrir un toit .Mais Monsieur ,lui, se paie un avion avec piscine et salle de conférence avec l’argent qu’il détourne et qui devrait contribuer au Bien commun…Pauvre France!
Liberté:les médias sont aux mains de ces mêmes groupes financiers ;c’est ainsi qu’ils nous ont seriné:l’allongement de la durée de la vie implique celle de la durée du travail;je sais bien que travail veut dire torture en grec ,quelle impudence!l’omerta sur les actions menées par notre Parti démontre qu’ils nous ressentent comme une menace.Le PS ,s’il remettait en cause leur système ,leurs basses manoeuvres ,n’aurait pas antenne ouverte sur toutes chaînes confondues.Il s’en est fallu de peu que le juge d’instruction ne soit supprimé ,seul rampart qui assure l’indépendance du judiciaire et de l’exécutif;la riposte a payé. Heureusement,car l’affaire Worth-Bettencourt n’aurait pas connu les développements actuels et ce n’est pas fini, je pressens l’implication de personnages haut placés?
Fraternité :pas d’entraide,mais sécurisation débridée qui mène à une méfiance de toutes et de tous.Concurrence et la solidarité ?La reconnaissance de mon alter -ego fondait la société des lumières.Ils nous confisquent notre République; mais la colère monte ,l’individualisme ,valet du capitalisme sera supplanté par le respect d’Autrui l’écoute et le partage.
L’Heure arrive: l’unité dans la lutte contre ce régime de favorisés fera advenir un monde nouveau.Soyez en certains,alors combattons dans l’Unité;le Front de Gauche est m’artisan d’un monde plus juste.

berni 8 août 2010 à 23 h 06 min

Et pourquoi ne pas nationaliser les possesssions de cette dame tres tres riche (en fait beaucoup trop riche) afin d’améliorer la qualité des services publiques aux citoyens lambdas? Qu’est ce qui raisonnablement pourrait empecher le peuple d’améliorer son bien etre?

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